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Société - Aide sociale

Les victimes de mines antipersonnel, premiers bénéficiaires de l’enveloppe de 400 000 LL

Les Libanais dans le besoin invités par les autorités à contacter leurs municipalités.


Auprès d’un homme sur un fauteuil roulant. Photo DR

Les victimes des mines antipersonnel sont loin d’être les plus touchées par les arrêts de travail liés au coronavirus. Mais ce sont elles qui bénéficient en premier des aides de l’État, parce que les listes qui les recensent sont les plus fiables et que les listes répertoriant les plus pauvres sont entachées de fraudes et de pratiques douteuses, sur fond de clientélisme et de magouilles politiques. En se hâtant d’aider les victimes des mines, qui ne sont pas prioritaires, les autorités libanaises reconnaissent des années de mauvaises pratiques et leur incapacité à y mettre fin rapidement, en ces temps de crise aiguë.

Plus d’un mois après le début du confinement forcé pour cause de coronavirus, et la cessation quasi totale des activités du secteur informel, le gouvernement a lancé hier à travers l’armée libanaise la campagne de distribution d’aides financières aux familles les plus pauvres du pays, dans le cadre d’un plan d’urgence national. Et ce après un report de deux jours pour cause « d’erreurs » dans les listes des bénéficiaires, sur fond de polémique liée aux critères de sélection des familles les plus modestes, d’accusations de clientélisme aussi. La priorité a donc été donnée aux victimes de mines antipersonnel et à leurs familles, quelque 3 500 personnes recensées depuis 1975, auxquelles l’armée libanaise, chargée du processus, a remis une enveloppe de 400 000 LL en espèces.


(Lire aussi : Enfoirés de foire, le billet de Gaby NASR)

Onze régions du pays

Pourquoi commencer par cette catégorie qui n’est pas la plus touchée par les arrêts de travail ? « Parce que les listes de ces personnes sont les plus fiables, établies par le Centre libanais d’action contre les mines de l’armée libanaise », précise Jad Haïdar, conseiller de presse du ministre des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé. C’est dans ce cadre que ces bénéficiaires, blessés ou handicapés, mais aussi proches de personnes décédées de mines, ont été approchés par la troupe dans onze régions du pays, Tripoli en premier. « Une opération réalisée en présence de moukhtars, élus municipaux et membres des services de renseignements », précise à L’Orient-Le Jour une source militaire. Elle ajoute que la distribution est accompagnée d’une vérification supplémentaire, visant à s’assurer que les bénéficiaires correspondent bien aux noms inscrits sur les listes et qu’ils sont réellement dans le besoin. « Nous avons rayé de la liste un ancien soldat blessé par une mine, qui reçoit mensuellement son salaire de retraite », précise la source à titre d’exemple. Il convient de préciser que c’est l’actuel ministre de l’Intérieur, Mohammad Fahmi, qui avait joué un rôle important dans cette commission du déminage.

« Dès samedi, les familles d’élèves de l’école publique devraient recevoir leur enveloppe et, dès mardi prochain, la distribution concernera les chauffeurs de transports en commun », assure M. Haïdar. À plus large échelle, il est question d’englober les pêcheurs, les familles d’infirmières et d’infirmiers, de prisonniers, celles inscrites au Programme national de lutte contre la pauvreté auprès du ministère des Affaires sociales… ajoute-t-il, précisant que l’armée libanaise s’attelle à la vérification des listes de bénéficiaires. Mais il semble que la tâche soit plus lourde que prévue. En marge du Conseil des ministres hier, le Premier ministre Hassan Diab révélait à la presse la découverte d’importantes irrégularités dans les listes des familles les plus pauvres, qui ont été « gonflées à des fins politiques et électorales ». Rappelons qu’au moins 185 000 familles libanaises prioritaires devraient bénéficier de cette assistance financière de 400 000 LL dans un premier temps, pour un montant total annoncé de 75 à 80 milliards de LL. Et que les listes sont généralement établies par les différents ministères concernés, Éducation, Affaires sociales, Transports, Santé… avec le concours de syndicats et d’organismes professionnels.


Une deuxième initiative enclenchée

Mais les besoins sont immenses, depuis qu’une importante partie de la population est touchée par la paupérisation, victime à la fois de chômage forcé dû au confinement et d’une dépréciation record de la livre libanaise. Dans une initiative parallèle menée avec le concours des municipalités, toujours dans le cadre du plan d’urgence, les ministres des Affaires sociales et de l’Intérieur ont lancé une plateforme électronique pour permettre aux citoyens dans le besoin de s’inscrire en ligne pour bénéficier d’une aide publique. Pour ce faire, ils doivent au préalable « contacter la municipalité de leur région qui leur indiquera les formalités à suivre pour s’enregistrer en ligne ou par téléphone », précise Jad Haïdar. Et si aucune des deux solutions n’est envisageable, un numéro vert, le 1766, est mis à la disposition de toute personne désireuse d’être mieux guidée dans sa démarche. Car parmi les plus défavorisés se trouvent de nombreuses personnes illettrées ou n’ayant pas accès à internet. « Tout est organisé de façon à permettre à chaque personne nécessiteuse de s’inscrire », insiste le conseiller, qui salue les efforts conjoints pour porter assistance aux plus démunis. « Pour la première fois, les listes établies par les différents ministères concernant les familles les plus pauvres sont en train d’être mises en commun », observe-t-il.

Une chose demeure toutefois en suspens. Nul ne sait pour l’instant si l’aide financière des autorités est ponctuelle ou mensuelle, alors que le confinement doit être encore prorogé de deux bonnes semaines.


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commentaires (3)

Un type de beneficiaires de cette aide est choquant : les familles des prisonniers... ils ne respectent pas la loi, mais en plus leurs proches ont un retour sur investissement et sont GRATIFIES PAR DES AIDES financières. A ce rythme là, chaque famille dans le besoin envoie un membre en prison, et bingo ! Du grand n'importe quoi. Révoltant. Ca ne choque personne ??? Merci à l'OLJ de nous éclairer sur ce point.

Desperados

13 h 13, le 19 avril 2020

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Commentaires (3)

  • Un type de beneficiaires de cette aide est choquant : les familles des prisonniers... ils ne respectent pas la loi, mais en plus leurs proches ont un retour sur investissement et sont GRATIFIES PAR DES AIDES financières. A ce rythme là, chaque famille dans le besoin envoie un membre en prison, et bingo ! Du grand n'importe quoi. Révoltant. Ca ne choque personne ??? Merci à l'OLJ de nous éclairer sur ce point.

    Desperados

    13 h 13, le 19 avril 2020

  • ET LES AUTRES... CHOISIS ET NOMMES PAR QUI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 19, le 17 avril 2020

  • Bon, le grand n'importe quoi en somme... Gardez l'argent précieux au lieu de le jeter par la fenêtre!

    Mago1

    02 h 45, le 17 avril 2020

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