Coronavirus : Nous sommes dans un état d'urgence sanitaire, annonce Diab

Le Premier ministre Hassane Diab, a annoncé dimanche soir, à l'issue d'un Conseil des ministres réuni en urgence à Baabda, et alors que 99 cas de nouveau coronavirus ont jusqu’à ce jour été détectés au Liban, que le pays était en état d'urgence sanitaire. "Aujourd'hui, le Liban est en état d'urgence sanitaire, et le gouvernement déclare donc la mobilisation générale jusqu’à la fin du 31 mars 2020", a déclaré M. Diab à l’issue du Conseil des ministres. Par la suite, la ministre de l'Information Manal Abdel Samad a donné lecture des principales mesures adoptées.

"Ce sont des jours difficiles pour le Liban (…) Il est temps de faire preuve de patience, de courage, de raison, de sagesse, de calme et de prévoyance. Il est temps de prendre soin de soi, de se protéger, de protéger sa famille. Aujourd'hui plus que jamais, les Libanais ont besoin d'unité et ont d’ailleurs toujours été unis face aux crises", a dit M. Diab.

"J'appelle tous les Libanais à faire preuve de la plus grande vigilance afin que nous puissions contenir et vaincre cette épidémie", a-t-il encore dit, assurant que "nous avons réussi à ce jour à ralentir la diffusion du virus depuis sa propagation dans le monde à partir du 31 décembre 2019".

M. Diab est ensuite revenu sur les mesures prises par son gouvernement ces derniers jours.

"Nous avons mis en place une stratégie scientifique, pratique et proactive pour protéger les Libanais et des mesures extraordinaires ont été prises en amont. Le Liban a ainsi réussi à contenir la première vague de ce virus, en toute discrétion, étant donné que nous faisons notre devoir", a-t-il dit. "Parallèlement, nous étions critiqués pour les mesures qu’on a prises, se traduisant par la fermeture des écoles et des universités, bien que nous soyons à l’avant-garde de la lutte, par rapport aux autres pays du monde, tout en continuant à devancer le virus à travers les mesures entreprises. Lorsque nos mesures se sont avérées fiables et valides, les surenchères sont montées d’un cran, accordant la priorité à l’exploitation politique aux dépens de la santé des gens", a-t-il dénoncé.

"Le niveau le plus élevé"
"Nous avons pris la décision, à niveau élevé, de suspendre les voyages à destination de certains pays avant que l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne les déclare endémiques, comme par exemple l'Italie, l'Iran, la Grande-Bretagne, l'Egypte, la France, l'Allemagne, la Syrie et l'Espagne ; en effet, nous avons suspendu l'entrée des étrangers en provenance de ces pays tout en assurant le retour, en toute sécurité, des ressortissants et de leurs familles, sous étroite surveillance de l'Organisation Mondiale de la Santé, s’est-il défendu. Nous avons pris des mesures spéciales à l'aéroport et continuons de les appliquer pour assurer le dépistage approprié auprès des passagers arrivant au Liban. Les mesures de dépistage comprennent la prise de température, les tests diagnostiques à bord de l'avion et peuvent aller jusqu'à l'isolement pendant 14 jours. Le ministère de l'Intérieur a nommé une équipe chargée de superviser et de mettre en œuvre la stratégie d’auto-isolement".

"Nous avons demandé à tous les hôpitaux publics et privés de préparer des plans d’intervention en situation d’urgence, et avons désigné l'Hôpital public Rafic Hariri comme seul centre d'accueil des patients, dans le but de réduire l'épuisement de tous les hôpitaux et de continuer à assurer les soins de santé aux patients qui ne sont pas infectés par le coronavirus, a-t-il encore dit. Il y a trois semaines, le gouvernement a pris la décision de fermer les écoles, les universités et les crèches, ce qui s'est révélé être la principale mesure efficace visant à contrôler la propagation de la maladie et la contenir".

"Il y a dix jours, les centres de divertissement tels que les clubs sportifs, les boîtes de nuit, les cinémas, les expositions, les théâtres, les conférences et autres ont été fermés, a-t-il rappelé. Il y a quelques jours, les cafés, restaurants, bars, jardins publics, centres de ski, lieux de loisirs et de divertissement tels que les stades de sports publics et privés, les piscines, les stations balnéaires et autres, ont été fermés".

"Nous avons également appelé les secteurs public et privé à mettre en place un système de rotation visant à limiter au minimum le travail pour les fonctionnaires et employés, de manière à assurer la continuité du travail dans tous les secteurs et la mise en œuvre des transactions nécessaires aux citoyens et à prendre les mesures nécessaires pour réduire les rassemblements, a ajouté M. Diab. Nous avons également demandé à toutes les autorités religieuses de prendre toutes les mesures possibles pour limiter les rassemblements dans les lieux de culte et les prémisses concernées".

"Nous avons également adopté le principe de la distance de sécurité entre les gens et avons émis une recommandation, il y a une semaine, à tous les citoyens pour éviter les lieux bondés, suspendre tous les événements sociaux, éviter les rassemblements à l'extérieur comme à l'intérieur, et ne sortir que pour le travail et qu’en cas d'absolue nécessité, a-t-il ajouté assurant que “tous ces plans ont entraîné une baisse significative de plus de 80 % du trafic aéroportuaire et routier".

"Par ailleurs, nous avons autorisé tous les services publics compétents à prendre toutes les mesures nécessaires, sans exception, dans les limites de leurs capacités et de leurs données, afin de rompre avec les pratiques traditionnelles et de garantir la mise en œuvre des plans adoptés", a noté M. Diab.

Selon le Premier ministre, "les mesures que nous prenons pour protéger les Libanais constituent le niveau le plus élevé que nous pouvons adopter constitutionnellement, et jamais auparavant dans l'histoire du Liban l’on a dû recourir à de telles mesures".

“Aujourd'hui, toutes les forces sont tenues de se montrer à la hauteur de la responsabilité nationale, de se mobiliser autour de l'État et de ses institutions et de fournir l’aide et le soutien nécessaires pour sauver les Libanais, a-t-il ajouté. Les mesures que nous prenons affecteront sans doute notre économie, à l’instar des autres économies du monde. Cependant, la vie et la santé des gens sont plus précieuses et constituent une priorité absolue”.

M. Diab a également remercié "tous ceux qui travaillent dans le secteur de la santé : médecins, infirmiers, infirmières, assistants, pharmaciens, personnel s’occupant des patients et de la propreté des hôpitaux, Croix-Rouge libanaise, associations de la société civile, l’Organisation Mondiale de la Santé, ainsi que toute main tendue pour aider les personnes infectées, de leurs efforts, dévouement, sacrifices, et engagement humanitaire et national".

"Je comprends la peur des Libanais. Au cours des dernières semaines, j'ai pensé à vous, pères et mères, frères et sœurs, …(…) J'ai pensé à toutes ces personnes, comment les protéger, comment les sauver. Comme vous me connaissez déjà, je resterai transparent en rétablissant les faits tels qu'ils sont, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger les Libanais", a-t-il conclu. 

(Lire aussi : Comment réussir son auto-isolement ?)

A l'ouverture du Conseil des ministres, le président libanais, Michel Aoun, s’était adressé aux Libanais, annonçant que la situation actuelle constituait un état d'urgence sanitaire qui nécessite une mobilisation générale.  "La science, n'ayant pas encore été en mesure de trouver des moyens de prévention ou un traitement efficaces, il est nécessaire de prendre les plus hauts niveaux de prévention et de protection pour limiter la vitesse de la propagation (...) La situation actuelle constitue un état d’urgence sanitaire nécessitant une mobilisation générale sur tout le territoire", avait-il notamment dit. Avant le Conseil des ministres, le Conseil supérieur de La Défense s'est lui aussi réuni à Baabda et a demandé aux autorités de décréter la mobilisation générale pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus. 

Selon des informations rapportées par notre correspondante au palais de Baabda, Hoda Chedid, des représentants des syndicats de plusieurs professions libérales et d'organisations ont assisté à la réunion gouvernementale. Il s'agit notamment du président du syndicat des médecins Charaf Abou Charaf, du président de la Croix-Rouge libanaise Antoine Zoghbi, du président du syndicat des hôpitaux Sleiman Haroun, de la présidente du syndicat des infirmiers et infirmières Mirna Doumit. Ces responsables seront chargés de présenter au cabinet la situation sanitaire actuelle.

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