
L'entrée du palais de Baabda. Photo d'archives Ibrahim Tawil
Les consultations parlementaires contraignantes, devant mener à la nomination du futur Premier ministre libanais, auront lieu lundi au palais de Baabda, trois semaines après la démission du cabinet de Hassane Diab, dans la foulée des explosions du 4 août à Beyrouth.
Ce rendez-vous a été fixé lors d'un appel entre le président de la République, Michel Aoun, et le chef du Législatif, Nabih Berry. Il a été confirmé alors que le président français, Emmanuel Macron, est attendu lundi soir à Beyrouth. Lors d'une visite dans la capitale libanaise, deux jours après la double explosion dans le port, le président français avait pressé les dirigeants libanais de former rapidement un gouvernement de confiance. Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait, lui, averti que faute d'une formation rapide d'un gouvernement et de l'adoption de réformes "d'urgence", le Liban courait le risque de disparaître.
Les consultations commenceront à 9h, avec des entrevues, respectivement, avec les anciens Premiers ministres Nagib Mikati, Saad Hariri et Tammam Salam. Seront ensuite reçus par le chef de l'Etat : le vice-président de la Chambre, Elie Ferzli, les blocs du Futur, du Hezbollah, le "groupe parlementaire national" de Farid el-Khazen et Tony Frangié, les députés joumblattistes, le bloc du centre indépendant (de l'ancien Premier ministre Nagib Mikati), le Parti syrien national social, la Rencontre consultative (constituée de députés sunnites proches du régime syrien), les Forces libanaises, puis les neuf députés indépendants. Dans l'après-midi, le président Aoun recevra le bloc du Liban fort (aouniste), les députés arméniens, le bloc de la Garantie de la montagne (regroupant notamment le député druze Talal Arslane) et enfin le bloc du mouvement Amal (mené par le président de la Chambre, Nabih Berry).
Lors de ces consultations, chaque bloc parlementaire doit nommer la personnalité sunnite qu'elle souhaite voir former le prochain gouvernement.
La convocation aux consultations parlementaires s'est fait attendre trois semaines, alors que des tractations avaient lieu entre les différentes formations politiques de la majorité, afin de s'entendre préalablement sur la forme du futur gouvernement et sur le nom du futur président du Conseil. Jusqu'à présent, aucun consensus n'a émergé sur le nom de la personnalité qui devra diriger le gouvernement, alors que l'ancien Premier ministre Saad Hariri avait annoncé mardi qu'il n'avait pas l'intention de revenir au pouvoir. Sa candidature était notamment souhaitée par le président de la Chambre, Nabih Berry, et le Hezbollah, mais rejetée par le Courant patriotique libre (CPL, aouniste) ainsi que par les Forces libanaises (de Samir Geagea) et le Parti socialiste progressiste (de Walid Joumblatt).
Les anciens Premiers ministres, qui se sont réunis en début de soirée afin de discuter de la personne qu'ils nommeront lors des consultations, n'ont fait aucune annonce.
Dans un entretien au site d'informations al-Modon, l'ancien chef du gouvernement Tammam Salam a dans ce cadre rejeté toute candidature éventuelle à la présidence du Conseil, alors que son nom circulait ces dernières heures parmi les candidats pressentis au poste. "Pour moi, il n'est absolument pas envisageable de présider le gouvernement", a-t-il déclaré, soulignant "ne pas vouloir devoir former un cabinet dans le cadre d'un mandat (celui du président Aoun, ndlr) qui n'a aucune volonté de gérer correctement le pays". "Le pays s'effondre et le mandat vit dans un état constant de déni de la situation", a affirmé M. Salam.
Effet Macron.
17 h 39, le 28 août 2020