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Idées - Covid-19

Rater la campagne de vaccination serait fatal pour le Liban

Rater la campagne de vaccination serait fatal pour le Liban

Photo d’illustration : dans un centre temporaire de vaccination à Birmingham, au Royaume-Uni, le 21 janvier courant. Archives AFP

La catastrophe annoncée a bien eu lieu : suite au relâchement des mesures de restrictions sanitaires pendant les fêtes de fin d’année, le Liban fait face à une épidémie en phase exponentielle, avec près de 270 000 personnes contaminées par le virus du Covid-19 et 2 151 décès (à jeudi). Pour soulager un secteur hospitalier débordé (avec près de 2 300 patients contaminés) et tenter de remédier aux autres conséquences de la série d’échecs cuisants dans la gestion de cette pandémie, le gouvernement a décidé jeudi de prolonger au 8 février les mesures de confinement drastique adoptées la semaine dernière.

Cependant, dans ce contexte chaotique, c’est bien sur la vaccination que réside l’essentiel des espoirs. L’équation est simple : en se basant sur la tendance actuelle et des projections réalisées en mars dernier par une étude de la LAU, le Liban ne pourra atteindre, faute de mesures d’endiguement suffisantes, une immunité collective dans les prochains mois qu’au prix de dizaines de milliers de morts. Pour éviter cette catastrophe, la seule alternative est de réussir à vacciner en masse et rapidement : il faudrait parvenir à vacciner au moins 80 % de la population résidente dans le pays pour atteindre cette immunité collective. Rater cette campagne de vaccination, d’une ampleur jamais réalisée auparavant, comme nous avons raté celle du contrôle de la pandémie, serait donc fatal.

Questions sans réponses

Or le manque de transparence, le retard et le cafouillage qui ont accompagné le lancement de ce projet nous laissent extrêmement sceptiques à cet égard : alors qu’une dizaine de jours nous séparent du lancement prévu de la campagne, de nombreuses questions restent sans réponse. En dépit des nombreuses déclarations publiques sur le sujet, l’essentiel du plan de vaccination demeure en effet toujours au stade des principes, faute d’être accompagné d’une feuille de route, publique, précise et détaillée sur l’ensemble des aspects de la stratégie vaccinale. Seul un tel document permettrait de garantir une implémentation opérationnelle qui nécessite une préparation rigoureuse sur tout le territoire.

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Première pierre juridique de cet édifice, la loi autorisant et réglementant l’utilisation de médicaments pour lutter contre la pandémie de coronavirus, votée en urgence le 15 janvier sous la pression des médecins, des médias et du président de la commission parlementaire de la santé, s’avère bâclée à bien des égards. C’est notamment le cas en ce qui concerne l’équité des conditions d’accès au vaccin : si les pouvoirs publics ont bien ouvert la voie à une collaboration renforcée avec le secteur privé (essentiellement les hôpitaux universitaires), autorisé à importer les vaccins, certaines conditions demeurent floues. D’abord, le principe de gratuité pour tous les patients – qu’ils soient vaccinés par le public ou le privé – n’est pas explicitement garanti par le texte. Une inquiétude similaire concerne l’une des dispositions phares du texte : l’exonération de toute responsabilité juridique des fabricants de vaccins en cas de problèmes (autre que ceux éventuellement dus à un défaut de fabrication) et la création d’une Caisse nationale – en partie financée par le privé – pour l’indemnisation des personnes ayant subi des effets secondaires importants. L’introduction de cette clause, similaire aux dispositions adoptées partout dans le monde, est tout à fait normale, compte tenu des délais record d’élaboration et d’enregistrement de ces vaccins et de l’incertitude sur les effets secondaires potentiels à moyen-long terme. Cependant, une question demeure : les personnes qui auront été vaccinées par le secteur privé sont-elles couvertes par cette Caisse ? Dans le contexte actuel, il aurait fallu le stipuler clairement pour ôter tout doute éventuel à cet égard.

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Autre faille notable, l’absence de création d’un comité directeur restreint formé d’experts médicaux indépendants et intègres mais également de membres du corps judiciaire, pour superviser l’ensemble du processus : compte tenu du niveau de corruption gangrenant l’administration et de l’incapacité avérée de l’État à endiguer jusqu’à présent le marché noir en matière de médicaments, la création d’un tel comité semble en effet indispensable pour éviter qu’un tel scénario se reproduise avec la vaccination.

Les récentes déclarations du ministère de la Santé concernant la création d’une base de données nationale ont été bien reçues, il n’en reste pas moins que le mécanisme d’intégration des initiatives du secteur privé dans le plan national de vaccination ainsi que dans cette base de données n’a pas toujours été précisé.

Enfin, dans la mesure où les dispositions de cette loi correspondent essentiellement aux revendications de Pfizer-BioNTech, auprès duquel le Liban a passé commande, il faudrait s’assurer qu’elle s’avère également suffisante pour répondre aux exigences des autres laboratoires ou, à défaut, commencer dès maintenant à travailler sur une éventuelle législation ou dispositions complémentaires permettant la mise sur le marché de produits n’ayant pas encore terminé l’ensemble des études cliniques à moyen terme et des registres post-marketing.

Anticipation

Cette même logique d’anticipation invite à accélérer les négociations, qui ont déjà pris un retard significatif, avec d’autres laboratoires ayant déjà reçu une homologation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de l’EMA européenne ou de la FDA américaine mais également ceux qui ont terminé la dernière phase d’études cliniques. À ce stade, les pouvoirs publics affirment avoir déjà commandé 2,1 millions de doses à Pfizer-BioNTech auxquelles s’ajouteraient 2,5 millions de doses réservées via la plateforme Covax dont le rôle est d’assurer une répartition la plus équitable possible des vaccins à travers le monde – à noter qu’il est regrettable que cette dernière continue de considérer le Liban comme un pays à moyen revenu et non comme un pays pauvre ou en faillite, ce qui nous aurait permis de recevoir beaucoup plus d’aide à travers cette plateforme. Il reste que, jusqu’à présent, le nombre de commandes ou réservations reste bien en deçà des 10 millions de doses qu’il faudrait sécuriser pour les six prochains mois. Le gouvernement ayant annoncé être en pourparlers avec Astra-Zeneca pour la commande de deux millions de doses supplémentaires (portant le total à environ 6,6 millions de doses), il pourrait être particulièrement intéressant de négocier un partenariat scientifique plus large avec ce laboratoire, similaire à celui conclu entre Israël et Pfizer qui permet l’échange rapide de données sur le déroulement et les effets de cette immunisation contre des avantages logistiques et d’acheminement. Une démarche similaire pourrait être entreprise, soit directement à travers le ministère, soit à travers le secteur privé, avec le chinois Sinopharm, dont le vaccin est déjà utilisé dans les pays du Golfe et qui aura très probablement l’autorisation de l’OMS dans les prochaines semaines.Certaines précisions complémentaires devraient également être apportées en ce qui concerne la priorisation des bénéficiaires de la vaccination, qui varient d’un pays à l’autre en fonction de leurs caractéristiques. Les autorités ont ainsi indiqué que seraient d’abord privilégiés le personnel médical, les personnes les plus exposées et les personnes de plus de 75 ans, puis les plus de 65 ans, et enfin les autres catégories à risque. Cependant, compte tenu de la saignée des effectifs déjà subie par le système hospitalier libanais, qui a perdu 40 % de ses effectifs (pour moitié en raison de l’exode du corps soignant et pour moitié du fait des arrêts maladie provoqués par une contamination), il faudrait s’assurer que cette priorisation couvre bien l’ensemble des personnels travaillant dans les hôpitaux.

Coordination

Par ailleurs, de nombreuses dispositions devraient d’ores et déjà être prises sur le plan des conditions logistiques de la stratégie de vaccination. Cela suppose d’abord de collaborer pleinement avec le secteur privé afin de bénéficier de son expertise et de son réseau de donateurs. Un effort de coordination similaire devra être entrepris avec l’Unicef et le HCR pour convenir d’un plan de vaccination spécifique pour les réfugiés palestiniens et syriens, afin d’éviter l’apparition de nouveaux clusters incontrôlables sur le territoire. De même, il serait particulièrement souhaitable de coordonner avec les municipalités et les centres de vaccinations la logistique pour la vaccination de masse dans les différentes régions ; plus réactives et proches des citoyens que l’administration centrale, les autorités décentralisées se sont en effet globalement montrées plus efficaces que cette dernière dans l’application de certaines mesures depuis le début de la pandémie. Plus largement, il faudrait préparer le transport du vaccin en respectant la chaîne de froid depuis le centre de stockage national jusqu’aux différents centres de vaccination à travers le pays nécessitant pour certains vaccins des installations pouvant assurer des températures de -70 degrés Celsius. À signaler aussi la nécessité de recruter et mobiliser une armée de volontaires entraînés afin de pouvoir mener à bon terme et le plus rapidement possible cette campagne de vaccination sans précédent.

Il reste enfin à définir le plus précisément possible le processus de recueil du consentement éclairé des personnes vaccinées : si, à ce stade, on peut légitimement penser que le Liban ne devrait pas faire face à des phénomènes importants de défiance vis-à-vis des vaccins tels que ceux rencontrés dans d’autres pays comme la France (une tendance d’ailleurs en net recul ces dernières semaines), il conviendrait que la plateforme électronique permettant l’inscription des candidats à la vaccination et devant être lancée la semaine prochaine fournisse également une information exhaustive au sujet du processus aux candidats. Par ailleurs, la campagne devrait fournir l’occasion de généraliser l’usage d’un véritable carnet de vaccination auprès de la population, voire de lancer au plus tôt un débat public sur le passeport vaccinal – qui consiste à subordonner l’exercice de certaines activités à définir (voyages à l’étranger ou visite de personnes risques par exemple) à l’obtention d’un vaccin –, afin que le Liban ne soit pas à la traîne si une telle mesure venait à être largement adoptée à l’échelle mondiale.

Afin de nous épargner tous les déboires qui ont entraîné l’échec de la phase précédente, et de cesser d’être largués dans cette course contre la montre pour sauver des vies humaines, l’anticipation et la transparence qui ont tant fait défaut jusqu’à présent doivent, plus que jamais, être à l’ordre du jour. Dans les moments de crise, inspirer confiance vaut mieux que donner de l’espoir.

Directeur médical du centre hospitalier universitaire LAUMC-Hôpital Rizk et ancien président de la Société libanaise de cardiologie.

La catastrophe annoncée a bien eu lieu : suite au relâchement des mesures de restrictions sanitaires pendant les fêtes de fin d’année, le Liban fait face à une épidémie en phase exponentielle, avec près de 270 000 personnes contaminées par le virus du Covid-19 et 2 151 décès (à jeudi). Pour soulager un secteur hospitalier débordé (avec près de 2 300 patients...

commentaires (3)

Nous savons tous que cette campagne finira en fiaco terrible et que les privilegies seront vaccinnes et les autres pas , au moins tout de suite. Donnez moi une seule raison d'affirmer le contraire vu l'etat du pays auquel les dirigeants elus depuis quelques annees nous ont ameneS LA VERITE LA MILICE DE HB ET LES ROIS DU CPL FERONT LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS DANS CE DOMAINE CAE JE SUIS TOUJOURS PERPLEXE AU FAIT QUE AOUN PARLE AUJOURDH'UI DE NE PAS ACCEPTER QUE HARRIRI FORME SON GOUVERNEMENT ET DISCUTE , NON PLUS DES NOMS MAIS AUSSI DES PORTEFEUILLES ALORS QUE QUAND IL A SIGNE LE GOUVERNEMNT DE DIAB CONTRAIRE A TOUTES CES POSITIONS IL N'A PAS EU LE MEME SENS DE L'HONNEUR ET NOUS AVONS EU LE PIRE GOUVERNEMENT POSSIBLE AVEC LA DECISION EN MARS DE NE PAS PAYER 1,2 MILLIARDS DE BONS DU TRSOR QUI ONT MIS LE PAYS SUR LA PAILLE CAR CELA AURAIT DONNE QUELQUES MOIS DE TRAVAIL POUR FAIRE LES LOIS NECESSAIRES DEMANDES PAR LE MONDE ENTIER ET LE FMI ET LES PROCHAINES ECHEANCES A PARTIR D EJUIN AURAIENT PU ETRE HONORES GRACE A L'AIDE FOURNI ALORS LA VERITE PRESIDENT AOUN ET MR HARRIRI CHAQUE JOUR QUI PASSE MET UN CLOU D E PLUS DANS LE TOMBEAU DU LIBAN ET VOUS SEREZ JUGEES DANS L'HISTOIRE COMME LES RESPONSABLES DE LA CHUTE DU LIBAN MEME DANS CENT ANS COMME LA TURQUIE EST TENU POUR RESPONSABLE DE LA FAMINE AU LIBAN DANS LES PREMIERES ANNEES DE CE SIECLE

LA VERITE

16 h 26, le 24 janvier 2021

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Nous savons tous que cette campagne finira en fiaco terrible et que les privilegies seront vaccinnes et les autres pas , au moins tout de suite. Donnez moi une seule raison d'affirmer le contraire vu l'etat du pays auquel les dirigeants elus depuis quelques annees nous ont ameneS LA VERITE LA MILICE DE HB ET LES ROIS DU CPL FERONT LA PLUIE ET LE BEAU TEMPS DANS CE DOMAINE CAE JE SUIS TOUJOURS PERPLEXE AU FAIT QUE AOUN PARLE AUJOURDH'UI DE NE PAS ACCEPTER QUE HARRIRI FORME SON GOUVERNEMENT ET DISCUTE , NON PLUS DES NOMS MAIS AUSSI DES PORTEFEUILLES ALORS QUE QUAND IL A SIGNE LE GOUVERNEMNT DE DIAB CONTRAIRE A TOUTES CES POSITIONS IL N'A PAS EU LE MEME SENS DE L'HONNEUR ET NOUS AVONS EU LE PIRE GOUVERNEMENT POSSIBLE AVEC LA DECISION EN MARS DE NE PAS PAYER 1,2 MILLIARDS DE BONS DU TRSOR QUI ONT MIS LE PAYS SUR LA PAILLE CAR CELA AURAIT DONNE QUELQUES MOIS DE TRAVAIL POUR FAIRE LES LOIS NECESSAIRES DEMANDES PAR LE MONDE ENTIER ET LE FMI ET LES PROCHAINES ECHEANCES A PARTIR D EJUIN AURAIENT PU ETRE HONORES GRACE A L'AIDE FOURNI ALORS LA VERITE PRESIDENT AOUN ET MR HARRIRI CHAQUE JOUR QUI PASSE MET UN CLOU D E PLUS DANS LE TOMBEAU DU LIBAN ET VOUS SEREZ JUGEES DANS L'HISTOIRE COMME LES RESPONSABLES DE LA CHUTE DU LIBAN MEME DANS CENT ANS COMME LA TURQUIE EST TENU POUR RESPONSABLE DE LA FAMINE AU LIBAN DANS LES PREMIERES ANNEES DE CE SIECLE

    LA VERITE

    16 h 26, le 24 janvier 2021

  • "... Rater la campagne de vaccination serait fatal pour le Liban ..." - Donnez-nous une seule bonne raison pour laquelle ça ne raterait pas cette fois, à l’instar de TOUT ce que TOUS nos gouvernements successifs ont entrepris depuis ... toujours...

    Gros Gnon

    21 h 23, le 23 janvier 2021

  • Hum !

    Karlitch Johnny

    17 h 13, le 23 janvier 2021

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