Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a lancé hier sa plus violente attaque jusque-là contre le juge Tarek Bitar, chargé de l’enquête sur l’explosion du port de Beyrouth. Le patron du Hezbollah a même accusé le juge « de faire du ciblage politique », allant même jusqu’à le soupçonner « de ne pas vouloir révéler la vérité ».
La très violente attaque du secrétaire général du Hezbollah intervient alors même que deux anciens ministres affiliés à l’autre composante du tandem chiite, le mouvement Amal, Ghazi Zeaïter et Ali Hassan Khalil, viennent d’essuyer un second revers dans leur tentative d’obtenir un dessaisissement du juge qui a engagé des poursuites contre eux.
« Nous voulons la vérité et la redevabilité. Nous voulons la justice », a martelé le chef du Hezbollah. Rappelant que le président Michel Aoun « a dit plusieurs fois qu’il était prêt à être entendu par le juge », M. Nasrallah a interpellé le magistrat : « Est-ce que vous l’avez entendu ? » « Avez-vous entendu l’ancien président Michel Sleiman ? » a-t-il encore demandé, en rappelant que M. Sleiman était le chef de l’État lorsque le navire Rhosus, chargé de la cargaison d’ammonium, est arrivé à Beyrouth. « Avez-vous entendu les anciens chefs de gouvernement ? Vous leur avez parlé ? Pourquoi avoir interrogé les anciens ministres et pas les ministres actuels ? » a encore demandé Hassan Nasrallah, affirmant que le juge Bitar « n’a pas tiré les leçons des erreurs de son prédécesseur (le juge Fadi Sawan), et est allé vers la politique discrétionnaire et la politisation » du dossier.
Le chef du Hezbollah a aussi accusé le juge de faire du matraquage politique et assuré que ce dernier « ne veut pas la vérité dans le dossier ». « Nous voulons un juge honnête et transparent et que l’enquête se poursuive », a lancé Hassan Nasrallah, appelant le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à « se réunir et à trouver une solution ». « La responsabilité des juges est plus grande que celle des présidents, ministres et députés, car ce sont eux qui ont donné les approbations au navire », a-t-il encore estimé. « Aux familles des victimes je dis : vous n’arriverez pas à la vérité et la justice avec le juge Bitar », a-t-il encore lancé.
« Injustice » par rapport au vote de la diaspora
Le chef du Hezbollah a par ailleurs abordé le dossier des législatives, en soulignant qu’il tenait à ce que les élections se déroulent dans les délais prévus. « Nous appelons à la tenue des élections législatives dans les délais constitutionnels. Toutes les parties le veulent », a martelé Hassan Nasrallah.
Concernant le vote des Libanais de la diaspora, le chef du parti chiite a souligné « soutenir le principe du vote des émigrés », estimant qu’il y aurait toutefois « une injustice » à l’égard du Hezbollah qui ne peut mener des campagnes électorales dans tous les pays où se trouvent les émigrés libanais. « Il n’y a pas d’égalité des chances, notamment vis-à-vis du Hezbollah », a-t-il observé.
Hassan Nasrallah a également appelé le gouvernement à trouver une solution « radicale » concernant l’électricité dans le pays, après un nouvel épisode de black-out le week-end dernier. « Le gouvernement aurait dû tenir une séance exceptionnelle du Conseil des ministres et ne pas la lever avant de trouver une solution », a jugé Hassan Nasrallah. « Lancer des accusations n’apportera pas de l’électricité », a-t-il ajouté. Il a aussi indiqué qu’il y avait « des offres sérieuses et que l’État doit les accepter ou les rejeter ». « Ces offres viennent de l’est et de l’ouest », a-t-il poursuivi. Le chef du parti chiite a aussi indiqué craindre que l’on veuille « l’effondrement du secteur de l’électricité pour justifier l’option de la privatisation ».
« Nous devons répondre à l’offre faite par le ministre iranien des Affaires étrangères de résoudre le problème de l’électricité au Liban », a-t-il poursuivi, faisant référence à la visite du chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir-Abdollahian, qui a proposé la construction de deux centrales.
C est un pays de croupiers et non d êtres civilisés….
01 h 59, le 13 octobre 2021