« Je ne fermerai pas mon local, je dormirai ici et je n’arrêterai pas de travailler. Que les policiers viennent m’arrêter. Je les attends de pied ferme », s’insurge Akram Nehmé de l’initiative Achrafieh 2020. C’est à partir de son local Histoire-Géo qu’il distribue au quotidien des centaines de colis alimentaires et des plats chauds aux plus nécessiteux de ce quartier de la capitale.
Dans un pays où 55 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et ne mange pas à sa faim, le gouvernement n’a pas exempté les ONG locales, qui distribuent des plats chauds et des colis alimentaires aux plus pauvres, des mesures strictes du confinement et du couvre-feu qui dureront jusqu’au 25 janvier. Cela prive de nourriture des milliers de Libanais aux quatre coins du pays, notamment dans Beyrouth et sa banlieue.
« Rien ne nous empêchera de continuer. Les volontaires sont là, nous venons de recevoir 240 plats chauds de femmes d’Achrafieh qui cuisinent chez elles et nous allons les distribuer aujourd’hui. Le gouvernement a donné l’autorisation aux commerçants de fourrage de circuler alors que les ONG qui donnent à manger aux êtres humains doivent fermer. Très bien, qu’il nous considère alors comme des marchands de fourrage », dit-il en colère.
Maya Ibrahimchah, fondatrice de Beit el-Baraka, est furieuse. « Les dirigeants vivent dans leur tour d’ivoire. Est-ce qu’ils savent que si les gens ne travaillent pas, ils ne mangent pas ? Est-ce qu’ils savent qu’il y a des Libanais qui ne donnent plus de fruits et de légumes à leurs enfants ? Est-ce qu’ils savent combien coûte le lait ou la viande ? Ils croient que tous les Libanais peuvent encore aller faire leurs courses au supermarché ou encore téléphoner pour se faire livrer de la nourriture », martèle-t-elle.
Durant les trois jours précédant le couvre-feu, Beit el-Baraka a travaillé d’arrache-pied pour pouvoir donner le plus de nourriture possible aux personnes dont l’ONG s’occupe. « Du riz, de la farine, de l’huile et des aliments qu’on peut conserver. Nous avons des fermes, avec du lait et des légumes hors de Beyrouth et les personnes soutenues par Beit el-Baraka en reçoivent régulièrement. Qu’ils nous laissent distribuer nos produits », s’insurge-t-elle.
PV pour une voiture transportant du pain
Avec la chute vertigineuse de la livre face au dollar, la crise économique et monétaire et la pandémie de la Covid-19, des milliers de Libanais ont sombré dans la pauvreté en l’espace de quelques mois. Beaucoup, notamment ceux qui ont des enfants, ne mangent plus qu’une seule fois par jour pour donner la priorité à leurs enfants alors que la viande a vraiment disparu des repas. Elle est remplacée occasionnellement par le poulet, alors que certaines mères de famille remplissent les sandwiches de leurs enfants de yaourt car même s’il est moins nutritif, il a plus de volume que la labné quand il est étalé sur du pain.
Fadi Ghazzaoui, responsable de l’Initiative Ras el-Nabeh, fait ses calculs. « Un sac de pain coûte 2 000 livres, pour un mois c’est 60 000 LL. Même au cœur de Beyrouth, certaines personnes ne peuvent manger que du pain alors que les dirigeants continuent de recevoir chez eux avec des tables bien garnies… Je ne sais pas comment nous allons faire dans les jours à venir. Là, nous venons d’avoir l’autorisation de distribuer du pain. Il y a quelques jours, l’une de nos voitures transportant des sacs de pain s’est fait verbaliser. Est-ce que l’État sait qu’en soutenant les plus pauvres nous sommes en train de faire son travail ? » demande-t-il.
Dans une épicerie de Nabaa, bidonville de la banlieue est de Beyrouth : Marie, 80 ans, sandales en plastique aux pieds sous une pluie battante, veut acheter un sac de pain. Elle n’a pas pu faire de provisions. « Donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour », dit-elle reprenant une phrase du Notre-Père et tenant le sac de ses deux mains.
Frêle et souriante, Marie, qui vit avec sept chats, raconte qu’elle mangera aujourd’hui et demain, et peut-être pour le reste du confinement, du pain et du yaourt. Elle ne se plaint pas. « Il y a beaucoup de personnes et d’ONG qui m’aident. J’ai de la chance. Souvent, on me remet des plats chauds. Parfois, des colis alimentaires. Quand je n’ai plus rien, je mange du pain et du yaourt et c’est bon. »
Marie était surveillante dans une école privée, elle a arrêté de travailler il y a huit ans.
Manger de la viande, un rêve
En ce premier jour de couvre-feu, les rues de Nabaa sont presque désertes et cela même si les marchands des quatre-saisons, les épiciers et les boulangers sont restés ouverts. Il y a ceux qui ont fait peu de provisions au cours des trois derniers jours, épuisant le peu d’argent qu’ils avaient et d’autres, comme Marie, qui ont préféré acheter leurs affaires au jour le jour car ils n’ont pas les moyens de faire des stocks.
Souad traverse la rue, elle porte des sacs de légumes et presse le pas sous la pluie. « Je viens à pied de Sin el-Fil, ma fille qui est encore plus pauvre que nous m’a acheté ces légumes. Elle est enseignante et arrive à peine à s’occuper de son mari malade et de son fils aux besoins spéciaux », raconte-t-elle.
Cette sexagénaire qui vit avec son mari cuisinier à la retraite et cardiaque souligne : « J’essaie de ne pas me préoccuper. Mes enfants ne me laisseront jamais tomber. Je suis déplacée de la Montagne depuis 1983. Nous sommes passés par beaucoup d’épreuves mais ces jours sont les plus noirs de notre vie. »
Nabaa abrite des personnes de toutes les communautés et de toutes les nationalités qui ont la pauvreté en partage.
Fady, 28 ans, et Abdallah, 20 ans, sont frères. « Notre mère est libanaise chiite et notre père est syrien sunnite. C’est elle qui porte la culotte », plaisante Fady promenant un chien bâtard blanc alors que son frère tient un sac en papier plein de manakiche au thym toutes chaudes.
« Nous sommes devenus le peuple du “Katter kheir Allah” (Merci mon Dieu) car c’est seulement grâce à la bonté divine que nous survivons. Nous remercions la Providence pour notre situation actuelle car nous savons que tout peut empirer à tout moment », s’exclame encore Fady. « Je suis électricien et mon père chauffeur de taxi. Chaque jour de chômage est un manque à gagner », poursuit-il.
« Cela fait neuf mois que je n’ai plus de boulot. Avant ce couvre-feu, nous avons réussi à faire des provisions pour les dix jours à venir. Du pain et des produits laitiers. Rien d’autre car nous n’avons pas les moyens. Manger de la viande est devenu inaccessible. Cela fait deux mois que nous n’en avons pas ramené à la maison », note de son côté Abdallah. Son frère renchérit : « La vie que nous menons n’est pas digne d’un être humain. J’aimerais partir, vivre ailleurs dans un pays qui se respecte car là-bas, même les animaux sont mieux traités que nous. »
AVEC LES MAFIEUX DE LA TETE DE L,ECHELLE ET JUSQU,A SA BASE, CORROMPUS, VOLEURS ET INCOMPTENTS FAUT S,ATTENDRE A DES JOURS PLUS NOIRS ENCORE SI UNE REVOLUTION EN BON ET DUE FORME NE BALAIE PAS TOUTE CETTE RACAILLE QUI A GOUVERNE ET GOUVERNE TOUJOURS LE PAYS, LES TRAITRES AVANT LES AUTRES, D,UN SEUL COUP. AILLEURS LES PEUPLES ONT IMPOSE LES REFORMES ET LES CHANGEMENTS. LIBANAIS DEGAGEZ-LES ! MAIS LE MALHEUR C,EST QU,AU LIBAN IL N,Y A PAS UN PEUPLE MAIS DES PEUPLES ET LES MAFIEUX LE SAVENT BIEN ET COMPTENT SUR CA. MEME LES CHRETIENS NE PEUVENT PAS S,ENTENDRE ENTRE EUX ET POURTANT IL EN VA DE LEUR EXISTENCE MEME. PAREILS POUR LES AUTRES. EXCEPTION POUR LES MERCENAIRES QUI CONTROLENT LEUR COMMUNAUTE.
22 h 29, le 15 janvier 2021