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Société - Social

Les institutions sociales étranglées par la BDL et les banques privées

Le ministre des Affaires sociales adjure le gouverneur de publier les circulaires obligeant les banques à ne plus plafonner les retraits des associations.

Les institutions sociales étranglées par la BDL et les banques privées

Le rassemblement devant la Banque du Liban. Photo fournie par Acsauvel

« On nous étouffe ! » Marie F., responsable pédagogique de l’école pour enfants à besoins spéciaux de l’association Acsauvel (Metn), assure qu’elle « n’en peut plus ! ». Aux fonds virés par le ministère des Finances, au titre des allocations du ministère des Affaires sociales, un plafond de retrait de 8 millions de livres par mois a été fixé. Mais ce n’est pas tout. Ces fonds sont échelonnés sur quatre semaines !

Acsauvel, précise la responsable, vient d’essuyer les départs d’une orthophoniste, de la psychologue en titre, et fait face à l’imminent départ de l’une de ses éducatrices. Assurant « parfaitement comprendre » les motifs de ces départs, elle ajoute : « Je vois tous les jours sur internet des demandes de recrutement de personnel paramédical, orthophonistes, psychomotriciennes, éducatrices spécialisées. Nos diplômes sont très valorisés et demandés dans les pays arabes et au Canada. » La responsable d’Acsauvel et des centaines d’éducatrices et d’éducateurs accompagnés des enfants et personnes à charge se sont rassemblés hier matin devant le siège de la Banque du Liban, pour protester contre le traitement que leur réservent la BDL et les banques privées, qui paralysent leur mission et forcent certaines d’entre elles à licencier leur personnel, voire à fermer leurs portes.

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Se mêlant à la foule, le ministre des Affaires sociales du gouvernement sortant, Hector Hajjar, a joint son indignation à celle des manifestants, dénonçant directement dans une harangue les fausses promesses à l’adresse des institutions du gouverneur de la BDL Riad Salamé.

Répondant à une circulaire publiée la veille par ce dernier, M. Hajjar a réitéré devant les journalistes présents ce qu’il avait déjà rédigé dans une mise au point publiée le matin : « L’engagement pris par la Banque du Liban hier soir de régler 40 % des redevances en espèces dues aux organisations caritatives pour l’année 2021 est un engagement de principe. Nous invitons le gouverneur à le traduire dans les faits et à confirmer formellement cette décision en émettant les circulaires nécessaires à sa mise en œuvre (par les banques privées). »

Les enfants d’Acsauvel manifestent. Photo fournie par Acsauvel

Cent dollars et un million de livres

Présente à la manifestation du matin, sœur Zahiya Frangié, une religieuse de la congrégation des Filles de la Charité, par ailleurs présidente du Conseil national des services sociaux, s’indigne. En charge de 165 enfants, entre orphelins et cas sociaux, l’association qu’elle dirige à Ajaltoun (Kesrouan) « vit sur 100 dollars frais et un million de livres libanaises par mois », assure-t-elle. « Les arriérés de 100 millions de livres que le ministère des Affaires sociales nous devait pour l’année 2020 ont été certes virés sur notre compte bancaire. Mais ce montant a déjà perdu une grande partie de sa valeur, et avec cela, il nous faudra au moins un an pour les toucher ! » précise-t-elle.

Selon sœur Zahiya, les personnes prises en charge dans tous les domaines de l’assistance sociale sont, selon les années, entre 46 000 et 50 000, et le nombre de personnes qui les servent et émargent sur les bordereaux de ces associations se situe entre 23 000 et 25 000.

« L’une des plus grandes institutions prenant en charge des enfants trisomiques, Sesobel, vient d’être assommée par le départ de 48 membres de son personnel administratif et éducatif », nous confie le ministre Hector Hajjar, qui trouve « ridicule » le plafond de 2 millions de livres qu’imposent les banques aux retraits hebdomadaires en livres libanaises. « Savent-ils qu’une livraison d’eau revient aujourd’hui à 1,8 million de livres ? », ajoute-t-il. « Les quelques centaines de milliers de livres réglées ne suffisent même pas à couvrir la facture du téléphone portable ! » renchérit le ministre.

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M. Hajjar dénonce en outre le harcèlement bureaucratique auquel sont soumises les institutions en question, sous prétexte qu’il en existe de « fictives ». « Les choses en sont arrivées au point qu’il faut, dans chaque institution, trois ou quatre employées dont le travail consisterait à répondre aux exigences de vérification imposées », assure-t-il.

La mise au point du ministre s’est accompagnée de trois autres demandes qui reflètent bien les difficultés auxquelles font face les institutions à vocation sociale, et dont il affirme avoir discuté en personne au cours d’une longue séance d’explication au domicile du gouverneur.

Paiement des salaires domiciliés

La mise au point ministérielle résume ces revendications comme suit : le paiement des salaires domiciliés dans les banques directement à partir des virements de fonds du ministère, la levée de toutes les restrictions aux retraits des fonds d’argent frais virés aux institutions par des donateurs étrangers et l’octroi de facilités spéciales à ces institutions en ce qui concerne le plafond des retraits d’argent en « lollars » (dollars convertis en livres à un taux moyen fixé par la BDL).

« En conséquence, conclut la mise au point, nous continuons à soutenir les mouvements de protestation jusqu’à ce que ces revendications soient satisfaites. »

« On nous étouffe ! » Marie F., responsable pédagogique de l’école pour enfants à besoins spéciaux de l’association Acsauvel (Metn), assure qu’elle « n’en peut plus ! ». Aux fonds virés par le ministère des Finances, au titre des allocations du ministère des Affaires sociales, un plafond de retrait de 8 millions de livres par mois a été fixé. Mais ce...
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