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Économie - Dette

Eurobonds : semaine décisive en vue pour le gouvernement Diab

Le pays n’a pas intérêt à faire défaut sans s’être préalablement préparé aux conséquences qui découleront de cette décision.

L’entrée barricadée de la rue des Banques, dans le centre-ville de Beyrouth. Photo P.H.B.

Les jours qui viennent devraient marquer un tournant décisif concernant la gestion de l’endettement public du pays – près de 92 milliards de dollars à fin 2019, soit plus de 150 % du PIB.

C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre vendredi la porte-parole du gouvernement, la ministre de l’Information Manal Abdel Samad, lors du point presse suivant la réunion du Conseil des ministres organisée à Baabda. Évoquant le sujet brûlant des eurobonds – ces titres de dette émis en dollars par le Liban et qui représentent près de 37 % du total de la dette libanaise en 2019 –, la ministre a assuré, en citant le chef du gouvernement Hassane Diab, qu’« aucune décision (n’avait) encore été prise » et que la semaine qui démarre aujourd’hui allait être « cruciale ».L’exécutif formé le 21 janvier dans un contexte de contestation populaire visant la classe politique survenue dans le sillage d’une crise économique et financière pratiquement sans équivalent depuis trente ans doit en effet décider de rembourser ou non les prochaines échéances d’eurobonds. Le pays doit en effet sortir plusieurs milliards de dollars de sa poche cette année pour solder les différentes émissions arrivant à terme cette année, dont une première de 1,2 milliard de dollars le 9 mars, qui focalisent toutes les attentions depuis plusieurs mois.



(Lire aussi : L’Association des banques propose un nouveau « swap »)



Plusieurs options
En tout et pour tout, l’État est censé rembourser un total de 2,7 milliards de dollars de « principal » entre celles de mars, avril et juin. En ajoutant les intérêts sur les autres émissions arrivant lors des prochaines années, ce n’est pas moins de 4,6 milliards que le pays doit payer en 2020, alors que ses réserves en devises n’ont cessé de fondre depuis 2017. L’État a d’ailleurs réglé il y a quelques jours 71 millions de dollars d’intérêts sur des eurobonds arrivant à échéance en 2025 et 2030.

La précarité de cette situation, sanctionnée par les trois principales agences de notation américaines à des degrés divers ainsi que par les marchés, a polarisé les opinions au sein des milieux économiques et politiques du pays. Si une partie d’entre eux appellent à négocier une restructuration de la dette (une réduction des montants empruntés et des intérêts) au plus vite avec les créanciers, d’autres jugent plus prudent de régler la somme de 1,2 milliard due en mars pour ensuite obtenir un rééchelonnement du reste (baisse des intérêts en repoussant les échéances).


(Repère : Qu’est-ce qu’un eurobond ?)


Dans une tribune publiée samedi dans L’Orient-Le Jour, l’expert financier Nicolas Chikhani a lui souligné que le pays risquait gros en faisant défaut sans avoir préalablement établi « un plan de sauvegarde stratégique solide permettant de couvrir les risques qui pèsent sur les institutions financières ». Alertant dans le même temps sur les conséquences d’un « remboursement pur et simple », négatives notamment sur la parité monétaire ou les capacités d’importation du pays, l’expert a néanmoins assuré que le pays avait d’autres options – racheter lui-même ses propres titres au prix du marché qui a fondu de 50 % ou un swap (échange de titres de maturités différentes) sur le modèle de celui qui avait été proposé fin décembre par le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.

Le gouvernement de son côté a pris les devants en sélectionnant la semaine dernière deux cabinets internationaux pour l’assister dans les négociations – Lazard pour le volet financier et Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP pour le volet légal. Bien qu’il n’ait pas été appelé spécifiquement pour cette raison, le Fonds monétaire international (FMI), qui a dépêché une délégation d’experts à Beyrouth il y a près de deux semaines, pourrait également assister le pays dans ce dossier.Les créanciers étrangers, à qui des banques libanaises très exposées à la dette et en manque de liquidités ont cédé ces derniers mois une partie de leurs titres, sont eux en ordre de bataille depuis un bon moment. Le fonds d’investissement spéculatif Greylock Capital Management a par exemple formé en février un groupe avec d’autres détenteurs d’eurobonds afin de négocier avec l’État libanais en cas de restructuration. Plus problématique, le fonds Ashmore, une société de gestion londonienne active sur les marchés émergents, a lui absorbé plus d’un milliard de dollars d’obligations du Liban et possède désormais pas moins de 300 millions de dollars d’eurobonds de mars 2020, selon les chiffres qui ont circulé ces dernières semaines. Le positionnement du fonds est régulièrement commenté, tandis que des informations plus ou moins pertinentes sur le dossier circulent tous les jours, que ce soit dans les médias ou sur les réseaux sociaux.

Jeudi, une source gouvernementale avait par exemple laissé entendre que le gouvernement avait demandé de repousser l’échéance du 9 mars d’une semaine, une information qui a été démentie par une autre source au Grand Sérail un peu plus tard dans la journée. Pour un économiste contacté par L’Orient-Le Jour, « une chose est certaine, les négociations ne font que commencer et les prochains jours vont effectivement être fiévreux ».



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Les jours qui viennent devraient marquer un tournant décisif concernant la gestion de l’endettement public du pays – près de 92 milliards de dollars à fin 2019, soit plus de 150 % du PIB.C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre vendredi la porte-parole du gouvernement, la ministre de l’Information Manal Abdel Samad, lors du point presse suivant la réunion du Conseil des...

commentaires (4)

Il n'existe pas une baguette magique pour ce genre de problème . Il aurait fallu éventuellement recommander cette restructuration depuis l'année 2019 ; ceci aurait probablement épargné au pays tant de secousses et réduit surtout l'impact et préjudice envers le peuple . Non sans oublier les tiraillements politiques qui deviennent insensés /impardonnables devant cette crise

Lecteurs OLJ 2 / BLF

13 h 22, le 02 mars 2020

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Commentaires (4)

  • Il n'existe pas une baguette magique pour ce genre de problème . Il aurait fallu éventuellement recommander cette restructuration depuis l'année 2019 ; ceci aurait probablement épargné au pays tant de secousses et réduit surtout l'impact et préjudice envers le peuple . Non sans oublier les tiraillements politiques qui deviennent insensés /impardonnables devant cette crise

    Lecteurs OLJ 2 / BLF

    13 h 22, le 02 mars 2020

  • Remettez-vous au ministre des finances et tout se règlera avec un sourire.

    Esber

    13 h 18, le 02 mars 2020

  • La BdL n’a qu’à acheter des $ auprès des changeurs comme en sont contraints un grand nombre de libanais. Le gouverneur de la BdL comprendra à ce moment comment le circulaire numéro 536 vole chaque déposant de 1000LL par $ d’intérêt

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 00, le 02 mars 2020

  • AU LIEU DE DECIDER DEPUIS DES SEMAINES ILS TERGIVERSENT ENCORE. L,INCOMPETENCE CONTINUE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 41, le 02 mars 2020

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