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Politique - Liban

Hassane Diab annonce la démission de son gouvernement

En attendant la formation d'un nouveau cabinet, l'équipe actuelle sera chargée d'expédier les affaires courantes.


Hassane Diab annonce la démission de son gouvernement

Le Premier ministre Hassane Diab remettant la démission de son cabinet au président Michel Aoun, le 10 août 2020, au palais de Baabda. Photo Dalati et Nohra

Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a annoncé lundi soir la démission de son gouvernement, après le départ de plusieurs membres de son équipe sous la pression de la rue qui rend la classe politique responsable de l'explosion dévastatrice, a priori accidentelle, au port de Beyrouth. Le chef du gouvernement, qui se présente comme indépendant, a rendu la classe politique traditionnelle responsable de ses échecs, fustigeant la "corruption endémique" ayant conduit à "ce séisme qui frappé le pays". Lors d'une allocution solennelle, M. Diab, à la tête du gouvernement depuis près de sept mois, s'est dit aux côtés de ceux qui réclament que les responsables de ce "crime" soient traduits en justice.

"Ils sont la vraie catastrophe du pays"
"Nous sommes toujours sous le choc de la tragédie qui a frappé le Liban. Ce désastre qui a frappé les Libanais au cœur, est le produit d'une corruption endémique au sein de l'Etat, a lancé M. Diab. Ce système est profondément enraciné, et je me suis rendu compte qu'il est plus grand que l'Etat qui, les mains liés, n'a pas réussi à le combattre ou à s'en débarrasser". "Une des nombreuses manifestations de la corruption a explosé dans le port de Beyrouth, et la calamité s'est abattue sur le Liban ; mais les cas de corruption sont répandus dans le paysage politique et administratif du pays", a ajouté M. Diab, dénonçant  une classe politique qui "menace la vie des gens, falsifie les faits, survit grâce aux séditions et exploite le sang des Libanais".

"L'ampleur de la tragédie est indescriptible, mais certains ne s'en préoccupent pas. Ils vivent dans un autre temps. Ils veulent juste marquer des points politiques, prononcer des discours populistes et détruire ce qui reste de l'Etat. Ils auraient dû avoir honte d'eux car cette catastrophe est le produit de leur corruption, et Dieu sait combien de catastrophes se cachent derrière leur corruption", a poursuivi le Premier ministre démissionnaire, estimant qu'ils "n'ont rien compris à la révolution du 17 octobre".

"Il faut les changer car ils sont la véritable catastrophe du pays", a-t-il lancé, ajoutant que les opposants au gouvernement "ont tenté de faire porter au cabinet la responsabilité de l'effondrement économique et de la dette". "Nous avons combattu avec honneur, mais nous étions seuls face à eux. Ils ont utilisé toutes les armes en leur possession, comme la falsification de la vérité", a-t-il ajouté.

Et de poursuivre : "Mais ce gouvernement n'a épargné aucun effort pour dessiner une feuille de route qui pourrait sauver le pays. Tous ses ministres ont fait de leur mieux, sans intérêt personnel. Tout ce qui nous importait, c'était de sauver le pays. Nous avons été la cible de nombreuses insultes, mais nous avons refusé d'entrer dans des polémiques car nous voulions travailler". "Mais cette bataille est inégale. Nous étions seuls et ils étaient tous contre nous. Ils ont utilisé toutes leurs armes, déformé les faits, falsifié les preuves, lancé des rumeurs, menti aux gens (...) Ils savaient que nous représentons une menace pour eux, et que le succès de ce gouvernement signifie un réel changement au niveau de la classe dirigeante de longue date", a-t-il déploré. "Nous voilà aujourd'hui, avec ce séisme qui a frappé le pays. Notre principale préoccupation est de traiter ses conséquences et mener rapidement l'enquête pour déterminer les responsabilités de chacun", a encore déclaré M. Diab, se disant aux côtés de ceux qui réclament que les responsables de ce "crime" soient traduits en justice. Et de conclure : "Nous faisons un pas en arrière pour mener la bataille du changement avec les gens. C'est pour cela que j'annonce aujourd'hui la démission de ce gouvernement. Que Dieu protège le Liban !"

Le Premier ministre Hassane Diab annonçant la démission de son gouvernement, le 10 août 2020. Tele Liban/Handout via REUTERS

Pas encore de date pour les consultations parlementaires
Après son allocution, le Premier ministre démissionnaire s'est rendu au palais de Baabda pour présenter officiellement la démission de son cabinet au président Michel Aoun, qui l'a accepté. En attendant la formation d'un nouveau gouvernement, celui de Hassane Diab sera chargé d'expédier les affaires courantes. Selon notre correspondante à Baabda Hoda Chedid, la date des consultations parlementaires contraignantes ne devrait pas être fixée aujourd'hui par la présidence, le temps qu'une entente soit trouvée sur l'identité du prochain Premier ministre.

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Le 4 août, deux explosions d'une violence inouïe ont ravagé le port de Beyrouth et de nombreux quartiers de la capitale, faisant près de 160 morts et 6.000 blessés, selon un bilan encore provisoire. Selon la version officielle, l'explosion a été déclenchée par un incendie dans un stock de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées au port depuis 2014, sans mesures de sécurité, de l'aveu même du Premier ministre. Michel Aoun a pour sa part évoqué l'hypothèse d'une bombe ou d'un missile. Il a rejeté les appels à une enquête internationale, estimant qu'elle "diluerait la vérité". Le dossier a été transféré aujourd'hui à la Cour de Justice lors d'une réunion du cabinet Diab.

Hassane Diab avait déjà tenu dimanche une réunion avec plusieurs ministres pour discuter de la possibilité d’une démission du gouvernement. Une façon pour lui d’éviter une chute de son équipe lors des séances parlementaires ouvertes qu'avait convoquées le président de la Chambre, Nabih Berry, à partir de jeudi afin d'interroger le gouvernement sur le "crime" subi par la capitale.

La démission du cabinet était ainsi attendue alors que quatre de ses ministres avaient déjà rendu leur tablier avant même l'allocution de M. Diab, mettant à mal encore plus un gouvernement honni par la rue, en colère depuis samedi après la dévastation causée dans de nombreux quartiers de la capitale, dans un pays déjà frappé par une crise économique inédite dans son histoire moderne. "Oui, le gouvernement a démissionné", avait ainsi annoncé, une heure avant le discours de Diab, le ministre de la Santé, Hamad Hassan, en quittant le Grand Sérail où le cabinet était réuni. Le gouvernement a tenu une réunion lundi après-midi, au cours de laquelle "la plupart des ministres étaient en faveur d'une démission" du cabinet, avait confirmé à l'AFP Vartiné Ohanian, ministre de la Jeunesse et des Sports.

La démission du gouvernement ne devrait cependant pas satisfaire le mouvement de protestation populaire qui réclame le départ de toute la classe politique. Alors que M. Diab commençait son discours, des heurts se déroulaient dans le centre-ville de Beyrouth aux abords du Parlement, des manifestants lançant des pierres sur les forces de sécurité qui ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogènes.

Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, a annoncé lundi soir la démission de son gouvernement, après le départ de plusieurs membres de son équipe sous la pression de la rue qui rend la classe politique responsable de l'explosion dévastatrice, a priori accidentelle, au port de Beyrouth. Le chef du gouvernement, qui se présente comme indépendant, a rendu la classe politique...

commentaires (23)

Certains, Ils, ils, ils, eux... pourquoi ne pas les nommer à ceux qui l’ont empêché soi-disant de travailler? Pourquoi il ne les a pas nommé lorsqu’il « tenait » les rênes. Nos politiciens aiment parler en code. Des démissions sans le désarmement de Hezbollah n’aboutiront à rien. Hezbollah doit abandonner les armes et ça suffit de tourner autour du pot. Pour éliminer les mafieux, faut éliminer la source qui leur permet de se nourrir et pourrir le pays.

Cedrus Fidelis

09 h 31, le 11 août 2020

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Commentaires (23)

  • Certains, Ils, ils, ils, eux... pourquoi ne pas les nommer à ceux qui l’ont empêché soi-disant de travailler? Pourquoi il ne les a pas nommé lorsqu’il « tenait » les rênes. Nos politiciens aiment parler en code. Des démissions sans le désarmement de Hezbollah n’aboutiront à rien. Hezbollah doit abandonner les armes et ça suffit de tourner autour du pot. Pour éliminer les mafieux, faut éliminer la source qui leur permet de se nourrir et pourrir le pays.

    Cedrus Fidelis

    09 h 31, le 11 août 2020

  • À ceux qui se réjouissent aujourd’hui de voir partir HD comme si c’était un triomphe de la révolution, OUVREZ LES YEUX BON-SANG! Le départ de HD n’est autre que le triomphe de la bande de mafieux qui ont accepté cyniquement sa nomination juste pour que celà leur permette de changer de bord! Depuis le premier moment, ils se sont tous acharnés contre lui réclamant à tue-tête et sans aucune honte des réformes qu’ils n’ont fait eux-mêmes que saboter! Celà veut dire deux choses: premièrement, qu’ils se sont foutus royalement de votre gueule et deuxièmement qu’ils ne vous reste plus qu’à aller sagement les re-élire dans deux mois car il n’y aura plus qu’eux sur scène, encore une fois! Bravo! Oui Hassan Diab avait promis bien plus qu’il n’a pu ou su réaliser, il s’était pris le premier au piège que lui avait tendu le cartel de mafieux qui directement ou indirectement ont parrainé l’explosion du 4 Août. La sale besogne faite maintenant, il ne leur reste plus qu’à s’essuyer les mains et se remettre à table! HD aura au moins eu le courage de clamer la VÉRITÉ en sortant: la pourriture de système que nous légitimons tous est bien plus grand que l’Etat! Non seulement nous vivons sous l’emprise du crime organisé mais en plus nous, applaudissons comme des nigauds. Il y a vraiment de quoi pleurer ce soir!

    Fady Abou Hanna

    00 h 59, le 11 août 2020

  • Même s'il démissionnent tous, même si élection il y a, rien ne se fera tant que le Hezbollah continuera de porter des armes. Des élections avec des armes sont des élections biaisées! Avant de passer à toutes ces étapes il est impératif de desarmer ce parti par tous les moyens. Sinon continuez de rêver...

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    23 h 21, le 10 août 2020

  • Tous les gouvernants et les fonctionnaires et retraités qui savaient, et qui n'ont pas dénoncé le stockage de ce matériel devraient démissionner et contribuer à l'enquête.

    Shou fi

    22 h 15, le 10 août 2020

  • N'oubliez pas l'audit de la BDL qui a été validé avant la démission du gouvernement. Voyons quand même les comptes. Si personne n'a rien à se reprocher... ca devrait aller.

    Sybille S. Hneine

    22 h 11, le 10 août 2020

  • Diab a dégagé. Il reste à dégager Aoun et Berry avant de nommer un nouveau gouvernement militaire provisoire pour faire de nouvelles élections législatives. Le nouveau parlement élira le Président de la République qui formera un gouvernement de technocrates. Et tout ca sans les anciens crapules et voleurs. On ne veut plus ni de Aoun (et famille), ni de Berry, ni de Hariri, ni de partis politiques affiliés à l'Iran, la Syrie, l'Arabie etc... On veut des patriotes libanais.

    Achkar Carlos

    21 h 59, le 10 août 2020

  • " la date des consultations parlementaires contraignantes ne devrait pas être fixée aujourd'hui par la présidence, le temps qu'une entente soit trouvée sur l'identité du prochain Premier ministre". Incroyable ! Ils n'ont encore rien compris ! On recommence selon la même recette : on doit se mettre tous d'accord avant de commencer les consultations ! Autrement dit encore des mois à attendre ! Il faut justement couper court à toutes les magouilles et les marchandages et commencer les consultations parlementaires dès demain !

    Yves Prevost

    21 h 54, le 10 août 2020

  • La plus grande escroquerie du Liban "moderne", il y a eu tromperie sur la marchandise, on ne peut que plaindre ses anciens élèves...

    C…

    21 h 45, le 10 août 2020

  • Dommage pour Mr Diab , il était honnête c’est vrai son seul péché était d’avoir donner blanc sein à une partie sans demander des garantie et c’est retomber sur ça tete

    Bery tus

    21 h 45, le 10 août 2020

  • Bon débarras. Vous avez été le pire PM mais de loin. Vous avez battu tous les records possibles d’échecs et d’incompétence. J’espère que vous resterez au chômage pour le restant de votre vie car jamais l’AUB ne vous reprendra

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 00, le 10 août 2020

  • Ne nous ramenez pas ceux qui ont déjà été en place. Du neuf. Stop le pouvoir de père en fils en fille en frère etc... Stop à toutes ces dynasties familiales. Il y a beaucoup de talents dans ce pays. Ils ont aussi le droit de participer à la vie du pays.

    Sybille S. Hneine

    20 h 56, le 10 août 2020

  • Bla Bla Bla....ce vaut rien est enfin parti Mia Khalifa Ministre de l education...

    Jack Gardner

    20 h 45, le 10 août 2020

  • Merci à tous les membres du gouvernement, députés et fonctionnaires qui ont sincèrement à cœur de redresser la barre, et je ne doute pas qu'ils sont nombreux. Monsieur Diab me semble honnête et engagé. Dommage qu'il n'ait pas eu le temps de faire ses preuves. Il est trop simpliste en effet de croire que toute la population ne ferait que subir les agissements d'une poignée d'individus. Qui dit corrompus dit corrupteurs.

    N.S.

    20 h 44, le 10 août 2020

  • Cette démission est un leurre, un piège. Tout le monde sait que le vide institutionnel est l'option préférée des imposteurs de l'Axe. Le gouvernement Diab n'a émergé que sous la pression de la rue qui sinon allait demander des législatives anticipées. Là ils vont essayer de gagner un maximum de temps dans le vide. La seule façon d'éviter le piège c'est que les députés PSP et Futur démissionnent collectivement. Avec les FL et les Kataeb ils constituent plus du tiers du parlement donc s'ils ne siègent plus, plus de quorum des deux tiers, obligation d'anticiper les législatives sinon Berri et sa clique sombrent dans l'illégalité la plus totale. Le chef de notre parlement illégitime et bientôt illégal si Dieu le veut va sûrement inventer un tour de magie pour s'échapper, lui qui a inventé l'hérésie du quorum des deux tiers pour le second tour de la présidentielle et qui est donc autant responsable de la vacance de 2014-2016 que Aoun et le Hezbollah, hérésie tacitement acceptée par les 2 autres de la bande, Futur et PSP.

    Citoyen libanais

    20 h 40, le 10 août 2020

  • AU TOUR DE LA CAVERNE ETOILEE ET DE TOUS SES ALIBABAS. CA DEVRAIT ETRE UN BON DEBARRAS SANS LE RETOUR POSSIBLE D,AUCUN D,EUX OU DE LEURS FRERES OU FILS OU NEVEUX OU PARENTS. SURTOUT PAS DE GENDRES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 38, le 10 août 2020

  • Se mettre d’accord sur le nouveau premier ministre avant de lancer les consultations parlementaires ... ça recommence ... ils n’ont rien compris ...

    Jad

    20 h 20, le 10 août 2020

  • Ils font sauter leurs sbires qui sont leurs fusibles et eux ils restent ! Tout ça ne sert à rien ! Il faut déloger la bande de vampires qui est à la tête de tout ça . Ils sont coriaces et ne vont pas se laisser faire. Mais on sait depuis la nuit des temps comment on se débarrasse d’un vampire : on le décapite !

    Ziad CHOUEIRI

    20 h 19, le 10 août 2020

  • "... Selon la version officielle, l'explosion a été déclenchée par un incendie dans un stock de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées au port depuis 2014 ..." -.- Pourquoi vous écrivez ça?l’explosion du nitrate d’ammonium aété déclenché par la première explosion, elle-même déclenchée par un incendie dans un dépôt voisin de feux d’artifices (ou de munitions?). Tout le monde se focalise sur le nitrate d’ammonium. Quid des feux d’artifices (munitions?)?...

    Gros Gnon

    20 h 07, le 10 août 2020

  • Il faut changer les regles électorales!!!

    VeeNe

    20 h 06, le 10 août 2020

  • Allons chercher nos talents de la diaspora: Comme ministre de la Justice, je propose Amal Clooney. D'autres idées?

    N.S.

    19 h 31, le 10 août 2020

  • on doit être bien vigilant: si diab va annoncer que cet illustre cabinet va s'en aller c'est peut être que le grand manitou sous terrain va nous sortir un autre lapin, pour remplacer les loups, et qui lui sera encore plus docile.... Il faut faire gaffe...

    Wlek Sanferlou

    19 h 26, le 10 août 2020

  • Il faut faire de nouvelles elections ,basta

    Eleni Caridopoulou

    18 h 49, le 10 août 2020

  • Et le président qui se fend d'une annonce sur Twitter référant à la résilience... Oui Mr le Président, mais sans vous et sans votre clique... Nous reconstruirons ce pays, nous réparerons ce que vous avez détruit, à commencer par notre société, nous redonnerons espoir au jeunes, nous abolirons la féodalisme et le clanisme, le sectarisme et la haine... Nous reconstruirons une Nation, ou le ciment de ce qui nous unira, sera l'intérêt supérieur de la Nation et de son peuple... Nous unirons les 18 communautés de de ce pays en construisant sur ce qui nous rassemble, pas ce qui nous sépare. Bref, tout l'inverse de votre mandat, et de celui de la classe politique qui s'est succédé aux commandes de ce pays depuis une cinquantaine d'années.

    Bachir Karim

    18 h 44, le 10 août 2020

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