À la clôture, hier, de sa visite de deux jours au Liban, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a jugé hier que le pays a un « problème évident avec son système de gouvernance », exhortant à nouveau les responsables à « mettre leurs querelles de côté » et former le nouveau gouvernement ; sans quoi, le pays risquerait un « effondrement financier total » et les dirigeants s’exposeraient à des sanctions.
« J’ai transmis un message clair » selon lequel certains responsables pourraient être soumis à des sanctions s’ils « continuaient à bloquer la formation du gouvernement, et donc la mise en œuvre des réformes », a déclaré M. Borrell avant son départ de Beyrouth où il était en visite officielle depuis la veille. Il a souligné qu’il préférerait « ne pas avoir recours » à des sanctions, mais que l’UE « ne peut pas rester sans rien faire ».
« Le pays connaît d’importants troubles financiers, et pour résoudre la crise économique, il faut un gouvernement, a affirmé le ministre dans des propos rapportés par l’agence Reuters. En pleine tempête, un bateau a besoin d’un capitaine et d’un équipage, sinon, il sombre. » Il a estimé qu’il était « clair » que le blocage gouvernemental est dû à « la bataille pour le partage du pouvoir », à laquelle s’ajoute, selon lui, « un profond manque de confiance ». Il a ajouté que le cabinet qui doit être formé doit avoir « de bonnes compétences techniques et une vraie autorité afin d’éviter l’échec du gouvernement sortant de Hassane Diab ». L’équipe démissionnaire « avait présenté un solide plan de réformes, mais celui-ci a été bloqué par les politiciens », a-t-il déploré, relevant le « pessimisme » des différents protagonistes rencontrés au cours des dernières 48 heures concernant des progrès dans les tractations. « Ce pays a un problème évident avec son système de gouvernance », a-t-il lancé, rapportant de « profondes divisions entre les différentes communautés libanaises ». Et de rappeler que sans un gouvernement capable de négocier avec le Fonds monétaire international et de lancer des réformes anti corruption, aucune aide étrangère ne serait versée à Beyrouth.
Venu samedi « en ami » à la veille de la réunion mensuelle aujourd’hui du Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne, M. Borrell a rencontré en deux jours tous les hauts dirigeants, Michel Aoun, Nabih Berry, Saad Hariri et Hassane Diab, ainsi que la ministre par intérim des Affaires étrangères Zeina Acar, le commandant en chef de l’armée Joseph Aoun et quelques experts de la société civile. Venu comprendre l’ampleur de la crise que traverse le Liban, il rendra compte aujourd’hui de sa visite devant ses pairs au Luxembourg et probablement aussi sur le blog qu’il tient régulièrement.
La solidarité et les sanctions
« J’ai passé un message de solidarité de l’UE envers la population libanaise, mais aussi pour exiger que la classe politique prenne ses responsabilités », avait affirmé, au premier jour de sa visite, le chef de la diplomatie de l’UE dans un message posté sur Twitter et accompagné de photos de sa rencontre à Baabda avec Michel Aoun.
Confronté aux arguments des responsables libanais qu’il a rencontrés, M. Borrell avait été très clair : « La crise à laquelle le Liban est confronté est une crise locale (...) faite par vous-mêmes, et ses répercussions sur la population sont très graves. Elle n’a pas été provoquée par les conditions météo, ou la guerre en Syrie, ou encore l’Union européenne. » « Un gouvernement doit être formé et des réformes mises en œuvre immédiatement », faute de quoi, l’UE pourrait avoir recours à « des sanctions ciblées », avait-il prévenu.
Interrogé par notre correspondante Hoda Chedid sur les sanctions envisagées, M. Borrell avait souligné : « Les sanctions ne font pas une politique, et il n’est pas dans l’intérêt de nos relations de les appliquer. Mais la question a été posée et on en discute. Les sanctions sont sur la table. » « Lorsqu’une crise politique empêche la formation d’un gouvernement pendant neuf mois (NDLR : plus de dix actuellement), il faut la mettre au compte des responsables politiques locaux. C’est la classe politique libanaise dans son ensemble qui en est responsable. Tout le monde, mais à divers degrés », a-t-il cependant nuancé.
Selon des sources proches du dossier, M. Borrell « n’a pas évoqué la question des sanctions lors de son entretien avec le président de la République ».
Quatre critères
Corruption, obstruction aux efforts de formation d’un gouvernement, mauvaise gestion financière et violations des droits de l’homme. Ces quatre points représentent l’essentiel de la liste de critères qui pourraient justifier des sanctions contre des responsables politiques libanais, montre une note diplomatique que Reuters a pu consulter. La malversation financière qui viserait les personnes, entités ou organismes considérés comme responsables de la mauvaise gestion des finances publiques et du secteur bancaire est également un critère essentiel, a ajouté l’agence. « De nombreux hauts responsables politiques libanais possèdent des biens immobiliers, des comptes bancaires et des investissements dans l’UE, et leurs enfants fréquentent souvent les universités de l’Union », précise l’agence Reuters, citant le document auquel elle a eu accès.
En avril, la France avait déjà imposé des restrictions d’accès à son territoire à plusieurs dirigeants libanais, sans dévoiler leurs noms, menaçant d’imposer des sanctions supplémentaires en cas d’impasse persistante.
La rapidité avec laquelle les sanctions pourraient être imposées n’est pas encore claire, mais comme les divisions politiques continuent de s’aggraver au Liban, il est probable que l’UE agira avant la fin des vacances d’été, estime Reuters.
Les 27 États membres de l’UE sont divisés sur le bien-fondé des sanctions européennes, mais les deux principales puissances du bloc, la France et l’Allemagne, y sont favorables, ce qui pourrait s’avérer déterminant.
Un responsable européen a confié à Reuters que la France souhaite que soit sanctionné Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), déjà sous le coup de sanctions américaines. Rappelons aussi que le 10 mai dernier, M. Borrell avait annoncé au cours d’une conférence de presse que l’UE préparait « des sanctions individuelles » contre les dirigeants politiques jugés responsables du blocage.
« Pas de temps à perdre »
En réponse à une demande d’aide formulée par le chef de l’État, le chef de la diplomatie de l’Union européenne avait estimé que la seule solution pour le Liban, empêtré dans une crise économique inédite, était de passer un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). « Seul un accord urgent avec le FMI sauvera le pays de l’effondrement financier (...) et il n’y a pas de temps à perdre », avait-il plaidé après sa rencontre avec le chef de l’État.
« Les élections (présidentielle, législatives et municipales) prévues en 2022 doivent se tenir dans les délais prévus. Il faut que les élections aient lieu à la date prévue (...) », a en outre insisté le responsable européen, précisant que l’UE est prête « à envoyer une mission d’observation électorale pour être sûre que ces élections seront libres et justes ».
En marge des questions internes, et en ce qui concerne la présence au Liban de Syriens déplacés et la nécessité de leur rapatriement, M. Borrell a déclaré : « Nous sommes convaincus que les autorités libanaises continueront à respecter le principe de non-refoulement. »
M. Borrell n’avait pas fait de déclarations à l’issue de ses rencontres avec Saad Hariri et Nabih Berry.
Quelle tâche ce mec ! il est venu pour se ridiculiser ? Il n’a qu’à les prendre chez lui puisqu’il joue au grand cœur. Nous avons déjà donné, trop donné. L’Espagne votre pays revoie les migrants chez eux. A chacun son tour Mr Borrell. Il est venu pour nous sauver et il nous demande de sauver nos anciens tortionnaires, c’est à ne rien comprendre de la politique politicienne Européenne. Le Général De Gaulle voulait l’Europe des six. Aujourd’hui nous avons l’Europe de vingt-huit membres. D’où la cacophonie de cette Europe qui est devenue un ramassis de pays qui n’ont rien à faire dedans, la France a payé très cher cette faute grave de Mitterrand en acceptant l’Angleterre, et en payant l’unité de l’Allemagne, l’admission de la Pologne et tous les pays de l’est. Nous payons toujours d’une façon ou d’une autre l’adhésion de ces pays, qui aujourd’hui nous tiennent tête et nous malmène presque selon leurs alliances avec les pays hors de l’Europe. Le Brexit est un premier pas salutaire pour la France, les grandes sociétés et les banques Anglaises et étrangères résidantes en Angleterre arrivent en masse à Paris, pour recentrer leurs affaires
22 h 11, le 21 juin 2021