Le président du Parlement libanais Nabih Berry, qui a prononcé un discours en direct lundi à la veille de la fête de la Libération du Liban-Sud, a affirmé que la crise gouvernementale qui dure depuis bientôt dix mois est purement "interne et personnelle". Il faisait ainsi référence aux rivalités politiques entre le chef de l'État Michel Aoun et son gendre Gebran Bassil d'une part, et le Premier ministre désigné Saad Hariri d'autre part, tout en écartant le facteur régional dans ce dossier, notamment l'influence de l'Iran et des États-Unis sur cette question.
Mise en garde
"Nous aurions dû nous pencher sur nous-mêmes de manière digne du 25 Mai, et non comme c'est le cas actuellement, alors que les crises se succèdent. Des crises qui vont faire perdre tous les accomplissements, si ce n'est qu'ils sont déjà perdus", a affirmé le chef du Législatif dans une allocution retransmise sur les chaînes télévisées. "Si les crises se poursuivent sans une intervention directe pour les résoudre, elles emporteront le Liban", a encore prévenu le chef du mouvement Amal, allié chiite du Hezbollah.
L'armée israélienne s'était retirée le 24 mai 2000 de la partie du Liban-Sud qu'elle occupait à l'époque, mais le Liban estime qu'elle doit encore se retirer des fermes de Chebaa, situées sur les pentes occidentales du mont Hermon, occupées par Israël en juin 1967, ainsi que des hauteurs de Kfarchouba et de la partie-nord du village de Ghajar pour que la libération soit complète.
Entre-temps, le Liban continue de s'enfoncer depuis l'été 2019 dans une crise socio-économique sans précédent qui fait craindre un effondrement total de l'État. Cette situation a été aggravée par la gigantesque double explosion meurtrière du 4 août 2020 au port de Beyrouth. La catastrophe a poussé six jours plus tard le gouvernement de Hassane Diab à démissionner. Depuis, le pays est sans cabinet. Le chef de l'État Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri, désigné en octobre dernier, s'accusent mutuellement de blocage du processus gouvernemental. Les deux camps se disputent sur la notion de tiers de blocage, quand une minorité ministérielle se sert de cet artifice pour entraver l'action du cabinet, et sur la nomination des ministres chrétiens (...). Les rapports entre M. Hariri et le camp présidentiel sont complètement rompus depuis le 22 mars dernier, date du tout dernier entretien orageux entre le chef de l'État et le Premier ministre désigné.
Dans ce contexte de tensions, le Parlement s'est réuni samedi pour débattre du contenu d'une lettre envoyée par le président de la République concernant l'"incapacité" du Premier ministre désigné à former un nouveau gouvernement. La Chambre s'est contentée de formuler une prise de position sur cette question en confirmant la "nécessité" pour M. Hariri de former "rapidement" son gouvernement "en accord avec le président Aoun". Une position à égale distance des deux parties qui a permis au président Berry de se sortir de cette impasse constitutionnelle – étant donné que la Constitution n’impose pas au Premier ministre désigné de délai pour la formation du gouvernement – sans froisser le président de la République.
Selon certains médias, M. Berry s'apprêterait à reprendre ses efforts de médiations pour sortir le pays de la crise, alors que sa précédente initiative en faveur d'un cabinet de 24 ministres sans tiers de blocage n'avait jusque-là pas abouti.
Tirer les leçons de la Libération
Nabih Berry a affirmé lundi sans ambages que la crise gouvernementale était purement libanaise, dénonçant par là les rivalités personnelles entre les protagonistes, sans toutefois les nommer.
"La crise gouvernementale est à 100% interne et personnelle. Il faut nous sacrifier pour le Liban. La porte de sortie de la crise nécessite une initiative des parties concernées, sans préconditions, pour surmonter les obstacles personnels qui empêchent la formation d'un gouvernement composé d'experts non partisans, et sans tiers de blocage", a estimé le président de la Chambre. Il s'aligne ainsi sur les critères préconisés par l'initiative du président français, Emmanuel Macron, et défendus par Saad Hariri qui accuse le camp présidentiel de vouloir détenir la majorité au sein du prochain afin de menacer de le faire tomber en cas de besoin.
"Les partis de l'opposition, ceux du pouvoir, et ceux qui se situent entre les deux, doivent tous prendre conscience de la dangerosité de la phase actuelle et déterminante pour le pays, car celle-ci menace l'existence des Libanais", a également mis en garde M. Berry.
Il a ensuite appelé "toutes les forces politiques et la société civile à tirer les leçons de la victoire et de la libération". "Il faut poursuivre la libération du Liban en luttant contre l'égoïsme au détriment de l'intérêt national, le confessionnalisme (...), le monopole, et les ingérences politiques dans la justice (...)", a estimé le président du Parlement.
Commentant ensuite l'épineux dossier de l'audit juricomptable de la Banque du Liban et des institutions publiques, Nabih Berry s'est défendu de bloquer ce processus réclamé par la communauté internationale et le président de la République. "Pour l'amour de Dieu, appliquez cet audit quand bon vous semble. Mais assez de mensonges à l'opinion publique. Moi-même et tout mon groupe parlementaire sommes en faveur de l'application de cet audit ainsi que de toutes les lois sur les réformes que le Parlement a adoptées", a-t-il assuré.
Michel Aoun, dans un bref message sur son compte Twitter, avait de son côté établi un parallèle lundi entre la libération de l'occupation israélienne et la lutte contre la corruption. "Comme nous avons combattu l'ennemi et libéré notre terre, nous devons aujourd'hui, tous réunis, libérer l'État de la corruption", avait-il affirmé. Pour sa part, le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a souligné que "malgré la crise, notre boussole reste dirigée vers l'ennemi israélien".
Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah doit lui aussi prononcer un discours télévisé retransmis en direct mardi à 20h30 à l'occasion de la Fête de la Libération.
commentaires (14)
Lorsque les médias de ce pays se transforment en porte-voix de ces vendus en publiant toutes leurs insanités sans aucune contradiction ni dénonciations de leurs mensonges a la fin de chacun de leurs discours pour pointer leurs contradictions et les dénoncer, il ne faut pas s’étonner que le pays macère dans l’opprobre et la servilité. Ils se relayent tour à tour pour déclamer leurs sacrifices et leurs vertus après avoir ruiné et détruit le pays et tout ce que font les médias c’est d’assurer la transmission de leurs paroles avec en prime leur portrait flatteur et leurs sourires niais telle une provocation au peuple meurtri et humilié lorsque eux fanfaronnent et jubilent. Qu’à t-on appris de cet article à part que tous les corrompus cherchent les coupables de ce drame auquel assiste toute la population toujours divisée et à l’affût de la moindre parole pour leur trouver des excuses qui s’avèrent plus coupables que leurs crimes? Que nous dit cet article sur la sincérité de tous ces vendus qu’on n’ose pas contredire? Quel rôle joue la presse et les médias dans la mise à mort de notre pays? A mon sens pas grand chose à part des constations déjà mille fois ressassées avec des termes bien choisis pour éviter de froisser les fossoyeurs. Quant à nous lecteurs on peut s’indigner et se lamenter de la façon dont tous ces problèmes sont traités ils n’en ont cure puisqu’ils ne risquent pas grand chose de notre part mis à part notre décision de les boycotter.
Sissi zayyat
13 h 00, le 25 mai 2021