
Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, à Meerab, le 25 décembre 2021 . Photo Joseph EID / AFP
Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a assuré, mercredi, qu'"il est impossible qu'un nouvel accord de Meerab soit conclu pour faire parvenir le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, à la présidence" lors de l'élection prévue en octobre 2022, dans une référence à l'accord FL-CPL qui avait porté Michel Aoun à la tête de l'Etat en 2016.
Alors que les tensions entre les deux formations chrétiennes sont à leur comble, M. Geagea a critiqué une énième fois l'alliance du CPL et du Hezbollah, estimant que ces deux partis ont "conduit les Libanais en enfer". Il a également affirmé vouloir présenter des candidats dans toutes les régions libanaises aux élections législatives de mai 2022, et miser sur le soutien des électeurs sunnites.
"Nous sommes tombés dans le mal"
"Il est impossible qu'un nouvel accord de Meerab soit conclu pour faire parvenir Gebran Bassil à la présidence", a dit le leader maronite lors d'une entrevue sur la chaîne "Skynews Arabia", insistant sur le fait que l'entente de 2016 avait été conclue en fonction des circonstances de l'époque. "A chaque étape, ce dossier était lié au projet de libération du pays des projets du Hezbollah, mais les circonstances ont évolué dans le sens contraire", a expliqué M. Geagea, le CPL et le parti chiite pro-iranien étant devenus des alliés étroits opposés aux FL. "Nous avions pris une décision du +moindre mal+, mais nous avons découvert que nous sommes tombés dans le mal", a-t-il regretté.
M. Geagea a évoqué, par ailleurs, une éventuelle candidature à la présidentielle. "Le chef des FL est actuellement celui du plus grand parti maronite, et le chef d'un des plus grands partis libanais. Il est donc normal qu'il soit candidat à la présidentielle", a-t-il affirmé, assurant toutefois qu'il ne sera jamais "un candidat traditionnel ou classique".
"Avant de parvenir à la présidence de la République, il faut parvenir à la République", a-t-il ajouté, dans une critique du mandat du chef de l'Etat actuel, son rival Michel Aoun. Selon lui, "le président de la République qui rampe, fait volte face et change de position, n'est pas un président de la République (...) Ce qui se passe aujourd'hui au Liban, en est la plus grande preuve".
A l'approche des législatives, le chef des FL a soutenu, par ailleurs, que "la majorité sunnite est (son) alliée au niveau populaire plutôt qu'à celui de ses dirigeants", assurant qu'il y aura un accord avec "tous ceux qui partagent (ses) propositions". "Le peuple libanais est désormais conscient, il a démasqué le CPL et le Hezbollah, et compris comment agit cette classe politique. Il connaît les corrompus", a-t-il précisé, ajoutant que son parti présentera des candidats "partout dans le pays, avec un programme clair, afin de sauver le Liban", et soulignant la nécessité que les élections de mai prochain aient lieu dans les délais prévus.
Les Libanais espèrent, en effet, que les législatives provoquent un changement dans le pays, paralysé depuis plus de deux ans par la pire crise socio-économique et financière de son histoire contemporaine, au moment où une importante tranche de la population accuse la classe au pouvoir d'incompétence et de corruption.
"Enfer et isolement" du pays
M. Geagea est revenu, une nouvelle fois, à la charge contre le Hezbollah et le CPL, estimant que leur alliance est nuisible au pays. Il a fait valoir que le secrétaire général du Hezbollah "Hassan Nasrallah veut enfouir le peuple libanais toujours plus profondément et le mener davantage vers l'enfer dans lequel lui et le CPL l'ont conduit, consacrant davantage l'isolement du pays et bloquant certaines aides qui parviennent toujours au Liban", a-t-il regretté.
Selon le leader des FL, la présence "du Hezbollah n'a jamais été en faveur de l'intérêt supérieur du Liban mais bien dans celui du wilayat al-faqih", dans une critique à l'Iran islamique et à l'implication de ce parti pro-iranien dans certains conflits régionaux comme en Syrie et au Yémen. Interrogé au sujet du groupe terroriste Etat islamique (EI), M. Geagea a affirmé que celui-ci "n'est pas présent" au Liban, et que "nous n'avons pas besoin du Hezbollah pour défendre le Liban face à Daech" (acronyme de l'EI). "Tout danger s'estompera quand ils (le Hezbollah) laisseront l'Etat libanais se redresser et les forces de sécurité représentées par l'armée agir", a-t-il déclaré.
Commentant enfin les tensions diplomatiques avec les pays du Golfe, le chef des FL a souligné la nécessité de rétablir les liens avec ces monarchies, notamment l'Arabie saoudite, avec laquelle son parti entretient des liens étroits.
Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a assuré, mercredi, qu'"il est impossible qu'un nouvel accord de Meerab soit conclu pour faire parvenir le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), Gebran Bassil, à la présidence" lors de l'élection prévue en octobre 2022, dans une référence à l'accord FL-CPL qui avait porté Michel Aoun à la tête de l'Etat en 2016.Alors que...
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Il ne faut pas oublier que Samir Geagea a appuyé la candidature de Michel Aoun à la présidence après s'être rendu compte que lui-même n'avait plus de chance d'être élu président et après la rencontre entre Saad Hariri et Soleïman Frangié à Paris dont le but était d'élire ce dernier, qui se considère le frère de Bachar Al-Assad, à la magistrature suprême. Cet appui de Geagea à Aoun dans la foulée de leur réconciliation à Maarab en 2016 était d'ailleurs très bien accueilli chez les chrétiens. Plutôt que de blâmer Geagea pour cet appui à Aoun, on devrait demander à ce dernier pourquoi il a renié les principes qu'il défendait. Pour ce qui est de Berri, il ne faut pas oublier non plus que les députés FL ne l'ont pas élu pour un nouveau mandat lors des dernières élections de présidence du parlement.
Youssef Najjar
23 h 34, le 08 janvier 2022