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Société - Nord

À Ehden, une douce quarantaine pour des Libanais rentrés d’Iran ou d’Italie

Paysages idylliques, plats livrés chaque jour par les parents : des jeunes Zghortiotes racontent leurs « vacances » solitaires à 1 500 mètres d’altitude.

Ehden. Photo O.A.

Depuis toujours, le village d’Ehden, planté à quelque 1 500 mètres d’altitude dans la montagne du Liban-Nord, constitue un havre de paix et de repos pour les habitants de Zghorta. En été, les Zghortiotes fuient la chaleur de leur ville pour s’installer pendant trois mois dans ce bourg dont le nom rappelle l’Éden, le paradis terrestre.

Aujourd’hui, alors que le coronavirus se propage aux quatre coins du monde, plusieurs personnes originaires de Zghorta, arrivées au Liban en provenance de pays considérés comme foyers de la pandémie, comme l’Iran et l’Italie, ont décidé de se réfugier à Ehden, où elles s’isolent complètement pendant quatorze jours.

Pour la plupart des jeunes, ils se trouvent en quarantaine dans leur maison d’été. Joint au téléphone par L’Orient-Le Jour, un jeune homme, arrivé au Liban en provenance d’Iran il y a plus de deux semaines, revient sur son expérience. « Mes parents ont tout préparé à l’avance pour que je puisse passer quatorze jours seul chez moi à la maison à Ehden », raconte le jeune employé dans une entreprise à Téhéran depuis plus de trois ans. La maison, qui n’a plus été habitée depuis l’automne dernier, a été nettoyée, équipée de deux radiateurs et le réfrigérateur a été rempli de nourriture. Il en est de même pour une jeune stagiaire, âgée de 23 ans, arrivée au Liban début mars en provenance d’Italie. « Mes parents ont réactivé notre abonnement à internet, ont rempli le réservoir du chauffage central de mazout et le réfrigérateur de nourriture », raconte-t-elle avant de poursuivre : « On m’a également acheté des médicaments et des désinfectants au cas où j’en aurais besoin. » À l’aéroport de Beyrouth, le père de la jeune fille l’attendait dehors dans un petit bus qu’il possède. « Il a choisi de me ramener dans le bus plutôt que dans une voiture pour garder le plus grand espace entre nous deux tout au long de la route », explique-t-elle. De Beyrouth à Ehden, le père conduisait le bus alors que la jeune fille était assise sur la banquette du fond. Quant au jeune homme, il a pris un avion de Téhéran à Damas, pour ne pas devoir attendre une semaine avant qu’il y ait un vol Téhéran-Beyrouth. « De Damas à Zghorta, j’ai pris un taxi qui m’a déposé devant ma maison », raconte-t-il. Et de poursuivre : « La clé de ma voiture était déjà à l’intérieur donc j’ai tout de suite conduit jusqu’à Ehden, évitant ainsi d’entrer en contact avec les membres de ma famille. »


(Lire aussi : Ave, Covid !, l'impression de Fifi ABOU DIB)


Des vacances inattendues

Passer une ou deux semaines dans le calme à Ehden tandis que tous les habitants sont encore à Zghorta, les Zghortiotes en rêvent tout le temps. Pour ces deux jeunes, ces quatorze jours de quarantaine sont donc l’occasion de se reposer loin du vacarme de la ville.

« Je vivais déjà seul à Téhéran, donc je suis habitué à la solitude, mais vivre seul à Ehden, entouré de beaux paysages et dans une quiétude totale, est complètement différent », affirme le jeune homme qui passe ses journées à regarder la télé ou à fumer son narguilé sur la terrasse devant sa maison. « Je ne pouvais pas sortir marcher dans la rue et prendre de l’air pour éviter de rencontrer quelqu’un, mais je pouvais me mettre dehors parce que ma maison est située dans le quartier le moins peuplé de tout le village, même en saison estivale », ajoute-t-il.

La jeune fille arrivée de Milan ne sort pas de chez elle non plus. « Je n’ai pas de voiture et sortir marcher seule alors que le village est presque désert ne me semble pas sûr », dit-elle. « Mes journées passent vite parce que je dors tard la nuit et me réveille tard le jour », ajoute-t-elle. Pendant la journée, elle regarde des séries sur Netflix, étudie l’italien puisqu’elle avait déjà commencé à prendre des cours à Milan et postule pour des emplois à l’étranger. « Il fait souvent très beau donc je me pose au soleil au balcon et je bouquine de temps à autre », enchaîne-t-elle. Tous les deux jours, les parents de ces deux jeunes qui ne savent pas cuisiner leur déposent leurs plats préférés devant la porte.

Chaque jour, depuis son arrivée au Liban, la jeune fille reçoit un appel de la part du ministère de la Santé. « On me demande si j’ai des symptômes, si je suis toujours en quarantaine et dans quelle région et si l’on arrive à me fournir de la nourriture », affirme-t-elle, avant de poursuivre : « À mon arrivée à l’aéroport, j’ai rempli un formulaire spécifique avec mes coordonnées et toutes les informations qu’il faut. »

« Je n’avais pas peur de tomber malade parce que je prenais les précautions nécessaires, mais je ne voulais pas rester isolé à l’étranger pour je ne sais combien de temps », raconte pour sa part le jeune homme. La jeune fille abonde dans le même sens : « Mes parents étaient inquiets pour moi parce que j’étais seule en Italie où la situation empirait. »


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Depuis toujours, le village d’Ehden, planté à quelque 1 500 mètres d’altitude dans la montagne du Liban-Nord, constitue un havre de paix et de repos pour les habitants de Zghorta. En été, les Zghortiotes fuient la chaleur de leur ville pour s’installer pendant trois mois dans ce bourg dont le nom rappelle l’Éden, le paradis terrestre. Aujourd’hui, alors que le coronavirus se...

commentaires (3)

Des fils à Papa tout simplement! Combien de jeunes Libanais demeurants à l’étranger ont la possibilité de faire de même ? Cet article n’aurait jamais dû être publié ! Que voulait prouver l’Orientlejour en le publiant ? merci de me l’expliquer puisque de toute façon mon avis ne sera pas. cordialement.

Le Point du Jour.

12 h 30, le 19 mars 2020

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Commentaires (3)

  • Des fils à Papa tout simplement! Combien de jeunes Libanais demeurants à l’étranger ont la possibilité de faire de même ? Cet article n’aurait jamais dû être publié ! Que voulait prouver l’Orientlejour en le publiant ? merci de me l’expliquer puisque de toute façon mon avis ne sera pas. cordialement.

    Le Point du Jour.

    12 h 30, le 19 mars 2020

  • Les Parcours sans Faute.... C est au Cinema seulement.

    Cadige William

    11 h 03, le 19 mars 2020

  • Y a un truc qui m’échappe : Le gars prend l’avion d’iran vers Damas puis prend un taxi pour ne pas contaminer sa famille... louable.. MAIS les passagers de l’avion? Il s’en tape? Le chauffeur de taxi? Il n’est pas humain? C’est de la FOLIE de se déplacer dans ces cas... il aurait dû rester confiné en iran, en quarantaine !!! Ces agissements sont des tentatives d’assassinat en masse... vous approuvez ceci? Et encouragez ce genre de diffusion potentielle de virus?? C’est loin d’être « paradisiaque » pour les personnes qui ont croisé le chemin de ces gens?

    LE FRANCOPHONE

    01 h 44, le 19 mars 2020

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