Plusieurs dirigeants et responsables politiques et sécuritaires libanais ont marqué mardi le 21e anniversaire de la libération du Liban-Sud de l'occupation israélienne, commentant cet événement à l'aune des derniers développements de la situation locale, alors que le pays traverse un faisceau de crises, et régionale, avec les derniers bombardements entre Israël et le Hamas.
L'armée israélienne s'était retirée le 24 mai 2000 de la partie du Liban-Sud qu'elle occupait encore, mais le Liban estime qu'elle doit encore se retirer des fermes de Chebaa, situées sur les pentes occidentales du mont Hermon, pris par Israël à la Syrie en juin 1967, ainsi que des hauteurs de Kfarchouba et de la partie-nord du village de Ghajar pour que la libération soit complète.
Les célébrations de la libération se déroulent cette année alors que le Liban continue de s'enfoncer depuis l'été 2019 dans une crise socio-économique sans précédent qui fait craindre un effondrement total de l'État. Cette situation a été aggravée par la gigantesque double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. La catastrophe a poussé six jours plus tard le gouvernement de Hassane Diab à démissionner. Depuis, le pays est sans cabinet. Le chef de l'État Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri, désigné en octobre dernier, s'accusent mutuellement de blocage du processus gouvernemental.
Surmonter les divisions politiques
C'est dans ce cadre que le Premier ministre sortant, Hassane Diab, a célébré cet anniversaire en affirmant que cet événement n'était pas une "fête folklorique". "Il s'agit d'une étape historique qui a initié de vrais changements dans la lutte contre l'ennemi israélien qui se croyait invincible", a écrit M. Diab sur son compte Twitter. "La fête de la Résistance et de la Libération est ce rayon de lumière apparu depuis l'an 2000, en passant par 2006 (la guerre de 33 jours entre Israël et le Liban) et 2021 avec la victoire à Gaza", a estimé le Premier ministre sortant. Il faisait référence au cessez-le-feu conclu la semaine dernière entre Israël et le Hamas à l'issue de violents bombardements de part et d'autre qui ont fait plus de 200 morts côté palestinien et une dizaine de victimes israéliennes, déclenchés par l'expulsion de plusieurs familles palestiniennes de Jérusalem.
La ministre sortante de la Défense et ministre par intérim des Affaires étrangères, Zeina Acar, a pour sa part estimé que "l'unité, la solidarité et la sagesse est ce dont nous avons le plus besoin, au moment où le pays connaît des circonstances exceptionnelles et oppressantes". "Nous devons en tirer les leçons afin de préserver la dignité du Liban. Nous devons aussi surmonter les divisions politiques et les intérêts individuels", a-t-elle prôné.
Le directeur de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a de son côté déclaré que la fête de la Libération "unit tous les Libanais". Il a aussi appelé à la libération des fermes de Chebaa et des hameaux de Kfarchouba, estimant qu'il s'agit de "droits acquis pour les Libanais". Le général Ibrahim a aussi plaidé pour l'arrêt des violations aériennes israéliennes, mettant en garde contre les ambitions de l'État hébreu sur les ressources naturelles libanaises. Les deux pays sont engagés dans des pourparlers indirects sur la délimitation de la frontière maritime en vue d'exploiter les ressources en hydrocarbures. Un processus dans l'impasse depuis des mois.
Reddition des comptes
Quant au chef du Courant patriotique libre, le député Gebran Bassil, il a estimé que la libération de l'année 2000 "a mis un terme à la légende de l'occupation". "La victoire de 2006 a mis un terme à l'époque de l'agression israélienne impunie. L'équation de la dissuasion a renforcé le Liban dans la protection de ses frontières, mettant un terme à l'adage selon lequel la force du Liban réside dans sa faiblesse", a estimé le leader chrétien allié du Hezbollah. "Mais les victoires risquent d'être perdues si l'on ne renforce pas l'État de droit et de la justice à travers la reddition des comptes. La corruption annule toute capacité à résister", a toutefois prévenu M. Bassil, en écho aux propos de son beau-père, le président de la République Michel Aoun, qui faisait lundi un parallèle entre la libération et la lutte contre la corruption.
De son côté, le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel, a regretté que malgré "le retrait d'Israël du Liban-Sud le 25 mai 2000, après des années d'occupation et d'oppression", et "même après le retrait syrien" en 2005, la "souveraineté du Liban reste incomplète, en raison de la présence de la milice du Hezbollah qui confisque la décision d'entrer en guerre ou de faire la paix". Il a également cité les frontières maritime et terrestre toujours pas tracées, la détention de Libanais dans les prisons syriennes et les ressortissants libanais bannis en Israël.
C'est à cette occasion que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé dans la soirée un discours au cours duquel il est revenu sur les bombardements entre les factions palestiniennes à Gaza et Israël, la "victoire" de la résistance en 2000 et la crise gouvernementale au Liban.
Lundi, le président du Parlement Nabih Berry avait appelé "toutes les forces politiques et la société civile à tirer les leçons de la victoire et de la libération". "Il faut poursuivre la libération du Liban en luttant contre l'égoïsme au détriment de l'intérêt national, le confessionnalisme (...), le monopole, et les ingérences politiques dans la justice (...)", a-t-il estimé.
Gaz lacrymogène et bombes fumigènes
Sur le terrain, l'armée israélienne a lancé en fin de journée de mardi du gaz lacrymogène et des bombes fumigènes sur des manifestants rassemblés au niveau de Adaïssé à la frontière méridionale du Liban, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Une personne présente sur les lieux a dû être soignée pour suffocation après ces tirs. Une image montre certains contestataires grimper sur le grillage installé à la frontière, devant le mur en parpaings de béton installé par l'État hébreu. A Adaïssé également, plus tôt dans la journée, trois chars israéliens avaient traversé la barrière technique, sans toutefois franchir la "Ligne bleue". L'armée libanaise et la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) s'étaient alors déployées de l'autre côté de la frontière.
Au niveau de Nakoura, sur la côte à l'extrême-sud du Liban, des groupes proches du soulèvement populaire du 17 octobre 2019 ont appelé à un rassemblement sous le slogan "cri du peuple : protégeons nos frontières". La manifestation a rassemblé quelques dizaines d'activistes, selon des vidéos publiées sur les réseaux sociaux.
commentaires (9)
On célébrera la victoire et la libération du Liban le jour où tous ses territoires seront libanais et aux mains d’une l’autorité libanaise nouvelle et non pas des territoires occupés par des milices iraniennes où on jette et brûle le drapeau du pays pour le remplacer par celui des vendus et qui l’ont transformé en cimetières et en mausolées à la gloire des pauvres jeunes libanais morts pour rien ou pour une cause qui est complètement étrangère à leur pays et à son indépendance ou même tout bêtement pour une bouchée de pain ou un lopin de terre spolié et donné aux familles qui se verront dépossédés aussitôt que ce pays sera libéré des mercenaires étrangers. Ils sentent le danger de les voir disparaître pointer son nez et se préparent à semer l’horreur et les attentats avec les fausses propagandes qui vont avec pour déstabiliser et nuire comme avant leur accession au pouvoir. Alors l’opposition devrait se munir de moyens pour empêcher ce plan destructeur qui peut être la démonstration de leur vrai visage que tous les libanais bannissent sauf les décérébrés qui aspirent à profiter de leur terreur mais nous, nous nous préparons à affronter le baroud de la fin de leur règne et que le meilleur gagne. Nous allons défendre notre pays et eux un pays étranger alors c’est tout vu la gloire nous revient de droit puisqu’on se serait débarrassés d’eux quelque soit le prix.
Sissi zayyat
19 h 40, le 26 mai 2021