
Le général Joseph Aoun, commandant en chef de l'armée libanaise, scrutant l'horizon à l'aide de jumelles. Photo tirée du site web de l'Armée libanaise
Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun, a affirmé vendredi à l'occasion du 77ème anniversaire de l'Indépendance qu'il ne peut y avoir de "laxisme" face à ceux qui tentent de miner la paix civile et l'intérêt national du pays, en référence aux menaces israéliennes et au terrorisme islamiste.
Cette année, les célébrations de l'indépendance du Liban ont été annulées en raison de la pandémie du coronavirus et les commémorations se limiteront à la pose, comme chaque année, de gerbes de fleurs sur les tombes des pères de l'indépendance.
Phase critique
"Soixante-dix-sept ans après l'Indépendance, le Liban traverse actuellement une phase critique et difficile sans précédent sur les plans politique, économique et social. Ce à quoi s'est ajouté la catastrophe du port avec son lot de pressions supplémentaires et de la pandémie du coronavirus", a déploré le général Aoun dans son ordre du jour aux soldats, en référence à la gigantesque explosion qui a fait plus de 200 morts et 6.500 blessés le 4 août à Beyrouth. Il a dans ce cadre salué les efforts de l'armée qui, selon lui, "a ramené la vie au port en un temps record". Il a également salué l'aide internationale qui a afflué au Liban au lendemain du drame, exprimant sa "reconnaissance".
"Je suis confiant que grâce à notre unité et notre solidarité, nous allons franchir cette étape comme nous avions franchi les crises qui ont frappé notre pays par le passé", a assuré le général Aoun aux militaires.
Bataille des droits et des ressources
Le chef de l'armée libanaise a en outre abordé la question des négociations entre le Liban et Israël pour la délimitation des frontières maritimes qui pourraient ouvrir la voie à l'exploitation des ressources en hydrocarbures off-shore. "L'armée, soutenue par une unanimité officielle et populaire, mène la bataille des droits et des ressources au moyen de négociations techniques indirectes avec l'ennemi israélien pour délimiter les frontières maritimes, avec la ferme conviction qu'il ne peut y avoir d'abandon de tout ce qui a trait à la souveraineté nationale", a martelé le général Aoun.
Et d'ajouter en s'adressant aux soldats : "Soyez vigilants et pleinement préparés à faire face aux ennemis du Liban. Car l'ennemi israélien n'arrête pas de menacer d'attaquer notre territoire, et ses intentions hostiles à notre égard sont incessantes. Quant aux cellules terroristes, elles n'ont cessé de planifier des atteintes à notre stabilité intérieure. Nous comptons sur vous pour faire face à ces dangers et empêcher les séditions. Pas de laxisme avec ceux qui minent la sécurité de la nation et sa stabilité. Pas de laxisme avec ceux qui tentent de porter atteinte à l'intérêt national et miner la paix civile".
Aoun s'adresse aux Libanais samedi
A l'occasion de l'Indépendance, le chef de l'Etat, Michel Aoun, doit s'adresser samedi à 20h aux Libanais. Pour sa part, le président du Parlement, Nabih Berry, a dit vendredi : "L'Indépendance a commencé avec un gouvernement. Qu'en est-il aujourd'hui ?". Depuis près d'un mois, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, tente de former son équipe, mais de rudes tractations politiques autour du partage de part empêche la naissance du cabinet.
Dans ce contexte, le général d’armée François Lecointre, chef d’état-major des armées françaises (CEMA), est arrivé jeudi au Liban en visite officielle. Le général Joseph Aoun l'a reçu vendredi matin à Yarzé. Le général Lecointre a déposé une gerbe sur la stèle du soldat inconnu au siège du ministère de la Défense à Yarzé. Les deux hauts-gradés ont ensuite signé un "document d'entente sur l'amélioration des capacités de l'armée libanaise".
Le commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun (g), en compagnie du chef d'état-major des armées française, le général François Lecointre (c), le 20 novembre à Yarzé. Photo ANI
Le général Lecointre s'est rendu ensuite au port dévasté de Beyrouth vers à midi, pour une visite d'inspection en compagnie de son homologue libanais.
Le général Aoun a par ailleurs reçu des mains du général Lecointre les insignes d’officier de la Légion d’honneur. Les insignes ont été remises en présence de l'ambassadrice de France à Beyrouth, Anne Grillo, à bord de la frégate française Aconit, bâtiment de premier plan de la marine française, en escale à Beyrouth, précise l'armée libanaise dans un communiqué. Lors de cette cérémonie, le chef d'état-major a salué "les compétences militaires, l'impartialité et la clairvoyance" du commandant libanais. L'ambassade de France avait, elle, précisé que le général Aoun serait décoré "pour son implication sans faille dans le développement de la coopération de défense entre les deux pays, son action émérite à la tête de l’armée libanaise, dont l’engagement pour la sécurité et la stabilité du Liban mérite d‘être salué".
commentaires (7)
Annuler les célébrations de la fête de l'Indépendance a cause du coronavirus? Je dirais que ca devrait plutôt être par respect aux victimes du 4 aout, mais l'idée n'aura même pas effleuré l'esprit de ces vendus. Situation ubuesque!
CW
00 h 10, le 21 novembre 2020