Plusieurs centaines de Libanais se sont hâtés de rentrer au bercail ces derniers jours avant la fermeture de l’Aéroport international de Beyrouth hier à minuit, dans une tentative des autorités de contrer la propagation du nouveau coronavirus. Depuis hier minuit, et jusqu’au 29 mars inclus, l’AIB n’accueillera plus de vols passagers conformément à cette décision inédite du gouvernement. Les militaires de la Finul, les membres du corps diplomatique, des organisations internationales, les personnes travaillant sur le bloc 4 de forage offshore et les avions cargos sont les seuls qui peuvent encore partir ou arriver à l’AIB. Contactée hier par L’Orient-Le Jour, la direction de l’AIB n’était pas en mesure de fournir des chiffres exacts concernant le nombre de personnes rentrées au pays après l’annonce, dimanche soir, de mesures de confinement sur l’ensemble du territoire libanais. Le Liban avait donné jusqu’à hier minuit à ses ressortissants et aux personnes munies d’un permis de résidence pour rentrer chez eux, à condition que le résultat de leur test (test PCR) soit négatif.
Le directeur de l’Aviation civile à l’AIB, Fady el-Hassan, a indiqué que cinq avions ont atterri hier dans le courant de l’après-midi. « Un avion de la MEA et un autre de la compagnie Transavia sont arrivés d’Europe (Bruxelles et Genève). Nous avions également trois avions en provenance d’Istanbul. Chacun transportait en moyenne 150 à 200 personnes », a-t-il indiqué à L’OLJ. Sur le site web de l’AIB, les vols de et vers l’Italie, l’Allemagne, le Qatar, l’Égypte, Paris, le Koweït ou encore l’Arabie saoudite étaient tous affichés hier comme étant annulés.
Un autre responsable de l’AIB interrogé par L’OLJ a pour sa part indiqué qu’un avion en provenance du Qatar a rapatrié une centaine de Libanais à Beyrouth mardi. « Ceux qui rentrent sont plus nombreux que ceux qui partent. Ceux qui ont quitté Beyrouth ces derniers jours sont soit des étrangers, soit des binationaux, soit des Libanais ayant des permis de séjour à l’étranger », a-t-il expliqué, sous couvert d’anonymat. Selon lui, quatre Bangladais qui se rendaient dans leur pays ont été refoulés à leur arrivée, en raison des mesures prises par leur pays contre la propagation du virus, et renvoyés avant-hier à Beyrouth.
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Isolement de 14 jours
Les voyageurs interrogés par L’OLJ ont tous indiqué que l’aéroport était vide et que des mesures de sécurité avaient été prises. Rentrée lundi soir d’Égypte, Rima observe ainsi depuis son arrivée à Beyrouth une période d’isolement de 14 jours. « Nous avons été accueillis à Beyrouth par un personnel bien protégé, mais personne n’a pris notre température. Par contre, on nous a donné des documents à remplir. On devait indiquer d’où on venait, inscrire nos coordonnées et préciser si on ressentait des symptômes de la maladie, explique Rima à L’OLJ. On nous a ensuite demandé d’observer 14 jours d’isolement. Les employés de l’AIB nous ont donné des directives pour bien mener l’isolement à domicile. Ils étaient très professionnels. » « Il y avait très peu de monde à l’aéroport. Quelques personnes seulement dans les couloirs. La zone franche était vide », poursuit-elle. « Je me suis enfermée chez moi dès mon retour. Pour l’instant je vais très bien, mais je ne sors pas du tout de la maison, parce qu’en Égypte, on se comportait comme si de rien n’était, confie encore Rima. Les gens sortaient, se faisaient la bise ou allaient au restaurant. Ce n’est qu’à partir de samedi dernier que l’Égypte a commencé à appliquer quelques mesures de confinement », ajoute-t-elle, tout en précisant que l’avion à bord duquel elle est rentrée « était presque vide ».
Une étudiante suisse en échange universitaire à Beyrouth et rentrée à Genève hier matin confie pour sa part à L’OLJ avoir choisi de partir à cause de la « pression psychologique » subie depuis l’annonce des mesures de confinement. « J’ai eu peur de la fermeture des frontières. J’aurais aimé rester, mais ma famille s’inquiétait, indique la jeune femme, sous couvert d’anonymat. L’aéroport était vide. Tout le monde portait des masques, les gens étaient stressés dans l’avion. Nous sommes plusieurs étudiants en échange à Beyrouth à être rentrés en Europe. Nous allons continuer à suivre les cours en ligne », ajoute-t-elle.
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LA LIBRE EXPRESSION
00 h 23, le 19 mars 2020