
Le mufti de la République, Abdel Latif Deriane. Photo Ani
Le mufti de la République libanaise, cheikh Abdel Latif Deriane, plus haute autorité sunnite du pays, a mis en garde lundi contre une "politisation et une confessionnalisation" des grands dossiers nationaux, alors que le Liban, en grave crise depuis 2019, a frôlé une nouvelle guerre civile jeudi dernier après des combats miliciens à Beyrouth.
"Le début de la guerre civile"
"Autant nous nous méfions des hommes politiques et de leurs intentions et actions, autant nous craignons pour le vivre-ensemble", a affirmé le dignitaire, qui a mis en garde contre "une politisation et une confessionnalisation des grands dossiers nationaux", dans un discours à l'occasion de la fête de la Naissance du Prophète (Maouled). "Quelle est cette trajectoire suicidaire que tout le monde emprunte avec enthousiasme ?", s'est interrogé le mufti. "Ce climat rappelle malheureusement le début de la guerre civile (de 1975-1990, ndlr) et chaque Libanais sage doit éviter d'adopter une attitude suicidaire et insister sur le vivre-ensemble et la Constitution", a plaidé le cheikh.
Ces déclarations interviennent quatre jours après une manifestation du Hezbollah contre le juge Tarek Bitar, en charge de l'enquête sur l'explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020. Le rassemblement avait dégénéré en combats de rues dans le quartier de Tayouné dans le sud de Beyrouth, faisant 7 morts et 32 blessés. Les affrontements ont opposé des miliciens chiites du Hezbollah et Amal à d'autres postés dans des quartiers chrétiens, et ont fait craindre une nouvelle guerre civile. Le tandem chiite a accusé les Forces libanaises (FL) de Samir Geagea d'avoir tiré sur les manifestants, des accusations rejetées par les FL.
Le Hezbollah et Amal, mais également des responsables sunnites poursuivis par le juge Bitar, exigent le départ de celui-ci, alors que le magistrat, malgré les intenses pressions dont il fait l'objet, veut poursuivre plusieurs dirigeants dans le cadre de son enquête sur le drame qui a fait plus de 200 morts. Mais les responsables politiques refusent d'être interrogés, même si les autorités avaient reconnu que les énormes quantités de nitrate d'ammonium qui ont explosé avaient été stockées au port pendant des années sans précaution.
"Crime du siècle"
La Cour de cassation a rejeté des plaintes de députés et ex-ministres à l'encontre du juge Bitar, lui permettant ainsi de reprendre ses investigations. Les violences de Tayouné viennent s'ajouter aux multiples crises politique, économique et sociale dans lesquelles est plongé le Liban, où la classe dirigeante, inchangée depuis des décennies, est accusée de corruption, d'incompétence et d'inertie.
"Qui a dit que nous ne sommes pas avec la justice concernant le crime du siècle ?", s'est défendu le mufti Deriane, alors qu'il a apporté son soutien à l'ex-Premier ministre Hassane Diab, visé par un mandat d'amener et qui refuse de comparaître devant le juge Bitar. "Mais pour cela, il faut une trajectoire claire, afin que les gens ne soient pas divisés autour de la justice et de la politique", a estimé le dignitaire.
Commentant les combats à Tayouné, le cheikh Deriane a qualifié les affrontements de "honteux et condamnables". "La divergence d'opinion est acceptable, mais les combats de rue sont rejetés et interdits, sous n'importe quel prétexte. La solution doit être pacifique et non avec des armes illégales dans la rue, surtout dans la capitale (...)", a mis en garde le mufti.
Revenant enfin sur les élections législatives attendues au printemps prochain, une échéance sous haute tension alors que le pays est en crise, le cheikh Deriane a dit que "le scrutin aura lieu l'année prochaine si Dieu le veut", car des craintes se font entendre sur un report des législatives qui risquent d'embarrasser les partis au pouvoir, qui se sont entendus dans leur majorité pour avancer la date des élections du mois de mai au mois de mars. Cette décision est interprétée par certains observateurs comme une tentative de prendre de court les collectifs politiques d'opposition qui se préparent à la campagne. "Le changement se fait par la population à travers une décision libre, en élisant les candidats qu'ils veulent", a affirmé Abdel Latif Deriane.
Le chef de l'Etat, Michel Aoun, a lui aussi adressé ses vœux à la communauté musulmane à l'occasion de la Naissance du Prophète, disant "espérer que la solidarité des Libanais soit renforcée à cette occasion, face aux séditions et aux défis économiques difficiles, afin que le vivre-ensemble et la paix civile prennent racine".
Le mufti de la République libanaise, cheikh Abdel Latif Deriane, plus haute autorité sunnite du pays, a mis en garde lundi contre une "politisation et une confessionnalisation" des grands dossiers nationaux, alors que le Liban, en grave crise depuis 2019, a frôlé une nouvelle guerre civile jeudi dernier après des combats miliciens à Beyrouth."Le début de la guerre civile""Autant nous nous...
commentaires (7)
JE M,EXCUSE. MALGRE MON COMMENTAIRE PRECEDENT, PEUT-ETRE L,ATTITUDE DU MUFTI DERIANE EN CE QUI CONCERNE SON REFUS QUE DIAB SE PRESENTE DEVANT LE JUGE BITAR AUT PU CAUSER L,ATTITUDE SEMBLABLE DES DEUX TENDEMS DE MILICIENS CHIITES.
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 59, le 18 octobre 2021