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Politique - Liban

Aoun à Hariri : Montez à Baabda pour former "immédiatement" le gouvernement ou cédez votre place

Hariri répond du tac au tac : pourquoi pas une présidentielle anticipée ?

Aoun à Hariri : Montez à Baabda pour former

Le président libanais Michel Aoun s'adressant à la nation le 17 mars 2021. Photo Dalati et Nohra

Le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, a appelé mercredi soir le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à choisir entre deux options : se rendre au palais de Baabda afin de former "immédiatement un gouvernement" en accord avec la présidence ou "céder la place à une autre personne capable" de mener à bien cette mission. Cet appel a été lancé par le président Aoun au leader sunnite dans un très bref discours adressé aux Libanais, au cours duquel il a accusé M. Hariri d'avoir fait perdre "un temps précieux" aux responsables dans la mise sur pied de la nouvelle équipe, ce qui a "entraîné le pays dans une voie sans issue", alors que le Liban souffre d'une crise multiforme de plus en plus aiguë.

Depuis la désignation de Saad Hariri, le 22 octobre, ce dernier ne parvient pas à former son cabinet, en raison de désaccords persistants avec le président Aoun sur la forme du futur cabinet, la répartition des portefeuilles et la nomination des ministres. Les deux responsables ferraillent notamment sur la question de l'octroi du tiers de blocage au président et à la formation qu'il a créée, le Courant patriotique libre (CPL). C'est aussi autour du ministère de l’Intérieur que le bras-de-fer se poursuit entre les camps, aucune des deux parties ne souhaitant lâcher ce portefeuille stratégique à l’aune de trois consultations électorales prévues pour 2022 (municipales, législatives et présidentielle). La bataille se focalise également autour du portefeuille de la Justice, dont l’attribution dépend étroitement de celle de l’Intérieur. Jusque là, les différentes initiatives lancées pour tenter de rapprocher les points de vue ont toutes échoué et les deux principaux protagonistes ne se sont plus vus depuis plus d'un mois. Au cours de ce mois, les Libanais ont exprimé leur colère quotidiennement dans les rues du pays, face à la dépréciation toujours plus rapide de la monnaie nationale, qui s'échangeait autour des 14.000 L.L. pour un dollar après avoir atteint le seuil des 15.000 mardi, les annonces concernant la baisse des subventions, l'hyperinflation et l'incurie des dirigeants. 

"Les chocs se succèdent"
Dans son discours aux Libanais, Michel Aoun a estimé que les souffrances des citoyens ont "atteint un niveau qu'aucun peuple ne peut supporter. À l'épidémie qui persévère et dure, se sont ajoutés la pauvreté, la misère, le chômage, l'émigration, la perte du pouvoir d'achat en raison de la hausse insensée du dollar américain par rapport à la livre libanaise, les pénuries de produits essentiels (...)". Il a évoqué une "situation insoutenable, alors que nous ne sommes pas encore remis de la tragédie de l’explosion du port de Beyrouth et de ses répercussions catastrophiques". "Chaque jour, les chocs se succèdent", a-t-il déploré, ce qui "exacerbe l'anxiété des Libanais vis-à-vis de leur incapacité de vivre de manière simple et décente". 

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Affirmant ne pas avoir voulu s'exprimer jusqu'à présent concernant la crise gouvernementale "pour éviter d'attiser les tensions et de divisions politiques", il a toutefois annoncé avoir décidé de "sortir de son silence pour demander au Premier ministre désigné de venir au palais de Baabda pour former immédiatement un gouvernement, en accord avec le président de la République, tel que c’est prévu dans la Constitution". Il a affirmé que les moutures gouvernementales que lui avait précédemment remises M. Hariri "ne respectent ni l'équilibre national ni la Constitution", ce qui a conduit à la "perte d'un temps précieux et entraîné le pays dans une voie sans issue". "Le peuple en souffrance sera sans pitié vis-à-vis des responsables du blocage et du maintien d'un gouvernement chargé de l'expédition des affaires courantes", a encore averti Michel Aoun. "Personne ne tirera profit de son poste ou des querelles et des échanges d'accusations si la nation s'effondre et que le peuple devient prisonnier du désespoir et de la frustration", a-t-il encore lancé.  Et de lancer à Saad Hariri que s'il "ne peut mettre sur pied et présider un gouvernement de salut national, capable de s'attaquer à la situation dangereuse qui sévit dans le pays et dont souffre le peuple libanais, il devra céder sa place à une autre personne capable de le faire".

Dès la fin du discours, un convoi de partisans du Courant patriotique libre (CPL, qu'il a fondé) s'est dirigé vers le palais de Baabda pour lui afficher son soutien. Les automobilistes brandissaient des drapeaux oranges du parti et des portraits du chef de l'Etat, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle). 

La réponse de Hariri, une présidentielle anticipée
Le Premier ministre désigné a réagi sans tarder au discours de M. Aoun, affirmant qu'il répondrait de la même façon au président afin de lui dire qu'il se rendrait "pour la dix-septième fois" à Baabda, "tout de suite si l'emploi du temps du président le permet", pour "discuter de la mouture remise au président depuis des semaines, afin de pouvoir former immédiatement le cabinet". "Toutefois, si le président est incapable de signer le décret de formation d'un cabinet de technocrates non-partisans, tel que cela est requis, il devra expliquer aux Libanais la véritable raison qui le pousse à faire obstruction à la volonté du Parlement qui a nommé le Premier ministre et qui l'empêche depuis de longs mois d'ouvrir la voie au sauvetage" du pays, a-t-il lancé. Et de souligner, toujours en s'adressant à Michel Aoun, que, le cas échéant, il faudra alors, "pour mettre un terme aux souffrances" des Libanais, "prévoir une élection présidentielle anticipée, ce qui constituera le seul moyen constitutionnel possible pour annuler les effets de son élection il y a cinq ans à la présidence par le Parlement qui m'a nommé Premier ministre désigné il y a cinq mois". Selon la chaîne al-Manar, organe du Hezbollah, Saad Hariri se rendra demain jeudi avant-midi au palais de Baabda. Des informations que des sources au palais présidentiel ont démenties.

Les propos de Michel Aoun sont intervenus quelques heures après ceux d'une source diplomatique française qui a indiqué qu'Européens et Américains doivent accroître les "pressions" sur la classe politique libanaise pour obtenir la formation d'un nouveau gouvernement et cela pourrait in fine aussi passer par des "sanctions". "Il faut un accroissement très fort des pressions sur les acteurs libanais. Le travail des prochaines semaines c'est cela", a déclaré ce diplomate à des journalistes.

Le président français Emmanuel Macron s'est fortement impliqué, en vain jusqu'à présent, pour tenter de débloquer la crise politique au Liban. L'arrivée d'une nouvelle administration à Washington change un tout petit peu la donne même si les Américains restent très hostiles à tout échange avec le Hezbollah, très puissant sur l'échiquier politique libanais et allié de Michel Aoun.

Le chef de l'Etat libanais, Michel Aoun, a appelé mercredi soir le Premier ministre désigné, Saad Hariri, à choisir entre deux options : se rendre au palais de Baabda afin de former "immédiatement un gouvernement" en accord avec la présidence ou "céder la place à une autre personne capable" de mener à bien cette mission. Cet appel a été lancé par le président Aoun au leader sunnite...

commentaires (36)

Concernant le convoi de partisans du cpl qui s'est rendu à Baabda pour soutenir leur mentor après son discours. Ils étaient combien ces illuminés ?

DJACK

20 h 16, le 18 mars 2021

Tous les commentaires

Commentaires (36)

  • Concernant le convoi de partisans du cpl qui s'est rendu à Baabda pour soutenir leur mentor après son discours. Ils étaient combien ces illuminés ?

    DJACK

    20 h 16, le 18 mars 2021

  • Le vers est dans le fruit and nobody else than Iran controls the situation which means one way or the other Lebanon will be going trhough hell shedding blood and the free world tears

    Lillie Beth

    12 h 10, le 18 mars 2021

  • Je suis dégoûté à la lecture de ce discours, c’est à vomir !

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 23, le 18 mars 2021

  • Il y en a un deuxième qui devrait aussi céder sa place en toute urgence ! Irène Saïd

    Irene Said

    07 h 25, le 18 mars 2021

  • Lorsqu’il est arrivé au pouvoir, le Liban était au bord du gouffre. Depuis, il lui a fait faire un grand bond en avant...

    Gros Gnon

    01 h 55, le 18 mars 2021

  • Et toi, quand est-ce que tu cèdes ta place avec TOUS les autres!

    Caroline El Khoury

    01 h 07, le 18 mars 2021

  • Dès qu'on critique vertement Aoun et son gendre on est censuré, lors de mon renouvellement d'abonnement je censurerai le journal.

    Le Point du Jour.

    00 h 21, le 18 mars 2021

  • Attention , le trio infernal au service d' Israël va sévir. Dans un naufrage, l'honneur des officiers est de quitter le navire en denier. Au Liban, l' honneur du gouvernement est de partir le premier. Que le peuple souffre! Il n'a qu'à être riche ou très riche comme ceux qui le gouvernent.

    NASSER Jamil

    00 h 16, le 18 mars 2021

  • ET POURQUOI PAS UNE ABDICATION EN BONNE ET DUE FORME ET PROMPTE DE AOUN QUI BLOQUE DEPUIS SEPT MOIS LA FORMATION D,UN GOUVERNEMENT DE NON PARTISANS POURTANT AGREE AVEC MACRON ? DEGAGEZ POUR SAUVER LE PEUPLE ET LA PATRIE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    23 h 59, le 17 mars 2021

  • Si toi tu pouvais céder la tienne ce serait mieux. Ta carrière politique n'a amené que des catastrophes pour le pays en général et ta communauté en particulier.

    Liban Libre

    23 h 30, le 17 mars 2021

  • Pourquoi ne pas se prêter au jeu et entamer une vraie initiative en mettant les égos démesurés de côté et nous surprendre positivement pour une seule fois ? Je continue de rêver,

    Wow

    23 h 18, le 17 mars 2021

  • Aoun se prend pour un monarque!? C’est le parlement qui donne la légitimité constitutionnelle au gouvernement en lui accordant la confiance... Le problème n’est pas la formation du gouvernement, mais la mise en place des réformes indispensables pour bénéficier des aides promises par la communauté internationale. Le dossier de l’électricité est explosif pour le président et ses proches. Il veut absolument protéger son gendre avec le tiers de blocage et/ou le ministère de la justice... Les sanctions européennes arrivent!!!

    Alexandre Husson

    22 h 54, le 17 mars 2021

  • The parliament as a representative body has lost all legitimacy. What we need are early parliament elections and the new parliament would elect a new president. Both Aoun and Hariri have failed the leadership test and should be held responsible for their inability to come to a new agreement on the formation of a new government. Any government they form will fail due to their total lack of vision for the country. Hariri has been proposing further austerity measures on an already impoverished population. Parliament has refused to implement the much needed capital control and financial reform legislation because many of the members of parliament are shareholders or own the banks. Meanwhile, the conniving MPs and the banks have robbed the Lebanese population of their savings and refuse to give them access to their own money. This financial genocide perpetrated by the Lebanese banks in cahoots with the political elites is unprecedented in history.

    Mireille Kang

    22 h 44, le 17 mars 2021

  • Michel, Saad, Gebran, Nabih, Hassan, Walid...dégagez !!!!

    La Colère de Zeus

    22 h 33, le 17 mars 2021

  • AOUIN A ACCOUCHÉ UNE SOURIS. ET HARIRI LUI RENVOIE LA MÊME SOURIS. ET LA DANSE CONTINUE ET MACRON OBCERVE DU LOIN SANS RÉAGIR.

    Gebran Eid

    22 h 32, le 17 mars 2021

  • Une nouvelle constitution laic et democratique devrait plutot etre presenté au peuple ...

    nabil zorkot

    22 h 29, le 17 mars 2021

  • Toujours un super égo. La veille d'un accord ( selon les rumeurs) , le voilà qu'il veut démontrer qu'il est un président fort et que LUI SEUL a demandé à Hariri de passer par le palais. L'autre s'est éxécuté évidemment puisque c'était prévu selon l'accord déjà établi. Puis bonjour la démagogie, il parle de la misère de la population alors qu'il est impassible , amorphe et n'a aucune empathie envers les libanais. Les libanais de son parti ne lui servent qu'à leur demander de manifester en sa faveur lorsqu'il voit que les libanais dans leur ensemble ne rêvent que de son départ (à différents niveaux et exprimés sous différentes formes ) . Merci pour la publication et la non censure. La bouteille de champagne ( bon marché évidemment ) , nous l'ouvrirons plus tard, lorsqu'il partira de ce siège du palais.

    LE FRANCOPHONE

    22 h 27, le 17 mars 2021

  • Et pourquoi ne mettraient ils pas, sur la table, les noms des personnalités proposées, cela permettrait aux Libanais de savoir qui des deux travestit la vérité..

    C…

    22 h 25, le 17 mars 2021

  • Si je comprends bien, le president de la republique exige que le premier ministre se presente immediatement au palais presidentiel pour former un gouvernement conforme aux exigences du president. Ce qui reduit le role du premier ministre a etre son "bach kateb" comme avant Taef. Ce temps est revolu.

    Michel Trad

    22 h 22, le 17 mars 2021

  • J'espere que Hariri aura ;la decense de se recuser immediatement. Ce sera la seule facon de faire tomber toute cette clique au pouvoir

    IMB a SPO

    22 h 16, le 17 mars 2021

  • 15 fois, il est monté à Baabda, sans résultat. La veille de sa nomination, vous avez signalez votre refut, et vous continuez à le refuser. Le mal est chez vous, Monsieur. C'est à vous de décider si vous cédez la place à un autre.

    Esber

    22 h 12, le 17 mars 2021

  • Franchement, après tout ce que nous avons vécu depuis le 31 oct. 2016, pouvait-on s'attendre à mieux ? Irène Saïd

    Irene Said

    22 h 06, le 17 mars 2021

  • Mr le Président, le peuple ne veut plus ni de vous ni de Hariri. Vous êtes responsables de l'effondrement du pays et ce n' est certainement pas avec vous au pouvoir que le pays se relèvera. Votre mission qui est celle de servir le peuple a échoué. Depuis 1989, dites nous seulement ce que vous avez réalisé pour le bien du peuple libanais. Tout ce que vous avez réussi est de nous mener à l'enfer que vous nous aviez promis. Mais le jour viendra où le peuple vous dégagera, vous et tout votre clique de mafieux.

    Achkar Carlos

    21 h 57, le 17 mars 2021

  • Attendre un résultat de Aoun et de son gendre et le reste des acteurs (tous confondus)? On ferait mieux d'attendre Godot!

    Rene MALEK / AVANTIS

    21 h 55, le 17 mars 2021

  • Hariri + gens de la presse doivent se diriger à baabda pour former le gouvernement...on saura qui bluffe. Et celui qui bluffe directo à roumieh ...

    Wlek Sanferlou

    21 h 53, le 17 mars 2021

  • Aoun reconnaît que Hariri lui a présenté plusieurs moutures. On aimerait qu'il nous explique en quoi elles ne respectaient pas la Constitution.

    Yves Prevost

    21 h 49, le 17 mars 2021

  • "... "Le peuple en souffrance sera sans pitié vis-à-vis des responsables du blocage et du maintien d'un gouvernement chargé de l'expédition des affaires courantes", a encore averti Michel Aoun. ..." - C’est très bien qu’il ait cela, mais se rend-il seulement compte qu’il fait partie de ces responsables qui subiront le courroux du peuple? Je ne le pense pas...

    Gros Gnon

    21 h 40, le 17 mars 2021

  • Ainsi est Taef sans queue ni tête. Le premier ministre peut prendre des semaines voire des mois pour former son gouvernement et le chef de l'Etat ne peut plus agir seul. Triste pays.

    Antoine Sabbagha

    21 h 40, le 17 mars 2021

  • Que quelqu’un lui explique que la constitution ne lui donne pas ledernier mot dans la formation des gouvernements. Comment preserver la constitution si on ne la comprend pas.

    Saade Joe

    21 h 36, le 17 mars 2021

  • Il n'a pas changé depuis 30 ans. Un grand péché de lui avoir permis un second accès à Baabda. Grand remord.

    Esber

    21 h 26, le 17 mars 2021

  • OU CEDEZ VOTRE PLACE ! ET SI C,ETAIT L,INVERSE SE SERAIT UNE FETE POUR LE LIBAN ET LE SALUT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 24, le 17 mars 2021

  • Il se donne raison à tort.

    Esber

    21 h 21, le 17 mars 2021

  • Il a cité tous les maux et malheurs subis par les Libanais mais se rend-il compte qu'il en est en grande partie responsable au lieu de rejeter toute la faute sur l'autre ? Il fait vraiment pitié. En tout cas, je retiens une chose importante : il demande à Hariri de se rendre immédiatement à Baabda pour former avec lui le gouvernement. Avec lui seulement ? Est-ce que cela signifie que tous les autres chefs de tribus et de guerilleros n'ont plus leur mot à dire ? C'est déjà énorme.

    Robert Malek

    21 h 17, le 17 mars 2021

  • QUEL TOUPET ! L,ACCUSE SE COMPORTE EN ACCUSATEUR. TOUS LES PAYS DU MONDE SAVENT QUI SONT LES BOYCOTTEURS ET POUR LE COMPTE DE QUI ILS AGISSENT. LES SANCTIONS INTERNATIONALES S,APPRETENT. ET LE PEUPLE AUSSI POUR NETTOYER LES ETABLES DES AUGIAS LIBANAIS. PEUPLE LIBANAIS, DEGAGEZ-LES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    21 h 09, le 17 mars 2021

  • Quel toupet alors venant de la haut !Je comprends maintenant où est le problème du Liban ?c’est bien sûr l’évaluation du ridicule qui est dur à mesurer ! Au moins nous savons déjà de quoi souffre le Liban aujourd’hui et ainsi avec cet énorme pas en avant nous allons pouvoir nous sortir de cette crise!

    PROFIL BAS

    21 h 00, le 17 mars 2021

  • Il lui demande de former le gouvernement voulu par le gendre !!! ils ne valent, rien ni l'un ni l'autre

    Zeidan

    20 h 50, le 17 mars 2021

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