Au dixième jour d'un bouclage total renforcé et prolongé jusqu'au 8 février, pour tenter de limiter la propagation du coronavirus dans un Liban en crise, le pays a enregistré 52 décès et 4.176 cas supplémentaires durant les dernières 24h, selon le bilan du ministère de la Santé publié samedi soir. Ces chiffres portent le taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués pour les deux dernières semaines à 21,4%, soit une hausse de 0,4 points par rapport à vendredi. Ces statistiques font grimper à 276.587 le nombre cumulé des contaminations depuis la détection du premier cas du virus dans le pays en février 2020, au nombre desquelles 2.280 décès et 163.653 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 2.341 personnes sont hospitalisées dont 895 en soins intensifs. Un total de 57 hospitalisations ont été enregistrées depuis la veille et trois nouvelles personnes ont en outre été admises en soins intensifs.
L'Hôpital Batroun a pour sa part annoncé la mort de son ancien directeur, le Dr Michel el-Khazen, des suites du Covid-19. Celui-ci avait perdu il y a quelques jours son épouse, également morte du Covid-19. Plus d'une vingtaine de médecins ont perdu la vie en luttant contre le virus.
Variants plus mortels ?
Dans ce contexte, le président de la commission parlementaire de la Santé, le député Assem Araji, a rappelé qu'il fallait vacciner "au moins 80% de la population, sans distinction de nationalité, sans quoi nous ne pourrons contrôler la propagation communautaire".
Le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, le Dr Firas Abiad, a pour sa part alerté contre la propagation de nouveaux variants du coronavirus au Liban. "La propagation de nouveaux variants du coronavirus au Liban était attendue. Cela a peut-être contribué à la dernière hausse des cas de contamination. Mais le plus inquiétant, ce sont les informations en provenance du Royaume-Uni qui indiquent que certains variants sont plus mortels que les autres", s'est inquiété le Dr Abiad.
Selon le Premier ministre britannique Boris Johnson, le variant britannique du coronavirus, plus contagieux, semble aujourd'hui également plus mortel.
"Les nouveaux variants sont probablement une mauvaise nouvelle. Plus le virus a le temps de se propager au sein de la société, plus la probabilité d'apparition de nouveaux variants est élevée. C'est pourquoi les seules mesures de lutte contre la propagation sont peut-être insuffisantes pour que l'on puisse retrouver une vie normale. Au Liban, notre objectif est de reprendre le contrôle sur le virus. Mais pour les raisons mentionnées ci-dessus, nous aurons besoin d'adopter une stratégie de zéro coronavirus. On dira au Liban et à travers le monde que cette stratégie est impossible à réaliser. Mais nous devons quand même essayer", a conclut le médecin.
Afin d'enrayer une propagation de la pandémie devenue incontrôlable après les fêtes de fin d'année, les autorités avaient déjà annoncé un bouclage strict du Liban du 14 au 25 janvier. Un couvre-feu est instauré 24h/24 et l’état d'urgence sanitaire a été décrété. Il faut désormais remplir un formulaire en ligne ou par SMS pour obtenir une attestation de déplacement pour des motifs précis. Seuls le personnel de santé, les journalistes, les militaires, les employés du secteur alimentaire et d'autres travailleurs jugés essentiels sont exemptés. Des mesures renforcées ont également été mises en place pour tous les passagers arrivant à l'aéroport de Beyrouth, notamment l'obligation de s'isoler pendant 72h dans un hôtel, dans l'attente des résultats des tests PCR effectués à l'arrivée, avec certaines exemptions.
Nouvelles manifestations
Mais au moment où l'économie est en lambeaux, et que plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté, ce bouclage total suscite la colère de nombreux Libanais. Les manifestations contre le confinement se sont ainsi multipliées ces derniers jours. Samedi matin, une poignée de manifestants se sont rassemblés sur la place Élia, à Saïda au Liban-Sud, pour protester contre ce bouclage. Ils ont également tenu un sit-in devant le Sérail gouvernemental de la ville, réclamant des compensations financières en période de bouclage. Au Liban-Nord, d'autres manifestants ont bloqué pour le deuxième jour consécutif l'autoroute de Beddaoui.
Pour leur part, les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont annoncé samedi avoir dressé 9.985 contraventions depuis le début du bouclage renforcé, le 14 janvier. Elles ont rappelé à la population la nécessité d'obtenir une attestation pour tout déplacement, via la plateforme en ligne ou par SMS.
Face à la propagation rapide du virus, le Premier ministre sortant Hassane Diab a demandé vendredi l'aide du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Pour ne rien arranger, des complications administratives font que 160 machines à oxygène sont bloquées depuis vendredi à l'aéroport de Beyrouth, alors que le pays en a grandement besoin au moment où le Liban fait face à une pénurie de ces appareils.
commentaires (2)
sujet a enquete : est il vrai qu'on ne vous donne aucun recu du paiement des 150mille balles pour vous faire tester du covid ? meme dans les hopitaux ? A VERIFIER VITE VITE !
Gaby SIOUFI
11 h 35, le 25 janvier 2021