Qui d’entre nous ne s’est pas disputé avec un collègue, un ami ou un proche affirmant détenir la vérité sur l’origine du coronavirus ou une recette secrète pour le contrer? Depuis l’apparition du Covid-19 en décembre, toutes les théories les plus farfelues circulent, relayées en masse à travers les réseaux sociaux, et ce malgré le travail de pédagogie effectué par les spécialistes de la santé du monde entier, épidémiologistes, experts sanitaires, médecins. La peur pousse de nombreuses personnes à prendre pour argent comptant des messages reçus sur WhatsApp ou d’autres plateformes, sans en vérifier la provenance. Facebook, Twitter et Google travaillent en collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour combattre la désinformation à grande échelle.
« Les nations ont toujours créé des virus comme arme bactériologique. Ça ne m’étonnerait pas que des États comme les États-Unis, la Russie, la Chine ou, pire encore, la Corée du Nord aient inventé le coronavirus », estime par exemple Roula*, une Beyrouthine. Les internautes conspirationnistes, issus de toutes les classes sociales et toutes les religions, ne sont pas les seuls à répandre des soupçons comme une traînée de poudre. Certains États, de nature méfiante, se servent de l’épidémie à des fins politiques. La Chine, par exemple, a laissé entendre la semaine dernière que le nouveau coronavirus, apparu sur son sol, pourrait avoir été introduit par l’armée américaine, sans toutefois étayer son affirmation.
Au début de la crise, le directeur du Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies avait déclaré que le coronavirus était apparu sur un marché de la ville de Wuhan. Zhong Nanshan, spécialiste chinois des maladies respiratoires et vétéran de la lutte contre l’épidémie de SRAS (2002-2003), a évoqué la possibilité que la source du virus responsable du Covid-19 ne soit en fait la Chine, en se basant sur deux articles du site internet Global Research, connu pour diffuser des thèses conspirationnistes. Au début du mouvement protestataire au Liban, ce site canadien particulièrement actif avait « révélé » en novembre des documents secrets israéliens dont le plan serait de créer une guerre civile libanaise. L’épidémie mondiale de coronavirus a de quoi donner du grain à moudre à tous les adeptes de médias alternatifs.
Selon The Economist, les théories du complot, selon lesquelles le Covid-19 est une création de la CIA pour affaiblir la Chine, sont très largement diffusées sur internet en Chine. Même propagande du côté des Russes, mais aussi des autorités iraniennes. Sous sanctions occidentales, Téhéran a lui aussi pointé du doigt l’ennemi américain, après avoir caché à sa population pendant plus de deux semaines la présence du virus sur son sol. Le guide suprême, l’ayatollah Khamenei, le chef de corps des gardiens de la révolution et plusieurs hautes personnalités iraniennes ont déclaré que la propagation du virus résultait d’une attaque bactériologique américaine. La presse iranienne a même accusé Israël, grand allié de Washington, d’avoir créé le virus en laboratoire. Ces mêmes inepties ont été reprises par une certaine presse arabe qui estime que le virus a été délibérément créé et diffusé par les États-Unis pour qu’ils puissent vendre des vaccins, décelant « une guerre économique et psychologique menée par les États-Unis contre la Chine dans le but de l’affaiblir et de la présenter comme un pays arriéré et une source des maladies ».
Certaines voix, notamment en Arabie saoudite, présentaient comme argument le fait qu’aucun cas de coronavirus n’a été répertorié aux USA ni en Israël. Si le Covid-19 y est arrivé plus tard qu’ailleurs, 5 293 Américains ont été infectés et 93 en sont morts. L’État hébreu décompte quant à lui 324 cas. Tous les spécialistes sont pourtant unanimes sur l’origine du virus qui a émergé d’un animal provenant d’un « marché humide » de Wuhan. Dans une récente vidéo réalisée par France Culture, Olivier Schwartz, directeur de l’Institut Pasteur, balaie les théories conspirationnistes en expliquant que le coronavirus n’a pas été créé et que, si c’était le cas, il serait facile de le détecter en analysant la séquence du virus.
(Lire aussi : Coronavirus : un quatrième décès, l’Hôtel-Dieu prêt à recevoir les patients)
Faux messages
Les États-Unis ont eux aussi leur lot de conspirationnistes, avec en tête de liste les évangélistes. Jerry Falwell Jr., qui préside la Liberty University, l’une des plus grandes universités évangéliques du pays, y voit une création dirigée contre Donald Trump, estimant lors d’une interview sur Fox News que ce virus a été créé à des fins politiques, à la fois par les démocrates et par les Nord-Coréens.
Au-delà des théories du complot, le coronavirus a inspiré plus d’un charlatan prétendant avoir la recette miracle pour le combattre. Le Texan Kenneth Copeland par exemple, l’un des dix télévangélistes les plus riches du pays, promet de soigner du coronavirus à travers l’écran !
« Posez votre main sur le téléviseur », dit-il sur sa propre chaîne baptisée Victory News. En Inde, où WhatsApp compte plus de 400 millions d’utilisateurs, un message, soi-disant émanant de l’Unicef et démenti depuis, indiquait aux gens d’éviter les crèmes glacées et autres aliments froids. Une publication partagée 3 000 fois en 24 heures sur Facebook affirme que, selon des travaux de virologues chinois, les consommateurs de viande de bœuf sont immunisés contre le coronavirus, ce qui est naturellement faux. Boire de l’eau chaude en permanence ou manger une banane par jour ne protège pas non plus de la maladie. En février, des responsables émiratis de la santé ont dû contrer les rumeurs selon lesquelles l’ail protégerait les gens contre le coronavirus. Dans les territoires palestiniens, un message a circulé avertissant les gens de rester à la maison après minuit car des hélicoptères pulvériseront des désinfectants dans différentes villes. La semaine dernière, plus de 70 Iraniens sont morts après avoir bu de l’alcool frelaté, pensant que cela détruisait le coronavirus. Un message viral affirmant que des médecins sénégalais ont élaboré un « sérum » contre le coronavirus circule sur les réseaux sociaux africains ainsi que sur la messagerie WhatsApp. Cette rumeur a été officiellement démentie par un porte-parole du ministère sénégalais de la Santé.
Une certitude se dégage cependant : il n’existe à ce jour ni traitement ni vaccin. Les scientifiques ont déjà commencé leurs recherches, mais parvenir à un vaccin fiable et sûr pour l’homme prendra plusieurs mois.
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commentaires (8)
les bourses plongent .surtout encore plus que 2008 . .. 7000 infecter et une centaine de morts bloquage de frontière aux USA 25 million de perte d’emplois et surtout en Occident ... alors venez pas me raconter des conneries conspirationiste a 2 balles !!! Si elle été tellement forte la Chine elle aurait été capable de stopper ce virus importé de l’Occident pour la frapper et venez pas nous raconter des histoires à la james bond
Bery tus
05 h 31, le 19 mars 2020