
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Photo d'archives AFP / FREDERICK FLORIN
Corruption, obstruction politique ou blocage de la formation du gouvernement, mauvaise gestion financière et violations des droits de l'homme. Tels sont les critères envisagés par l'Union européenne pour imposer des sanctions à des responsables politiques libanais, selon une note diplomatique consultée par l'agence Reuters.
Des discussions techniques sur ces sanctions ont lieu à l'UE depuis le mois de mai, suite à une demande de Paris qui avait réclamé que des "pressions" soient exercées sur la classe politique libanaise qui se déchire depuis des mois sur la formation du gouvernement alors que le pays subit une crise financière et socio-économique aiguë. Cette crise est marquée par une paupérisation des habitants du Liban, une hyperinflation, des pénuries chroniques de produits de première nécessité comme le carburant et les médicaments et des menaces de blackout total de l'électricité. C'est d'ailleurs dans ce cadre que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, est attendu samedi à Beyrouth, avant de rentrer à Bruxelles pour faire son rapport aux ministres européens des Affaires étrangères.
Le document de travail diplomatique consulté établit les points forts et faibles d'un régime de sanctions qui comprendrait des interdictions de voyage et gel d'actifs et se concentre sur ces quatre critères pour établir une future liste de personnalités ciblées. "On peut faire valoir que le manque de responsabilité politique de la classe dirigeante au Liban est au cœur de l'implosion de l'économie" du pays, précise la note. "L'effondrement socio-économique a provoqué d'importantes souffrances et affecté les droits humains de la population", poursuit le texte qui suggère une "stratégie de sortie" des sanctions éventuellement imposées, basée sur une évaluation de leur impact sur la situation et la possibilité de les renouveler ou lever au besoin.
La France et l'Allemagne en faveur de sanctions
La note ne précise pas de délai à l'issue duquel de telles mesures pourraient être prises mais, selon Reuters, l'Union européenne pourrait "probablement accélérer" les discussions pour une mise en œuvre "avant la fin des vacances d'été", sur fond de divisions politiques toujours plus profondes entre les dirigeants libanais.
Le Liban est sans gouvernement actif depuis août 2020, après la démission du cabinet de Hassane Diab intervenue dans la foulée de la double explosion dans le port de Beyrouth. Saad Hariri avait été désigné en octobre et il est depuis empêtré dans un imbroglio politico-personnel avec le chef de l'Etat et son camp politique, dirigé par son gendre, Gebran Bassil. Cette semaine, le président de la Chambre, Nabih Berry, a ouvertement pris position en faveur de Saad Hariri, ce qui a provoqué une nouvelle vague de tensions entre les différentes parties. La mise sur pied d'un cabinet est pourtant cruciale pour mettre en œuvre des réformes, condition sine qua non à des aides internationales qui permettrait d'aider le Liban à se sortir de la crise.
Les sanctions ne font toutefois pas l'unanimité entre les 27 Etats-membres. Si la France et l'Allemagne se sont prononcées en faveur de ces dispositions, la Hongrie s'y oppose. Un responsable européen a confié à Reuters que la France souhaite que soit sanctionné Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre (CPL, fondé par le chef de l'Etat Michel Aoun), déjà sous le coup de sanctions américaines.
Selon un communiqué de l’UE, la visite de Josep Borrell à Beyrouth vise à "transmettre des messages-clés aux dirigeants libanais et exprimer la solidarité de l’UE avec le peuple libanais en ces temps extrêmement difficiles". Le 10 mai dernier, M. Borrell avait annoncé lors d’une conférence de presse que l’UE préparait "des sanctions individuelles" contre les dirigeants politiques jugés responsables du blocage. Et le chef de la diplomatie française, Jean -Yves Le Drian, en visite à Beyrouth le 6 mai, avait au préalable informé ses interlocuteurs politiques que les débats se poursuivaient à Bruxelles autour d’un mécanisme européen de sanctions contre ceux qui bloquent le processus politique au Liban, alors que des mesures françaises avaient été prises contre ces mêmes personnes. Paris n'a toutefois pas publié la liste des noms des personnes soumises à ces sanctions.
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Si seulement le président de la Hongrie savait ce que le soit disant protecteur des chrétiens du Liban est en train de leur mijoter, il sera le premier à voter les sanctions contre lui. Mais voilà il est aller voir Orban pour lui expliquer que lui c’est le Jésus du Liban et que sans lui ces derniers périront et le hongrois l’a cru sur paroles puisqu’il n’a qu’un son de cloche et croit aider avec son véto à sauver les chrétiens. Monsieur Orban, cet individu a vendu les chrétiens contre un hypothétique fauteuil auquel il aspire et c’est une chrétienne convaincue qui vous le dit. Alors, ressaisissez-vous et optez pour les plus lourdes sanctions sans aucun état d’âme car le sort des chrétiens qui le rejettent et qui l’appuient est menacé de disparition tout comme leur culture et leur identité à cause de lui et de son beau père.
Sissi zayyat
14 h 11, le 20 juin 2021