Un nouveau délai pour tenter de débloquer la formation du gouvernement qui bute principalement sur les demandes du tandem chiite (Amal-Hezbollah), qui s'attache notamment au ministère des Finances, a été fixé à dimanche, après d'intenses contacts entre les parties prenantes la nuit dernière. Des contacts qui ont finalement abouti à ce que Paris accepte les demandes des formations chiites.
L'entretien qui a réuni l'ambassadeur de France, Bruno Foucher, et le responsable des relations extérieures du Hezbollah, Ammar Moussaoui, et auquel Bernard Emié, un des principaux membres de la cellule française chargée du dossier libanais, a participé par visioconférence, selon notre correspondant politique Mounir Rabih, ainsi que les contacts avec le leader d'Amal, Nabih Berry, ont permis certaines percées. Ainsi, Paris a accepté que le tandem chiite obtienne finalement les Finances. Toujours selon Mounir Rabih, les discussions dans ce cadre se concentrent sur la recherche d'un spécialiste accepté par l'ensemble des parties pour occuper le poste de ministre des Finances, un portefeuille qui ne sera plus soumis au principe de rotation, dans une tentative de déblocage. Cette proposition ouvre cependant la voie à d'autres éventuels nœuds : si le tandem chiite venait à garder le portefeuille des Finances, d'autres formations politiques pourraient réclamer des maroquins en particulier et demander à ce que ceux-ci aussi ne pas soient soumis au principe de rotation. Reste également à savoir ce que fera Paris, en contact depuis la nuit dernière avec la Maison du Centre, pour que le leader du courant du Futur, Saad Hariri, qui agit en coulisses avec les anciens Premiers ministres, concède les Finances au tandem chiite. Selon Mounir Rabih, ces derniers refusent de faire cette concession et veulent que Moustapha Adib se récuse. Dans ce cadre, la chaîne locale LBC, citant des sources proches du dossier, a fait état de contacts de haut niveau entre Paris et Riyad, notamment après la dernière prise de position de Saad Hariri, proche du royaume. Le leader sunnite s'était prononcé, pour la première fois hier, sur le dossier, affirmant que "le ministère des Finances ainsi que les autres portefeuilles ne relèvent pas du droit exclusif d’une communauté bien déterminée".
Adib parle d'une approche "incompatible" avec sa mission
En attendant une percée, le Premier ministre désigné Moustapha Adib, attendu initialement jeudi à 11h à Baabda, a demandé le report jusqu'à 17h de son entretien avec le président Michel Aoun. M. Adib, censé, conformément à l'initiative française, former un cabinet "de mission" composé de spécialistes indépendants et respectant le principe de la rotation des portefeuilles, pourrait s'entretenir par la suite avec Nabih Berry à Aïn el-Tiné. Ce qui semble pour le moment certain, c'est que le Premier ministre désigné ne présentera pas de mouture de son cabinet aujourd'hui, selon notre correspondant politique.
"La mission qui m'a été confiée sur la base d'une entente de la majorité des forces politiques du pays est la formation d'un gouvernement de spécialistes non politique en un temps record et le début immédiat de la mise en œuvre des réformes", a d'ailleurs déclaré M. Adib, selon des propos rapportés par des sources proches du PM désigné citées par Hoda Chedid, deux heures avant son entretien avec M. Aoun. "Sur cette base, l'objectif n'est ni d'imposer un point de vue ni d'attaquer l'une des composantes politiques du pays, mais de former un cabinet de spécialistes. Toute autre proposition exigera une approche différente et cela est incompatible avec la mission qui m'a été confiée", a ajouté le Premier ministre. "Parce que je suis attaché à ce que ma mission soit compatible avec l'esprit de l'entente politique autour d'un gouvernement de spécialistes, j'ai demandé au chef de l'Etat de reporter notre entretien à cet après-midi, afin d'effectuer davantage de contacts avant de définir une position définitive".
Mercredi, la présidence française avait estimé qu’"il n’est pas trop tard pour former un nouveau gouvernement ", sans manquer de tancer les responsables politiques libanais en regrettant le fait qu’ils "ne soient pas parvenus à former un gouvernement dans le délai de 15 jours qu’ils avaient promis de respecter lors de la dernière visite d’Emmanuel Macron" il y a 17 jours.
À mon avis, Que M. Adib accomplisse sa mission de nommer un gouvernement de 12 ministres, et de laisser l'odieux de l'échec soit sur le PRÉSIDENT Aoun, ou/et sur le tandem chiite par leur refus officiel et publique de l'accepter. Tout le peuple libanais et le monde entier en seront témoins !
04 h 41, le 18 septembre 2020