
Le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, pendant son discours du Nouvel An de l’Hégire, à Dar el-Fatwa. Photo ANI
Pour le Nouvel An de l’Hégire, célébré aujourd’hui par les musulmans, le mufti de la République, le cheikh Abdellatif Deriane, est sorti de sa traditionnelle réserve et a décoché des flèches dans toutes les directions, ne ménageant ni le chef de l’État ni l’ensemble d’une classe politique « maladivement attachée au pouvoir » et restée impassible après le drame du 4 août.Commentant le verdict du TSL dans l’affaire de l’assassinat de Rafic Hariri (2005), le mufti a considéré qu’il doit motiver les Libanais à vouloir se débarrasser une fois pour toutes des « armes illégales » (ou « indisciplinées » ), en allusion aux armes du Hezbollah. Il a également réclamé l’exécution de la sentence du TSL, c’est-à-dire l’arrestation de Salim Ayache, membre présumé du Hezbollah, dont la culpabilité dans l’assassinat de Rafic Hariri a été retenue par le tribunal.
Qualifiant le 4 août de « jour noir » dans l’histoire du Liban, et estimant que la double explosion de Beyrouth constitue « un des plus grands crimes de ce siècle », le cheikh Deriane a affirmé comprendre les Libanais « qui ne peuvent pas rester silencieux » face à cette catastrophe. « Comment les Libanais peuvent-ils s’abstenir d’exploser après avoir vu leur capitale dévastée par des actes de négligence et d’irresponsabilité de la part de ceux qui dirigent le pays et à qui ils ont accordé leur confiance », s’est interrogé le mufti. « Comment certains peuvent-ils s’exonérer de toute responsabilité (dans le drame), sous des prétextes de hiérarchie administrative et comment les responsables ne cèdent-ils pas volontairement, par honte, leur poste à des personnes plus méritantes, en réponse à la volonté populaire ? », s’est encore exclamé Abdellatif Deriane.
Ces critiques voilées s’adressent notamment au chef de l’État, Michel Aoun, qui avait affirmé au lendemain des explosions de Beyrouth avoir été au courant de la présence des 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium dans le port, mais ne pas avoir agi directement parce que cela n’entrait pas dans ses prérogatives. Les critiques pourraient également viser le président de la Chambre, Nabih Berry, qui a récemment dénoncé un « complot » destiné à pousser les députés à la démission.
Un État fort nous dispenserait de la neutralité
Par ailleurs, le mufti a également évoqué la campagne en faveur de la neutralité du Liban conduite par le patriarche maronite. « Le Liban n’aurait pas besoin de neutralité, si nous édifions un État fort et juste », a-t-il affirmé, regrettant au passage que le régime « se soit retourné contre le principe de la distanciation, visage politique du la neutralité », en allusion à la déclaration de Baabda, approuvée à l’unanimité à la table du dialogue sous la présidence de Michel Sleiman (11 juin 2012).
Dénonçant « une corruption qui frise la criminalité », le mufti a avancé par ailleurs qu’avant l’explosion du 4 août, Beyrouth avait déjà été « assassinée » une première fois économiquement et financièrement.
Le mufti s’est ensuite prononcé en faveur d’une enquête internationale sur les explosions du port, une démarche refusée par Michel Aoun sous prétexte qu’elle « diluerait la vérité » et compromettrait la souveraineté du Liban. Et le mufti de faire remarquer que ce sont « ces personnes qui refusent l’enquête qui ont fait échouer la souveraineté ». Le mufti a conclu son exhortation en offrant ce qui ressemble à une feuille de route comprenant : l’ouverture d’une enquête internationale sur l’explosion du port ; l’organisation de consultations parlementaires contraignantes pour la désignation d’un nouveau chef du gouvernement et la formation d’un gouvernement neutre de salut, formé de spécialistes œuvrant avec la communauté internationale pour enrayer l’effondrement économique; des élections législatives anticipées dont il faudra garantir la liberté et l’intégrité, conformément à une loi électorale adéquate ; l’exécution de la sentence prononcée par le TSL et la suppression des armes du Hezbollah, « sans quoi la vie au Liban et au sein de l’État ne se redressera jamais ».
Bravo Monsieur le mufti. Tous les représentants des différents cultes devraient tenir le même discours et reprendre leur rôle de prêcheurs à la place de ceux qui ses sont accaparés tous les rôles de la société aussi bien civils, militaires que spirituels. Lorsqu’un des représentants de leur propre confession avait dénoncé la même chose bien avant la catastrophe, ils l’ont accusé de collaboration avec l’ennemi. Eux les ennemis de la république libanaise osent encore montrer du doigts des personnes honnêtes et patriotes et les accuser de tous leurs défauts cela relève de la diffamation et malheureusement aucun accusé n’a osé porter plainte comme leurs collaborateurs le font pour blanchir leur image et obtiennent gain de cause parce qu’ils sont dans le système des corrompus et beneficent de toutes les largesses de la justice et de son appui. Quand au milliards volés on peut se brosser, la justice à mieux à faire. Elle interpelle et condamne ces mêmes citoyens qu’on a dépouillé et qui insultent leurs tortionnaires ou manifestent leur colère contre ce pouvoir pourri qui ne cesse de les tuer. Les traitres sont tout désignés et on attend le bon moment, une fois qu’on a enterré nos morts qu’ils ont tués, de les juger pour des faits avérés de trahison , vols et de crimes contre l’humanité. et ça sera pour l’histoire et non des rumeurs comme ils s’amusent à le faire pour mieux s’en sortir. Unissons-nous contre l’injustice et les traitres.
15 h 45, le 21 août 2020