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Politique - Le petit guide des législatives de 2022

6 vs 128 : les enjeux du vote des Libanais de l’étranger

6 vs 128 : les enjeux du vote des Libanais de l’étranger

L’abandon par le Parlement libanais de la disposition créant la nouvelle circonscription a été avalisé par les principaux groupes parlementaires, à l’exception notable du bloc du Liban fort. Image d’illustration Bigstock

La Chambre des députés a adopté lundi à une majorité plus que confortable un amendement de la loi électorale aux termes duquel les Libanais de l’étranger voteront, lors des prochaines élections législatives, prévues le 27 mars, pour les candidats qui se présentent dans les circonscriptions de la métropole. En vertu de cet amendement, chaque électeur inscrit dans une ambassade ou un consulat du Liban à l’étranger devra donc voter à partir de cette ambassade ou de ce consulat pour les sièges à pourvoir dans la circonscription où il a son registre d’état-civil. Par exemple, un électeur qui a son registre d’état-civil à Achrafieh et qui s’est inscrit avant le 20 novembre prochain à l’ambassade du Liban à Paris votera dans cette ambassade pour l’une des listes qui se présenteront dans la circonscription de Beyrouth I (Achrafieh, Saïfi, Rmeil, Medawar).

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Les dessous de la décision en faveur du vote des expatriés pour les 128 sièges

La loi de 2017, toujours en vigueur, prévoyait initialement que dans un premier temps, pour le scrutin de 2018, les Libanais de l’étranger soient soumis à cette même procédure, mais qu’au scrutin suivant, c’est-à-dire en 2022, ils doivent élire six nouveaux députés, à ajouter aux 128 de la métropole, dans le cadre d’une circonscription séparée spécialement créée pour eux. Les six sièges ainsi créés devaient être répartis paritairement sur les six plus grandes communautés libanaises : 1 maronite, 1 grec-orthodoxe, 1 grec-catholique, 1 sunnite, 1 chiite et 1 druze. Le Parlement devait donc se retrouver avec au total 134 sièges au lieu de 128, mais répartis toujours dans le respect de la parité islamo-chrétienne (67 sièges aux chrétiens et 67 aux musulmans).

L’exemple le plus courant d’un pays ayant adopté le principe de circonscriptions consacrées exclusivement à ses ressortissants inscrits à l’étranger est la France, qui dispose d’une douzaine de circonscriptions (selon le mode majoritaire uninominal : un siège chacune) répartis sur les cinq continents. Les Français du Liban votent ainsi pour les législatives françaises dans le cadre de la 10e circonscription des Français de l’étranger.

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Les Libanais de l’étranger affûtent leurs armes

L’abandon par le Parlement libanais de la disposition créant la nouvelle circonscription a été avalisé par les principaux groupes parlementaires, à l’exception notable du bloc du Liban fort, conduit par Gebran Bassil. Les milieux aounistes estiment qu’il existe désormais un droit acquis pour les Libanais de l’étranger dans la création de cette circonscription, mais la position de M. Bassil relèverait plutôt du calcul électoral. Le Courant patriotique libre doit probablement penser qu’un grand nombre de Libanais chrétiens qui ont quitté le pays ces deux dernières années, et n’ont donc pas profité de la manne clientéliste, vont pouvoir peser sur le scrutin dans les circonscriptions chrétiennes dans un sens favorable à ses adversaires, notamment au sein du mouvement de contestation. À condition bien entendu qu’ils s’inscrivent avant le 20 novembre. D’où la préférence du CPL pour une circonscription « éloignée » qui limiterait les dégâts.

Le choix du tandem chiite

À l’inverse, le tandem chiite a fini par se rallier à l’option du vote pour les « 128 » qu’il considère vraisemblablement comme un pis-aller. Le Hezbollah, en particulier, ne pouvant exercer auprès des électeurs installés à l’étranger la même influence que celle qu’il déploie dans ses fiefs au Liban, a voulu enterrer définitivement l’option des « 6 », parce qu’il se trouve qu’un certain nombre de pays abritant d’importantes communautés chiites libanaises, comme les États-Unis ou l’Allemagne, figurent parmi ceux qui incluent le parti de Hassan Nasrallah sur leurs listes noires d’organisations terroristes. Dès lors, on voit mal comment un candidat du Hezbollah destiné à être député représentant les Libanais de l’étranger pourrait faire campagne dans ces pays-là.

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Quel impact aurait un scrutin tenu le 27 mars prochain ?

Mais au-delà, le rejet de la circonscription des « 6 » est motivé par le fait qu’elle pénalise les formations politiques musulmanes, condamnées à se satisfaire au maximum d’un seul siège chacune (avec risque de mésentente entre Amal et le Hezbollah pour le siège chiite), alors que les deux grands partis chrétiens peuvent théoriquement ambitionner chacun d’avaler les trois sièges dévolus aux chrétiens.

La Chambre des députés a adopté lundi à une majorité plus que confortable un amendement de la loi électorale aux termes duquel les Libanais de l’étranger voteront, lors des prochaines élections législatives, prévues le 27 mars, pour les candidats qui se présentent dans les circonscriptions de la métropole. En vertu de cet amendement, chaque électeur inscrit dans une ambassade ou un...

commentaires (10)

Les émigrés (et les expatriés) savent très bien voter pour les candidats qu’ils désirent. Faut que chaque candidat déclare son programme et ses objectifs. Je trouve ridicule que l’on puisse dire que les émigrés ne sauront pas pour qui voter. Ces émigrés rentrent souvent au Liban, renvoient de l’argent à leurs familles, et ont toujours des liens au Liban, sans parler des biens qu’ils puissent posséder. Toute tentative de minimiser leur engagement est de mauvaise foi de la part des politiciens et des lecteurs qui prônent différemment.

Cedrus Fidelis

00 h 36, le 24 octobre 2021

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • Les émigrés (et les expatriés) savent très bien voter pour les candidats qu’ils désirent. Faut que chaque candidat déclare son programme et ses objectifs. Je trouve ridicule que l’on puisse dire que les émigrés ne sauront pas pour qui voter. Ces émigrés rentrent souvent au Liban, renvoient de l’argent à leurs familles, et ont toujours des liens au Liban, sans parler des biens qu’ils puissent posséder. Toute tentative de minimiser leur engagement est de mauvaise foi de la part des politiciens et des lecteurs qui prônent différemment.

    Cedrus Fidelis

    00 h 36, le 24 octobre 2021

  • LES EMIGRES DE 1975 ET APRES ONT TOUS QUITTE LES EXACTIONS COMMISES ET CHERCHER LE TRAVAIL ET LA SURVIE SOUS D,AUTRES CIEUX POUR SURVIVRE MAIS POUR AIDER AUSSI LE LIBAN OU ILS ONT DEPOSE TOUTES LEURS ECONOMIES QUE LES MAFIEUX ONT VOLEES. ILS ONT DONC DOUBLE RAISON DE VOTER POUR LES 128 ET DE DIRE LEUR MOT. ILS SUIVENT LA POLITIQUE ET L,ETAT DU PAYS BEAUCOUP MIEUX QUE LES RESIDENTS CAR ILS NE SONT PLUS SOUS L,EMPRISE D,AUCUN PANURGE ET NE FONT PAS PARTIE DES MOUTONS, ANES ET MULETS DE LEURS ETABLES. ET LE PLUS IMPORTANT PERSONNE NE PEUT ACHETER LEURS VOIX, CHOSE QUI AVEC LA PAUVRETE ET LA FAIM QUI FRAPPENT LES CITOYENS VA BATTRE SON PLEIN, PIRE QU,AVANT, DANS LES PROCHAINES ELECTIONS... SI IL Y EN AURA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    05 h 54, le 23 octobre 2021

  • Mais les émigrés ne sauront pas pour qui voter , car ils ne connaîtront pas les candidats de près comme le feront les résidents au Liban même ! Il aurait été de meilleur aloi de leur permettre de voter pour leurs propres représentants residents à l'étranger et capables de constituer un lobby des émigrés ! Le vote du dernier amendement a dilué le vote des émigrés dans la masse ! Il ne comptera logiquement pas ! Encore une fois , les petits calculs de Berri ont dévié les vraies réformes !

    Chucri Abboud

    20 h 24, le 22 octobre 2021

  • C'est très compliqué d'aller voter. La démarche est laborieuse. De plus nous sommes de plus en plus nombreux à être inscrit dans une "confession" supposée, et être en fait d'une autre. De nombreux catholiques maronites ou Grec-catholiques sont devenus latins, de nombreux melkites ne savent pas s'ils sont inscrits Grec-catholiques ou Grec-orthodoxes , d'autres musulmans se sont convertis au christianisme... J'ai plusieurs amis chiites qui ont reçu le baptême, certains d'entre eux continuent de se considérer communautairement chiites, vont à la messe, d'autres sont opposés au confessionnalisme et refusent d'être considéré autrement que libanais ou "franco-libanais" (qui est déjà une ethnie en Afrique). Dans les deux cas ils refusent de voter pour un candidat Amal ou Hezbollah. Il est probable que les quotas confessionnels, hérités de l'Empire Ottoman, préservent encore aujourd'hui un certain équilibre, mais nous pourrions aller vers un plus de simplification en prévoyant moins de communautés et en en créant une pour ceux qui refusent ce système ? Réunissons tous les Chrétiens en une seule, ou réduisons les à deux ou trois : CATHOLIQUE, ORTHODOXE et tous les Arméniens (catholiques et apostoliques), une pour les chiites duodédecimains et alaouites réunis, une pour les sunnites, une pour les druzes. Et une seule pour les minorités ( juifs, protestants, yezidis,...) et ceux qui refusent ce système ? Cela ferait 7 communautés, voir 5 !

    Nicolas ZAHAR

    19 h 42, le 22 octobre 2021

  • Votons en masse contre la racaille qui truste le pouvoir de façon, clanique, mafieuse, confessionnelle ou ce que vous voulez. Nous changerons tout cela après ! Faisons avec ce que nous avons.

    TrucMuche

    10 h 54, le 22 octobre 2021

  • faut aussi preciser que ce que certains pays appliquent comme loi ne vaut pas necessairement pour le Liban. un pays compose de plusieurs societes communautaires, confessionnelles dont l'une antagonise l'autre.

    Gaby SIOUFI

    09 h 09, le 22 octobre 2021

  • et si le ou les departements concernes publiaient les stats indiquant le climat au liban dans diverses regions, autour de la fin des mois de mars, durant les 30 dernieres annees ? ainsi nous saurions si tout pti gendre & Co ont raison de craindre ce qu'ils disent craindre.

    Gaby SIOUFI

    09 h 04, le 22 octobre 2021

  • La vrai réforme est que chacun vote localement et pour le député de la circonscription où il habite. C’est le modèle Français y compris pour les résidents à l’étranger. Au Liban, on nous fait voter dans la circonscription de notre ancêtre même si on y a pas mis le pied depuis des générations. Et en plus on fait une circonscription planétaire avec 6 députés communautarisés. Tout cela n’a aucun sens et entretient l’esprit clanique et l’abstention.

    PPZZ58

    09 h 03, le 22 octobre 2021

  • La vrai réforme est que chacun vote localement et pour le député de la circonscription où il habite. C’est le modèle Français y compris pour les résidents à l’étranger. Au Liban, on nous fait voter dans la circonscription de notre ancêtre même si on y a pas mis le pied depuis des générations. Et en plus on fait une circonscription planétaire avec 6 députés communautarisés. Tout cela n’a aucun sens et entretient l’esprit clanique et l’abstention.

    PPZZ58

    08 h 56, le 22 octobre 2021

  • " Les Français du Liban votent ainsi pour les législatives françaises dans le cadre de la 10e circonscription des Français de l’étranger." En fait, les français à l'étranger ont le choix. Ils peuvent, s'ils le désirent, demeurer inscrits sur les listes électorales de leur circonscription d'origine.

    Yves Prevost

    07 h 34, le 22 octobre 2021

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