Franck Riester, ministre français délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, a déclaré mardi que sa brève visite au Liban, entamée la veille au soir, avait notamment pour objectif de "rappeler aux dirigeants libanais les engagements qu'ils ont pris". L'année dernière, après la double explosion meurtrière au port de Beyrouth et la démission du cabinet de Hassane Diab, le président français Emmanuel Macron avait obtenu des chefs de file politiques du pays un engagement à former rapidement un cabinet capable de lancer des réformes, conditions sine qua non au déblocage d'aides financières au pays en pleine crise.
"Etant donné l'absence de décision (au niveau libanais) depuis maintenant onze mois, la France a décidé de prononcer un certain nombre de sanctions individuelles", a-t-il confirmé, soulignant que ces mesures impliquent notamment des limitations de déplacement de responsables et des gels d'avoirs. Ces sanctions visent à envoyer un "signal d'urgence" parce que "nous ne pouvons pas continuer comme ça ici au Liban", a ajouté le responsable français qui rappelle que, comme cela avait été annoncé hier à Bruxelles, "l'Europe est sur la même longueur d'ondes" que Paris en ce qui concerne l'imposition de telles mesures contre les personnes qui "bloquent" les réformes.
Ces sanctions avaient été annoncées lundi par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et son homologue français, Jean-Yves Le Drian, à l'issue d'une réunion à l'UE. M. Le Drian avait indiqué qu'un consensus avait été atteint entre les Etats-membres sur un "cadre juridique de sanctions", qui serait mis en place avant la fin du mois, tandis que M. Borrell avait évoqué un régime de sanctions "équilibré", qui "ne ciblera pas les communautés, mais sanctionnera des comportements".
"Mon déplacement est un message de soutien aux Libanais, que la France tient ses engagements et rappelle aux autorités libanaises de tenir les engagements qu'ils ont pris, pour qu'enfin des décisions urgentes soient prises au service des Libanais", a-t-il lancé.
Que "justice soit rendue"
Concernant l'enquête sur la double explosion du port, Franck Riester a insisté sur l'importance que "justice soit rendue". Près d'un an après le drame, aucune conclusion n'a encore été tirée sur les causes de la déflagration et les responsabilités impliquées, et l'enquête locale est entourée de craintes d'ingérences politiques. M. Riester a dans ce contexte inauguré une station de traitement des grains restant dans les silos, financée par un don français, selon un communiqué français. Il a souligné à cet égard que l'action de soutien de la France se poursuivrait.
Franck Riester s'est également rendu sur le terminal conteneur de Beyrouth où il a rencontré des responsables de CMA CGM, le leader français du transport et de la logistique, qui lui ont dressé un état des lieux des conditions de travail sur cette infrastructure toujours pas réparée depuis le drame.
Après sa tournée au port, le ministre français s'est rendu au palais de Baabda, où il s'est entretenu avec le chef de l'Etat, Michel Aoun. Il a "réitéré l'urgence que les responsables libanais forment un gouvernement crédible et efficace qui travaille à la réalisation des réformes nécessaires, dans l'intérêt du Liban et conformément aux aspirations du peuple libanais", selon le communiqué français. Il a également souligné devant le président Aoun "la volonté de la France d'agir avec ses partenaires régionaux et internationaux, notamment à la suite de l'accord de principe du Conseil Affaires étrangères de l'UE du 12 juillet, sur la mise en place d'un régime de sanctions, pour faire pression sur les responsables du blocage politique et obtenir une sortie de crise". Il a également rappelé que l'aide économique et financière internationale au Liban "demeure conditionnée au lancement de réformes crédibles".
Lors de leur entrevue, MM. Aoun et Riester ont également discuté des aides fournies par la France, "notamment après l'explosion au port", et le ministre français a affirmé que Paris "continuerait à soutenir le peuple libanais", selon un tweet de la présidence libanaise. "Les Libanais apprécient les aides offertes par la France", a déclaré M. Aoun lors de cet entretien, saluant notamment l'organisation par Paris de conférences de soutien au peuple et à l'armée. Il a par ailleurs évoqué avec le ministre français "les difficultés" rencontrées pour former un nouveau gouvernement "capable de mener les réformes nécessaires", selon des propos rapportés par le bureau de presse de la présidence. M. Aoun l'a encore assuré du "soutien" du Liban à l'initiative française, remerciant le président Macron pour "sa préoccupation constante" pour le pays du Cèdre et son peuple.
La visite de M. Riester se déroule alors que le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les Affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel, est également attendu dans la journée à Beyrouth. M. Durel s’était déjà rendu à Beyrouth en novembre dernier pour tenter de relancer l’initiative française de sortie de crise, toujours au point mort. L’ambassadeur français chargé de la coordination du soutien international au Liban, Pierre Duquesne, achève également aujourd'hui une visite à Beyrouth, à quelques jours de la tenue de la troisième conférence internationale de soutien au Liban qui aura lieu le 20 juillet, à l’initiative de la France. Selon des sources diplomatiques à L’Orient-Le Jour, ces trois visites d’officiels français visent à sonder des personnalités et des professionnels de différents secteurs afin de constituer des dossiers solides en prévision de la conférence du 20 juillet. Ces visites n’englobent que peu d’officiels, signe de la méfiance de la communauté internationale à l’encontre de la classe dirigeante au Liban, selon ces mêmes sources.
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FAIBLES ARMES QUE LES SANCTIONS BRANDIES DEPUIS PLUS D,UN AN, LES MAFIEUX SE SONT PREPARES. DECLAREZ LE PAYS FAILLI. ARRETEZ TOUS LES ANCIENS ET PRESENTS MAFIEUX QUI LE GOUVERNENT. PRESENTEZ-LES A LA JUSTICE INTERNATIONALE. RECUPEREZ ET RENDEZ AU PAYS TOUS LEURS AVOIRS ET PROPRIETES DECLARES ET CACHES PROVENANT DES VOLS DES ECONOMIES D,UNE VIE DU PEUPLE. NOMMEZ UNE ADMINISTRATION ONUSIENNE POUR GOUVERNER LE PAYS ACTUELLEMENT. AIDEZ LE PAYS A SORTIR DE SES CRISES ET LE PEUPLE A RECUPERER SES ECONOMIES. LE PEUPLE VOUS SERA GRE.
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 44, le 13 juillet 2021