
Des policiers patrouillant sur la corniche de Beyrouth, déserte, alors que le pays est sous couvre-feu total, le 14 janvier 2021. Photo Reuters/Issam Abdallah
Au deuxième jour d'un reconfinement renforcé, le Liban a enregistré un nouveau triste record de 44 décès et 6.154 nouveaux cas de Covid-19 au cours des dernières 24h, selon le dernier bilan du ministère de la Santé publié vendredi en soirée. Ces chiffres portent le taux de contamination par rapport au nombre de tests effectués pour les deux dernières semaines à 18,4 %, un chiffre en hausse constante. Ces statistiques font grimper à 243.286 le nombre cumulé des contaminations depuis la détection du premier cas du virus dans le pays en février 2020, au nombre desquelles 1.825 décès et 149.108 guérisons. Parmi les cas toujours actifs, 1.865 personnes sont hospitalisées, dont 681 en soins intensifs. Cela équivaut à 64 hospitalisations de plus en 24h, et 26 admissions supplémentaires en soins intensifs.
Par ailleurs, alors que le pays connaît une recrudescence de la pandémie, un membre de la commission parlementaire de la Santé, le député Ali Mokdad, a annoncé que des tests PCR réalisés dans deux laboratoires au Liban ont révélé la présence d'un variant du virus qui se propage plus rapidement. "Les tests PCR ont montré la présence d'une mutation génétique dans le virus. 50% des tests réalisés au cours des derniers jours ont révélé l'existence d'un nouveau type de virus. Le danger est qu'il se propage plus rapidement", s'est inquiété le député. "Nous ne savons pas encore si nous sommes confrontés à un nouveau type de virus ou si c'est le coronavirus qui a évolué", a affirmé M. Mokdad. D'après le quotidien libanais al-Akhbar, ces deux laboratoires où la mutation a été détectée sont situés dans la banlieue sud de Beyrouth.
Une nouvelle inquiétante dans un contexte de saturation des hôpitaux et d'épuisement du personnel soignant. Aussi l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Liban a-t-elle mis en garde les jeunes et les personnes ne souffrant pas d'autres pathologies de ne pas sous-estimer le danger du coronavirus. "Il peut conduire à la mort", a-t-elle affirmé dans une vidéo publiée sur Twitter. "Il y a beaucoup de cas de contaminations chez les jeunes, certains en sont morts", a rappelé l'OMS.
Lundi, afin d'enrayer une propagation de la pandémie devenue incontrôlable après les fêtes de fin d'année, le Conseil supérieur de défense a annoncé le bouclage total du Liban du 14 janvier à 5h jusqu'au 25 janvier à la même heure. Durant cette dizaine de jours, un couvre-feu est instauré 24h/24 et l’état d'urgence sanitaire décrété. Quelques exceptions sont prévues pour le personnel de santé, les journalistes, les militaires, les employés du secteur alimentaire et d'autres travailleurs jugés essentiels. Le gouvernement a dans ce contexte annoncé la mise en place de formulaires à remplir en ligne ou par SMS afin d'obtenir une attestation de déplacement pour des motifs précis durant toute la période de durcissement du confinement. Une série de mesures renforcées a également été annoncée lundi pour les voyageurs arrivant à l'aéroport de Beyrouth. Mercredi, la compagnie Middle East Airlines (MEA) a ainsi annoncé les modalités de la procédure exceptionnellement mise en place pour tous les passagers arrivant au Liban à partir du jeudi 14 janvier et jusqu'au 25 janvier.
Sur le terrain, ce bouclage total semblait relativement bien respecté, les routes du pays étant quasiment désertes et une grande majorité des commerces fermés. Les forces de l'ordre ont installé des barrages routiers dans les différentes régions afin de mener tous les contrôles nécessaires. Un sit-in a toutefois été organisé à Tripoli (Nord) contre l'état d'urgence sanitaire et afin de réclamer des aides financières de la part de l'Etat pour permettre aux travailleurs privés de leur revenu pendant le confinement de tenir le coup.
Prochaines semaines "difficiles"
Le directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri de Beyrouth, le docteur Firas Abiad, a pour sa part jugé satisfaisant le respect du bouclage. "Les prochaines semaines vont être difficiles. Cependant, le respect du confinement est encourageant. (...) Rester à la maison n'est pas facile et beaucoup sont sous forte pression financière et mentale. Le confinement ne peut pas échouer", a affirmé le docteur sur Twitter. "Prévoir est aussi requis. Quid de l'après-confinement ? Comment en éviter un autre ? Cela requiert une bonne organisation et une large campagne de conscientisation pour améliorer le respect des mesures", a-t-il estimé.
De son côté, le centre médical de l'Université américaine de Beyrouth (AUB) a exhorté tous les Libanais à être responsables et à prendre toutes les mesures de précaution nécessaires. "Nos soignants sont débordés et nos unités Covid-19 saturées. Nous sommes incapables de trouver des lits même pour les patients dans un état critique", a-t-il averti.
En outre, le ministère de la Santé a réagi dans la soirée à des critiques sur les réseaux sociaux concernant le stockage, dans la Cité sportive de Beyrouth, d'une cinquantaine de respirateurs artificiels offerts par le Qatar, alors que le pays manque cruellement de places en soins intensifs. Ces appareils "seront installés la semaine prochaine, lorsque l'installation de l'hôpital de campagne (également offert par Doha, ndlr) sera finalisée à Sir el-Denniyé (Nord)", a précisé le bureau de presse du ministère.
Pour sa part, le ministre sortant des Finances, Ghazi Wazni, a donné des instructions pour que soient versés 67 milliards de livres libanaises dus par l'Etat aux hôpitaux privés pour l'année 2020. Les hôpitaux privés sont régulièrement accusés par le ministère de la Santé de ne pas contribuer suffisamment à l'effort national en refusant pour certains d'ouvrir leurs portes aux patients atteints du Covid-19. Ceux-ci rétorquent qu'ils ne pourront améliorer leurs capacités d'accueil que lorsque l'Etat leur aura réglé les arriérés de paiement qu'il leur doit.
Plus tôt dans la journée, le Parlement libanais avait adopté une loi régulant l'utilisation d'urgence des vaccins, qui est réclamée par les sociétés produisant ces vaccins afin de se dédouaner en cas de dommages ou d'effets secondaires indésirables.
commentaires (4)
Ce sont probablement les contaminés asymptomatiques et théoriquement il y en a beaucoup. Donc on ne peut dire qu’ils sont guéris puisqu’ils n’ont pas développé la maladie. c’est une hypothèse...
mokpo
21 h 42, le 15 janvier 2021