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Politique - Décryptage

Entre Aoun et Diab, divergences et... complémentarité

Il ne se passe pas un seul jour sans que certains médias n’évoquent l’existence de divergences profondes entre le chef de l’État Michel Aoun et le président du Conseil Hassane Diab. À les en croire, depuis la désignation de Diab pour former le gouvernement, les conflits n’ont cessé de se multiplier entre les deux hommes, au point d’exiger souvent l’intervention d’intermédiaires de bonne volonté pour éviter la paralysie du gouvernement.

Rien que pour les dernières semaines, il a été question de trois dossiers conflictuels, notamment l’attitude envers le gouverneur de la Banque du Liban, la succession du mohafez de Beyrouth Ziad Chebib, dont le mandat a expiré hier à minuit, et enfin la construction d’une centrale électrique à Selaata, figurant dans le projet du ministre de l’Énergie et de son camp politique, et rejetée par le président du Conseil et la majorité des ministres.

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Dans chacun de ces dossiers, les divergences entre MM. Aoun et Diab sont mises en avant. Au sujet par exemple du gouverneur de la Banque centrale, les Libanais se souviennent de la déclaration du président du Conseil à l’issue de la séance législative qui s’était tenue à l’Unesco, lorsqu’il avait affirmé aux journalistes que le gouverneur ne l’avait pas informé des circulaires qu’il avait publiées (et qui avaient été suivies d’une hausse vertigineuse du cours du dollar par rapport à la monnaie locale). Il s’agissait donc d’un désaveu public de la part du Premier ministre à l’adresse du gouverneur Riad Salamé, et Hassane Diab avait même refusé de le recevoir pendant quelques jours. Mais voici que ce dernier avait été reçu au palais de Baabda alors que le patriarche maronite Mgr Béchara Raï avait pris publiquement sa défense, accusant le gouvernement de s’en prendre à un « poste maronite » au sein de l’État.

Finalement, l’idée de remplacer Riad Salamé à la tête de la Banque du Liban attribuée au chef du gouvernement a été abandonnée. Au moins pour l’instant, puisque le gouverneur participe aux négociations avec le Fonds monétaire international.

Dans la crise dite grecque-orthodoxe concernant le mohafez de Beyrouth, là aussi, le président du Conseil n’a pas été appuyé par le chef de l’État, qui a reçu le métropolite de Beyrouth Mgr Élias Audi dans une tentative d’apaiser sa colère ainsi que celle de la communauté, et qui n’a pas soutenu la candidate non déclarée de Hassane Diab à ce poste, laquelle a effectué lundi sa tournée officielle pour préciser qu’elle n’est pas dans la course.

Enfin, le dossier de la construction d’une centrale électrique au gaz à Selaata a été rejeté par le Conseil des ministres après un vote à la majorité des ministres et du Premier ministre dans ce sens.

Selon certains médias, ces dossiers ne seraient que la partie visible de l’iceberg, les deux personnalités de Michel Aoun et de Hassane Diab étant antagonistes. Ces mêmes médias laissent entendre que ce dernier chercherait à rééditer l’expérience de l’ancien Premier ministre Sélim Hoss, au grand dam du président Aoun.

Toutefois, des sources ministérielles relativement neutres précisent que l’existence d’un tel antagonisme n’est pas perceptible dans le cadre des séances du Conseil des ministres. Au contraire, précisent-elles, s’il est vrai que les deux hommes ont de fortes personnalités, leurs rapports sont toujours respectueux et leurs rôles souvent complémentaires. Pour ces mêmes sources, l’existence de divergences sur certains dossiers est tout à fait normale car les deux hommes ont des approches différentes, mais ils sont complètement d’accord sur la finalité, à savoir l’intérêt du pays. Aucun d’eux ne cherche à marquer des points au détriment de l’autre, le président Aoun n’étant soucieux que d’améliorer la situation générale du pays pour la postérité, alors que le Premier ministre Diab a déclaré à maintes reprises qu’il ne cherche pas à entamer une carrière politique, ni à fonder une dynastie ou un parti. Lorsqu’il a accepté d’assumer les responsabilités de président du Conseil dans cette période en particulier, il était conscient des difficultés et il était uniquement motivé par son souci de l’intérêt national. À partir de là, entre le chef de l’État et le président du Conseil, il y a ainsi une plateforme commune qui est l’absence de tout intérêt personnel et la volonté de renforcer l’État au détriment des mini-États confessionnels.

Le décryptage de Scarlett Haddad

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Au sujet du gouverneur de la Banque centrale, Hassane Diab n’avait aucun motif personnel de lui en vouloir. La priorité n’est donc pas de le changer, mais de travailler ensemble pour chercher à régler la crise financière. Pour les nominations, des divergences peuvent apparaître, mais au final, c’est le dialogue qui prime. Concernant enfin le dossier de la centrale de Selaata, il n’a pas été considéré comme prioritaire aujourd’hui, mais cela ne veut pas dire qu’il a été abandonné. De plus, tout s’est passé dans les règles.

Les sources précitées se demandent toutefois qui cherche constamment à jeter le doute dans les esprits et à évoquer des conflits là où il n’y a que de banales divergences. Selon ces mêmes sources, il s’agirait là d’un des aspects de la campagne systématique menée contre le gouvernement par des parties locales dans le but de le faire échouer, car toute réussite serait un désaveu pour leur propre action.

En somme, les divergences existent, mais elles ne constituent pas un problème et elles ne risquent nullement de se développer. Pour de nombreux Libanais qui croulent sous le poids des problèmes, c’est un souci de moins...

Il ne se passe pas un seul jour sans que certains médias n’évoquent l’existence de divergences profondes entre le chef de l’État Michel Aoun et le président du Conseil Hassane Diab. À les en croire, depuis la désignation de Diab pour former le gouvernement, les conflits n’ont cessé de se multiplier entre les deux hommes, au point d’exiger souvent l’intervention...

commentaires (4)

Diab est bel et bien un disciple de Hoss. Ce dernier avait empoisonné l'époque déjà tumultueuse de feu Président Sarkis , et mettait des obstacles à ses décisions. A noter la différence de caractère, cette fois-ci, entre Sarkis et Aoun qui ferait l'inverse du scénario précité.

Esber

23 h 04, le 20 mai 2020

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Commentaires (4)

  • Diab est bel et bien un disciple de Hoss. Ce dernier avait empoisonné l'époque déjà tumultueuse de feu Président Sarkis , et mettait des obstacles à ses décisions. A noter la différence de caractère, cette fois-ci, entre Sarkis et Aoun qui ferait l'inverse du scénario précité.

    Esber

    23 h 04, le 20 mai 2020

  • Entre DIAB AOUN vs LES LIBANAIS divergences et rejets sans aucune complémentarité. Bonne journée

    LE FRANCOPHONE

    12 h 21, le 20 mai 2020

  • En somme les divergences existent et vont en grandissant de jour en jour. Ce qui n’est pas dit c’est que ce gouvernement est monochrome et malgré cela les décisions pour sauver le pays n’arrivent pas à voir le jour. C’est clair que toute cette équipe s’est entendue à ne pas s’entendre pour empêcher toute exécution de sauvetage car cela va à l’encontre de leurs intérêts personnels. Tant que les voleurs sont protégés par le gouvernement, le président et les milices, le Liban fera les frais de leurs divergences consenties pour ne pas être démasqués. Cela s’appelle de la traîtrise et qu’on connaît très bien les sanctions pour les traitres dans notre pays. Alors comment voulez-vous qu’ils se condamnent eux mêmes qui tiennent la corde.

    Sissi zayyat

    12 h 14, le 20 mai 2020

  • S Hadad dit vrai : "En somme, les divergences existent, mais elles ne constituent pas un problème et elles ne risquent nullement de se développer." MAIS CE QU'ELLE NE DIT PAS EST QUE CELA NE CONSTITUE PAS UN PROBLEME ....TANT QUE AOUN VOIT SA "VISION" APPLIQUEE.

    Gaby SIOUFI

    10 h 45, le 20 mai 2020

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