
Jean-Yves Le Drian. Éric Piermont/Photo d’archives AFP
C’est un véritable cri d’alarme face au danger d’une « disparition du Liban » que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a lancé hier à l’heure où la mise sur pied d’un nouveau gouvernement capable d’opérer des réformes bute toujours sur les obstacles habituels relevant des guéguerres politiques, et sur une « inaction » des responsables, que M. Le Drian a critiquée sur un ton particulièrement sévère.
Quelques jours avant l’arrivée d’Emmanuel Macron, attendu lundi soir à Beyrouth, la France a réitéré son appel à la formation rapide d’un gouvernement et à l’adoption par le Liban de réformes « d’urgence », prévenant que ce pays courait sinon le risque de disparaître. « Le risque aujourd’hui, c’est la disparition du Liban. Donc il faut que ces mesures (de réformes) soient prises », a martelé M. Le Drian dans une interview accordée à la radio RTL.
Dans la foulée de la visite du président français qui était venu à Beyrouth le 6 août, deux jours après la gigantesque explosion qui a meurtri la ville, le chef du Quai d’Orsay a souligné que ces réformes ne pouvaient être menées par la classe politique actuelle, conspuée par les Libanais. S’en prenant aux responsables libanais, il a lancé sans détour : « Ils se phagocytent entre eux pour faire consensus sur l’inaction. Cela n’est plus possible et nous le disons avec force. Le président de la République l’a dit lorsqu’il s’est rendu au Liban le 6 août, il va le redire lorsqu’il sera à Beyrouth mardi. »
Pas de chèque en blanc
« Chacun sait ce qu’il faut faire, mais il n’y a plus de gouvernement en ce moment au Liban », a-t-il poursuivi. Et le ministre français de renchérir : « Il faut que se reconstitue un gouvernement, il faut qu’ils le fassent vite parce qu’il y a urgence, à la fois urgence humanitaire et sanitaire (…) et puis urgence politique si l’on veut que ce pays tienne. » « Ce pays est au bord du gouffre. Il y a la moitié de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté, il y a une jeunesse désemparée, il y a une situation de chômage qui est épouvantable, une inflation ahurissante », a énuméré le ministre. Il faut pour cela former un « gouvernement de mission » qui puisse rapidement mettre en œuvre les « réformes indispensables parce que autrement, la communauté internationale ne sera pas au rendez-vous », a-t-il répété. « On ne va pas signer de chèque en blanc pour un gouvernement qui ne met pas en œuvre des réformes que tout le monde connaît », a-t-il insisté, citant notamment celles des services publics et du système bancaire.
Une liste des réformes à conduire, que le président Macron avait déjà déclinées le 6 août à Beyrouth, a été établie par Paris et transmise aux responsables politiques libanais avant sa prochaine visite mardi, a précisé le palais présidentiel de l’Élysée, confirmant des informations de presse.
« Il y a un effectivement un document de travail, un draft (une mouture), qui reprend les éléments sur lesquels le président de la République avait échangé et qui fait l’objet de discussions constantes et continues avec nos interlocuteurs libanais », a-t-on indiqué à l’Élysée. Mais c’est « aux Libanais d’avancer », il n’est « pas question de faire de l’ingérence » dans les affaires du Liban, relève une source diplomatique française, en soulignant que ce document n’est pas une « feuille de route ».
En attendant mardi, les grandes lignes du programme de la visite d’Emmanuel Macron à Beyrouth commencent déjà à filtrer. Selon notre correspondante Hoda Chedid, le chef de l’Élysée devrait rencontrer le président de la République Michel Aoun, le chef du législatif Nabih Berry et le Premier ministre démissionnaire Hassane Diab.
Comme il l’avait fait lors de son dernier déplacement au Liban, M. Macron devrait s’entretenir avec les chefs de file politiques, ainsi qu’avec les soldats français qui participent aux travaux de secours et de sauvetage à Beyrouth à la suite de la double explosion du port. Il pourrait également rencontrer des représentants d’associations caritatives impliquées dans la distribution des aides à Beyrouth. Si la cérémonie de commémoration du centenaire du Grand Liban a été annulée à cause du coronavirus, le président français clôturera sa visite au Liban par une conférence de presse qu’il tiendra à la Résidence des Pins, comme ce fut le cas le 6 août.
Schenker à Beyrouth
Peu avant le déplacement d’Emmanuel Macron à Beyrouth, c’est David Schenker, sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, qui y est attendu cette semaine, comme le confie une source informée à L’Orient-Le Jour, laissant entendre que le responsable américain n’envisagerait probablement pas de rencontrer les responsables politiques, mais axerait principalement sa tournée sur les aides humanitaires fournies par les États-Unis aux habitants de Beyrouth après la catastrophe du port.
En attendant, les milieux politiques concernés par le dossier gouvernemental laissaient entendre hier que les consultations parlementaires contraignantes pourraient se tenir lundi, soit avant l’arrivée d’Emmanuel Macron. Une façon pour le pouvoir de donner un signe positif à la communauté internationale, qui accentue ses pressions pour que le cabinet voie le jour rapidement, même si l’entente autour du prochain Premier ministre ne semble pas encore définitive. « Les consultations parlementaires pourraient se tenir lundi, non pas parce que M. Macron arrive, mais parce qu’il est temps », commente de son côté pour L’OLJ un proche de la présidence.
C’est un véritable cri d’alarme face au danger d’une « disparition du Liban » que le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a lancé hier à l’heure où la mise sur pied d’un nouveau gouvernement capable d’opérer des réformes bute toujours sur les obstacles habituels relevant des guéguerres politiques, et sur une « inaction » des...
commentaires (13)
Le Drian tire la sonnette d’alarme : Le risque aujourd’hui , c’est la disparition du Liban si le liban disparait un jour ca ne sera pas la faute à l iran ni la syrie ni la corona virus ni à l amerique ni à la france ca sera la faute aux libanais eux meme pas seulement les dirigents avec la complicilé des libanais eux meme qui sont encore au stade d obeir et suivre des zaims corrompus
youssef barada
19 h 16, le 28 août 2020