Le président du Parlement, Nabih Berry, a affirmé mercredi être prêt à "se rendre à pied au palais de Baabda" pour s'entretenir avec son rival politique, le chef de l'Etat, Michel Aoun, s'il perçoit "des signes positifs pour résoudre la crise" au Liban, où le gouvernement ne s'est plus réuni depuis deux mois sur fond de rivalités politiques. Le président de la Chambre a également affirmé que les élections législatives du printemps 2022 "se tiendront dans les délais constitutionnels", alors que la date du scrutin n'a toujours pas été fixée, même si la date du 27 mars a été approuvée par le Parlement.
"Signes positifs"
"Je suis prêt à me rendre à pied au palais de Baabda pour rencontrer le président de la République, Michel Aoun, si je vois des signes positifs pour trouver une solution à la crise que nous vivons", a-t-il affirmé, lors d'une réunion avec une délégation de l'Ordre des rédacteurs.
Les propos de Nabih Berry interviennent au lendemain d'un appel du président Aoun au gouvernement pour se réunir, malgré le boycott observé par les ministres chiites d'Amal et du Hezbollah. Les deux formations chiites s'opposent à l'enquête menée par le juge Tarek Bitar, qui poursuit dans le cadre de l'investigation des députés et ex-ministres de tous bords, dont certains affiliés à Amal. Ils refusent de prendre part aux réunions du cabinet de Nagib Mikati avant que cette question ne soit tranchée. Contrairement au président Aoun, M. Mikati préfère obtenir une entente politique élargie entre les différentes forces politiques, avant de réunir à nouveau son gouvernement.
Toujours dans le cadre de l'enquête sur l'explosion au port, Nabih Berry a demandé au président du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), Souheil Abboud, que "le Conseil qu'il préside ait un rôle dans l'affaire du juge Tarek Bitar", une manière implicite de demander que le magistrat soit écarté du volet politique de l'enquête pour ne poursuivre que les responsables sécuritaires et autres personnes suspectées d'être impliquées dans le drame.
Si le Hezbollah plaide pour une mise à l'écart du juge Bitar, le mouvement Amal appelle pour sa part à la mise en place d'une Haute cour chargée de juger les ministres et les présidents, ce qui est perçu par nombre d'observateurs comme une tentative de torpiller l'enquête.
Législatives
Nabih Berry a par ailleurs affirmé à ses visiteurs que "les législatives auront lieu dans les délais constitutionnels". Alors que le chef du mouvement Amal, soutenu par d’autres formations politiques, souhaite que les élections se déroulent le 27 mars, date approuvée par le Parlement, le camp aouniste préfère que le scrutin se tienne le 8 ou le 15 mai. Une querelle de clocher qui a fini par donner l’impression que toute cette mise en scène futile dissimule une volonté de reporter ou d’annuler l’échéance pour maintenir le statu quo, ou encore de conclure un marché politique autour de concessions sur la date du scrutin d'une part et l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth d'autre part.
Lundi, le ministre libanais de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a affirmé que les élections législatives se tiendront en mai 2022 et non pas le 27 mars, soulignant que le chef de l'Etat ne signera probablement pas le décret de convocation du collège électoral d'ici au 27 décembre, trois mois avant la date du scrutin comme le prévoit la loi.
Sur le plan régional, Nabih Berry a enfin estimé que "le Liban subit un blocus de la part des Arabes alors qu'Israël a réussi à débloquer ce même blocus" qui lui était imposé. Une pique lancée aux monarchies du Golfe, au moment où les relations entre le pays du Cèdre et ces Etats sont au plus bas, en raison d'une crise politico-diplomatique déclenchée fin octobre par des propos polémiques tenus par l'ancien ministre de l'Information Georges Cordahi sur le rôle de Riyad dans la guerre au Yémen. M. Cordahi avait fini par démissionner, mais la brouille n'a toujours pas été résolue.
commentaires (18)
S'il compte vraiment se rendre à pied, de Ain-et-Tiné à Baabda, et vu la vitesse avec laquelle il marche ces derniers temps, il y sera probablement à temps pour les prochaines élections législatives....
Georges MELKI
11 h 06, le 16 décembre 2021