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Société - Pandémie

Stratégie de vaccination, réformes... la Banque mondiale épingle les autorités libanaises

Le directeur régional de l’institution insiste pour le respect des priorités établies internationalement, lors de la campagne de vaccination.

Stratégie de vaccination, réformes... la Banque mondiale épingle les autorités libanaises

Des seringues contenant le vaccin Pfizer-BioNTech contre le Covid-19. Ina Fassbender/AFP

« L’accord des autorités libanaises avec Pfizer/BioNTech concerne un million et demi de doses et permettra de vacciner sept cent cinquante mille personnes contre le Covid-19 (à raison de deux doses par personne à trois semaines d’intervalle, NDLR). » C’est ce qu’a révélé hier le directeur régional de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Saroj Kumar Jha, précisant que « cet achat est entièrement financé par la BM ». Le responsable dément ainsi les promesses officielles évoquant jeudi la disponibilité de deux millions cent mille doses du vaccin américano-allemand, lors de la première étape de la campagne de vaccination qui devrait démarrer en février. M. Jha confirme, par contre, l’engagement des autorités libanaises dans le cadre de la plateforme Covax (permettant aux pays pauvres d’accéder au vaccin) pour l’importation de deux millions six cent mille doses de vaccins de différents fabricants. Financé par le gouvernement et en partie par la BM, ce processus devrait permettre de vacciner un million trois cent mille personnes supplémentaires. Il porterait à deux millions cinquante mille le nombre de personnes vaccinées à ce stade. Et non pas à trois millions comme indiqué par les autorités.

Une réponse à la pandémie pas à la hauteur de l’urgence

C’est dans le cadre d’une visioconférence de presse d’une rare virulence à l’égard de l’État libanais que le directeur régional de la BM a tenu hier ces propos. Dès le début de son intervention liée au programme de « soutien à la population » de l’institution, Saroj Kumar Jha donne le ton. « Nous sommes particulièrement inquiets de l’absence de stratégie concrète du gouvernement libanais pour répondre à la crise du Covid-19 », affirme-t-il. « Nous sentons que le pays est en train de s’effondrer. Les autorités ont échoué à mener les réformes indispensables à la stabilité du pays. Le chômage est en hausse vertigineuse, la pauvreté atteint des records. Et la réponse à la crise sanitaire n’est pas à la hauteur de l’urgence de la situation. »

Outre la gestion déplorable de la pandémie, la stratégie vaccinale « manque de transparence ». Sans oublier « l’absence de réponse aux défis économique auto-infligés, alors que la BM et la communauté internationale ont régulièrement mis en garde contre de telles pratiques ». Et ce à l’heure où la monnaie nationale continue de perdre de sa valeur face aux devises et que le blocage politique entrave la formation d’un gouvernement. « Même le secteur de l’éducation, qui faisait autrefois la fierté des Libanais, s’écroule », déplore M. Jha, évoquant le classement « au plus bas de l’échelle des élèves libanais ». C’est la raison pour laquelle « le peuple a le droit d’obtenir les informations nécessaires », martèle-t-il, invitant les autorités à « dévoiler une feuille de route claire et équitable » pour gérer la crise sanitaire, sachant que « la pandémie ne peut qu’aggraver les crises » du pays.

En tête des priorités de la BM, la nécessité de « sauver des vies » et de « soutenir les plus défavorisés ». D’où son double soutien à la population libanaise. Celui de 34 millions de dollars au processus de vaccination, d’abord. « Sauf que pour juguler la pandémie, le déploiement du vaccin doit être basé sur le respect des priorités » recommandées par l’Organisation mondiale de la santé et la communauté internationale, insiste Saroj Kumar Jha. « D’abord les travailleurs de la santé puis les populations de plus de 65 ans, ensuite les catégories à haut risque présentant des comorbidités… » Et ce sachant que le vaccin sera acheminé au Liban par petites quantités. Or, « les détails ne sont pas clairs, ce qui est loin de nous satisfaire », gronde le directeur régional, rappelant que « la publication d’une stratégie étatique est une condition requise par la BM ».

Crainte de voir délaissés réfugiés et travailleurs migrants

Indiscutablement, l’institution craint « les violations » de l’engagement du Liban officiel à respecter les priorités recommandées. Sa méfiance est claire envers les autorités. M. Jha évoque au passage l’horreur de la double explosion du 4 août, la grande vulnérabilité de la population touchée par le drame. « Le processus doit être conforme aux standards internationaux, et la BM entend bien veiller à sa bonne application », met en garde le responsable. Au cœur des craintes de la communauté internationale, celle de voir délaissés les non-Libanais, particulièrement les communautés réfugiées et les travailleurs étrangers. « Les réfugiés syriens de plus de 65 ans ou présentant une comorbidité devront aussi être vaccinés en priorité. Il doit en être de même des travailleurs migrants », préconise M. Jha. « Tout le monde doit être en sécurité, sinon le pays ne vaincra pas la pandémie », insiste-t-il, promettant « l’escalade » au cas où les autorités ne respecteraient pas ce protocole international et qu’un « problème systémique » entraverait la distribution équitable du vaccin.

Dans un contexte qui voit plus de la moitié de la population touchée par la pauvreté, la BM veut, ensuite, assurer un « filet de sécurité » aux plus défavorisés afin de « leur permettre de nourrir leurs familles ». « Elle accordera donc une enveloppe financière d’urgence aux 147 000 familles les plus pauvres, principalement syriennes, mais aussi libanaises, dont 87 000 enfants », précise Saroj Kumar Jha. Et ce à travers des « cartes de débit alimentées mensuellement à raison de 800 000 LL environ par mois par famille de six personnes » (un couple et quatre enfants). « Administré par le Programme alimentaire mondial et supervisé par la BM, le programme fera l’objet d’un contrôle strict de la part d’une agence indépendante, promet M. Jha. Tout bénéficiaire sera donc soumis à une vérification avant la réception de l’aide. » Seule inquiétude, ce programme humanitaire ambitionnait de remettre à ces familles miséreuses « une aide en dollars américains » afin qu’elles n’aient pas à subir les contrecoups en cas de nouvel effondrement de la livre libanaise. « Mais cela n’a pas été possible, le gouvernement libanais ayant jugé nécessaire d’harmoniser les différents programmes d’assistance humanitaire », regrette le directeur régional qui table sur un réajustement de l’enveloppe en cas de nouvelle dépréciation de la monnaie locale.

« L’accord des autorités libanaises avec Pfizer/BioNTech concerne un million et demi de doses et permettra de vacciner sept cent cinquante mille personnes contre le Covid-19 (à raison de deux doses par personne à trois semaines d’intervalle, NDLR). » C’est ce qu’a révélé hier le directeur régional de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient, Saroj Kumar Jha, précisant...

commentaires (7)

""""Seule inquiétude, ce programme humanitaire ambitionnait de remettre à ces familles miséreuses « une aide en dollars américains » afin qu’elles n’aient pas à subir les contrecoups en cas de nouvel effondrement de la livre libanaise. « Mais cela n’a pas été possible, le gouvernement libanais ayant jugé nécessaire d’harmoniser les différents programmes d’assistance humanitaire », regrette le directeur régional qui table sur un réajustement de l’enveloppe en cas de nouvelle dépréciation de la monnaie locale."""" Mr. Saroj Kumar Jha connait bien notre pays pour émettre une opinion. Faisons les comptes, 800.000ll par famille de six personnes font 200$ (à un taux de 4000 livres), pour se nourrir. Ce n’est quand même pas la fin du monde pour les banquiers. Mais entre une aide en dollars américains pour les "familles miséreuses", et un gouvernement qui préfère harmoniser les programmes humanitaires, revient à prendre des dollars pour renflouer la monnaie locale et donner l’équivalent en monnaie de singe. Cela s’appelle "harmoniser les programmes humanitaires" !

L'ARCHIPEL LIBANAIS

13 h 47, le 24 janvier 2021

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Commentaires (7)

  • """"Seule inquiétude, ce programme humanitaire ambitionnait de remettre à ces familles miséreuses « une aide en dollars américains » afin qu’elles n’aient pas à subir les contrecoups en cas de nouvel effondrement de la livre libanaise. « Mais cela n’a pas été possible, le gouvernement libanais ayant jugé nécessaire d’harmoniser les différents programmes d’assistance humanitaire », regrette le directeur régional qui table sur un réajustement de l’enveloppe en cas de nouvelle dépréciation de la monnaie locale."""" Mr. Saroj Kumar Jha connait bien notre pays pour émettre une opinion. Faisons les comptes, 800.000ll par famille de six personnes font 200$ (à un taux de 4000 livres), pour se nourrir. Ce n’est quand même pas la fin du monde pour les banquiers. Mais entre une aide en dollars américains pour les "familles miséreuses", et un gouvernement qui préfère harmoniser les programmes humanitaires, revient à prendre des dollars pour renflouer la monnaie locale et donner l’équivalent en monnaie de singe. Cela s’appelle "harmoniser les programmes humanitaires" !

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    13 h 47, le 24 janvier 2021

  • LA BM "EPINGLE" LES AUTORITES . HAHAHAHA ! CES MECREANTS ? IL LEUR FAUT BIEN PLUS QUE CA . EN FAIT IL LEUR FAUT QQ CHOSE DE TOUT A FAIT DIFFERENT POUR LES DELOGER . DEVINEZ QUOI/COMMENT/QUI/QUAND ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 29, le 24 janvier 2021

  • Et l'on parle ensuite de familles de 6 personnes!

    Yves Prevost

    07 h 54, le 24 janvier 2021

  • "147 000 familles les plus pauvres, (...) dont 87 000 enfants ". Il doit y avoir une erreur dans les chiffres. Cela donnerait une moyenne de 1,7 personnes par famille. Soit 87000 enfants avec un seul parent, et les autres "familles" constituées de célibataires!

    Yves Prevost

    07 h 52, le 24 janvier 2021

  • Je n'aurais jamais pensé que mon Liban aurait tombe ci bas

    Eleni Caridopoulou

    16 h 55, le 23 janvier 2021

  • Si ces organisations sont aussi humanitaires qu'ils le disent ils n'ont qu'a pratiquer leur humanisme en renvoyant ces "pauvres gens" dans leur milieu, ou qu'à demander à leurs dirigeants de les recueillir à bras ouverts. Demandez à un affamé dont le plat lui suffit à peine, de le partager avec une famille dont le passé lui reste à travers la gorge. C'est à leur gouvernement de leur trouver une solution.

    Citoyen

    12 h 26, le 23 janvier 2021

  • """En tête des priorités de la BM, la nécessité de « sauver des vies » et de « soutenir les plus défavorisés , et la Crainte de voir délaissés réfugiés et travailleurs migrants""" y en a marre de ces gens la-ONU, BM, les ONG et pays riches de nous assener leurs "soucis humains Hypocrites". qu'ils nous pourvoient des moyens veritables et nous serons aptes a faire ce qu'il faut.

    Gaby SIOUFI

    11 h 42, le 23 janvier 2021

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