Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a annoncé hier qu’un « consensus » avait été trouvé entre les États membres de l’Union européenne afin de mettre en place « avant la fin du mois » un « cadre juridique » de sanctions visant des responsables libanais. La menace de telles sanctions est brandie depuis plusieurs mois envers les dirigeants du pays du Cèdre qui achoppent depuis onze mois à former un nouveau gouvernement, pourtant crucial pour redresser le pays plongé dans une très grave crise socioéconomique et financière.
« Le Liban est un pays qui est en train de s’autodétruire depuis plusieurs mois, mais il y a maintenant une situation d’urgence majeure pour une population qui est dans la détresse », a déclaré M. Le Drian à l’issue d’un Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’UE. « Cela fait plusieurs mois que nous répétons aux autorités libanaises la nécessité de former un gouvernement, de faire les réformes nécessaires pour sortir ce pays du drame », a-t-il insisté dans une déclaration à la presse. Il a dans ce cadre annoncé qu’il y avait eu « à l’instant un consensus politique pour mettre en place un cadre juridique de sanctions, avant la fin du mois, c’est-à-dire avant l’anniversaire malheureux de l’explosion au port de Beyrouth ». « Ce cadre juridique sera un outil de pression sur les autorités libanaises pour qu’elles avancent dans la composition du gouvernement (…), mais aussi dans la mise en œuvre des réformes indispensables », a-t-il expliqué.
Plusieurs émissaires français
Entre-temps, le Liban est, depuis quelques jours, le théâtre d’un intense ballet diplomatique. Le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les Affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel, est attendu aujourd’hui à Beyrouth, a-t-on appris auprès de l’ambassade de France, sans que des précisions supplémentaires ne soient données concernant le programme de sa visite. M. Durel s’était déjà rendu à Beyrouth en novembre dernier pour tenter de relancer l’initiative française de sortie de crise, toujours au point mort.
Sa visite intervient alors que l’ambassadeur français chargé de la coordination du soutien international au Liban, Pierre Duquesne, achève une visite à Beyrouth, avant la tenue de la troisième conférence internationale de soutien au Liban qui aura lieu le 20 juillet, à l’initiative de la France.
Parallèlement, Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité, est au Liban depuis hier (voir par ailleurs). Il a annoncé sur son compte Twitter qu’il passera « 24 heures à Beyrouth pour réaffirmer la mobilisation totale et indéfectible de la France en soutien au Liban et aux Libanais, comme s’y est engagé le président de la République ».
Selon des sources diplomatiques à L’Orient-Le Jour, ces trois visites d’officiels français visent à sonder des personnalités et des professionnels de différents secteurs afin de constituer des dossiers solides en prévision de la conférence du 20 juillet. Ces visites n’englobent que peu d’officiels, signe de la méfiance de la communauté internationale à l’encontre de la classe dirigeante au Liban, selon ces mêmes sources.
Par ailleurs, cet intérêt manifeste pour un Liban en crise montre bien, poursuivent ces sources, que l’effondrement du pays inquiète la communauté internationale, qui cherche à éviter l’explosion sociale dans le pays en raison de l’effet domino qu’elle pourrait avoir, notamment sur la Syrie voisine, où des efforts de paix et de redressement sont en cours.
Shea et Grillo chez Boukhari
La visite de Patrick Durel intervient au lendemain d’une réunion tripartite organisée hier entre les ambassadrices de France et des États-Unis, Anne Grillo et Dorothy Shea, au domicile de l’ambassadeur d’Arabie saoudite Walid Boukhari, à Yarzé. Les trois diplomates ont évoqué la situation économique catastrophique et « les moyens d’aider le peuple libanais ». Mmes Grillo et Shea s’étaient rendues la semaine dernière en Arabie saoudite pour évoquer le blocage gouvernemental et les moyens d’aider la population libanaise.
Dans un tweet, l’ambassade des États-Unis a indiqué que les deux diplomates s’étaient rendues auprès de l’ambassadeur d’Arabie saoudite « pour des consultations diplomatiques – les dernières en date d’une série d’engagements trilatéraux sur la situation économique désastreuse – et des moyens les plus adéquats de soutenir efficacement le peuple libanais ». Walid Boukhari a pour sa part annoncé sur Twitter qu’il avait reçu les deux diplomates pour évoquer « les derniers développements politiques sur les scènes libanaise et régionale, ainsi que des questions d’intérêt commun ».
Par ailleurs, l’ambassadeur du royaume wahhabite a participé hier à une rencontre avec des responsables politiques et économiques libanais, portant sur la crise commerciale entre Beyrouth et Riyad, à l’invitation du chef des Forces libanaises Samir Geagea, au siège du parti à Meerab (Kesrouan). Les échanges commerciaux entre les deux pays connaissent une crise sans précédent depuis la saisie, par les douanes saoudiennes, de larges quantités de drogue ayant transité par le Liban.
M. Boukhari a estimé que les solutions trouvées doivent reposer sur trois axes différents, « des dispositions sécuritaires adéquates, une volonté politique sérieuse et une justice impartiale ». De son côté, M. Geagea a estimé que si l’Arabie saoudite a « fait un pas en arrière » concernant le Liban, ce n’est pas pour « tourner le dos aux Libanais, comme certains le pensent », mais pour avoir une « vision d’ensemble » de la situation et « se préparer à soutenir à nouveau » le pays.
Au Loup ! Au Loup ! … On nous casse les oreilles depuis des mois avec les memes promesses les memes menaces et la meme cacophonie diplomatique ! Un peu de pudeur Messieurs les Diplomates Occidentaux ne serait pas de trop !
13 h 50, le 13 juillet 2021