Les deux cabinets – Lazard sur le volet financier et Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP pour le volet légal – ont été sélectionnés par le gouvernement libanais.
Mardi matin, moins d’une heure avant le début du Conseil des ministres à l’issue duquel doit être annoncée officiellement la sélection d’un cabinet de conseil financier international et d’un cabinet d’avocats international pour épauler le gouvernement Diab dans le processus de restructuration de la dette, un conseiller au ministère des Finances veut encore croire que les dés ne sont pas définitivement jetés. Pourtant, dès dimanche soir, plusieurs sources ont indiqué à L’Orient-Le Jour que le choix est fait. Ce sera Lazard sur le volet financier et Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP pour le volet légal.
Mais Lazard n’est pas dans les petits papiers du conseiller. La tentative de ce dernier, à la dernière minute, de repousser le Conseil des ministres est une illustration de la guerre de lobbying et d’influence tous azimuts entre cabinets concurrents, mais aussi entre cabinets et politiques, qui se joue depuis des jours. Vaine tentative, puisque mardi en début d’après-midi, ce sont les noms de Lazard et Cleary Gottlieb qui sont annoncés par la porte-parole du gouvernement.
Douze cabinets étaient en lice sur le volet financier dans le cadre de l’appel à proposition lancé mercredi par le gouvernement : Rothschild & Co, Guggenheim Partners, Citibank, Lazard, JPMorgan, PJT Partners, Houlihan Lokey, Newstate Partners, Standard Chartered, Global Sovereign Advisory, Deutsche Bank et White Oak. Trois sur le volet légal : Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP, White & Case LLP et Dechert LLP – dont fait partie l’ancien ministre Camille Abousleiman.
Dès dimanche soir, le choix de Lazard et Cleary, à l’issue de deux jours de réunions intensives du comité de sélection, a laissé perplexes de nombreux acteurs-clés, pourtant habitués aux guerres sans merci que se livrent les cabinets internationaux pour décrocher ce type de contrats prestigieux. « C’était ficelé d’avance et il n’y a aucun doute là-dessus », assure, amer, l’un des candidats malheureux. « Le monde de la restructuration de la dette est un monde de requins, mais je ne n’ai jamais vu une chose pareille. La complexité du paysage politique libanais a ajouté de la perversité aux jeux d’alliances et d’influences dans ce processus de sélection », confie le représentant d’un autre cabinet.
Acte I : convaincre Hassane Diab
Les jeux d’alliances et d’influences, les grands cabinets les ont en fait initiés il y a plusieurs mois déjà, en multipliant les visites à Beyrouth et en activant leurs réseaux sur place.
Première mission : alors que le Liban s’enfonce dans la crise et qu’un mouvement de contestation populaire inédit traverse le pays depuis octobre, il s’agit de convaincre les acteurs locaux, soit directement soit à travers des relais formels et informels, de la nécessité d’envisager sérieusement un scénario de restructuration de la dette.
Alors qu’arrive à échéance, en novembre 2019, une série d’eurobonds, les cabinets internationaux spécialisés dans les opérations de restructuration de la dette enregistrent un premier revers quand le gouverneur de la banque centrale, Riad Salamé, se dit prêt à assurer – pour le compte de l’État – le remboursement des créanciers. Le manque de visibilité politique le conforte dans ce choix : nul ne sait encore à ce moment quel visage aura le futur exécutif après la démission, quelques semaines plus tôt, du gouvernement Hariri, ni quelles seront ses chances de pouvoir négocier une aide financière internationale. Dans ce contexte, les quelques voix qui s’élèvent alors pour préconiser, dans un contexte de crise des liquidités en devises, la non-utilisation des réserves en dollars de la BDL pour rembourser les eurobonds sont inaudibles.
(Repère : I – Qu’est-ce qu’un eurobond ?)
Lorsque Hassane Diab prend, le 21 janvier, la tête du nouveau gouvernement, partisans et opposants d’un défaut de paiement organisé de l’État se succèdent dans son bureau. Sauf qu’à ce moment-là, Riad Salamé a une longueur d’avance : il a proposé un swap volontaire d’eurobonds aux banques locales, qui aurait pu permettre à la BDL de prendre possession de la grande majorité de ces obligations arrivant à échéance en 2020 et donc de récupérer une grande partie des réserves destinées à leur remboursement.
Problème : les banques, pas convaincues, décident de brader leurs eurobonds de 2020 sur le marché secondaire avant de nouer un accord avec le fonds Ashmore, une société de gestion londonienne active sur les marchés émergents. Résultat : Ashmore possède désormais un milliard de dollars d’obligations du Liban, dont près de 300 millions en obligations de mars 2020.
Ce développement change la donne. Les milieux politiques qui ont parrainé le nouveau gouvernement, en lui accordant la confiance au Parlement, accentuent la pression sur Hassane Diab en s’exprimant publiquement contre un remboursement de la série d’eurobonds arrivant à échéance le 9 mars 2020. En face, si le Premier ministre semble comprendre la nécessité d’engager un processus de restructuration de la dette, il rechigne à l’idée de voir son mandat rattaché à « un défaut de paiement », voire à « une faillite de l’État ».
Acte II : le positionnement de Camille Abousleiman et Lazard
Alors que le débat sur la nécessité, ou non, de rembourser les eurobonds de mars s’empare de tout le Liban, le gouvernement décide de faire appel à l’ancien ministre et spécialiste du marché de la dette, Camille Abousleiman, qui, rapidement, se dit disposé a offrir gracieusement son expertise à l’équipe Diab.
Abousleiman, qui a regagné son cabinet londonien Dechert après la démission du gouvernement Hariri, prépare une sollicitation du consentement des détenteurs internationaux d’eurobonds, un plan d’action en 15 points ainsi que les documents nécessaires en vue de programmer une extension de la maturité de ces obligations. Mais Camille Abousleiman n’est pas le seul à occuper le terrain.
L’équipe de Lazard est depuis un moment déjà à la manœuvre et propose son aide gracieuse au gouvernement sur le volet financier. Le coprésident de Lazard Paris, François Kayat, s’implique personnellement dans le dossier. Une autre pointure du bureau parisien, le directeur Moyen-Orient et Afrique, Xavier Atieh, est également de la partie. Il connaît bien le ministre de l’Environnement, Damien Kattar, l’homme de confiance de Hassane Diab. Le courant passe bien, aussi, avec le ministre des Finances, Ghazi Wazni.
(Lire aussi : Les conséquences d’une restructuration de la dette du Liban, par Oussama A.Nasr)
Au bout de quelques jours de travail, Camille Abousleiman et Lazard accompagnent le gouvernement dans sa première tentative de négociation avec Ashmore, qui dépêche des représentants à Beyrouth. La réunion se passe « très mal », rapporte une source proche du dossier. Ashmore exige le remboursement. Or, en détenant 25 % de la série de mars, le fonds est en mesure de faire échouer tout vote de restructuration de cette série qui ne lui conviendrait pas.
Acte III : le lancement de l’appel d’offres
La perspective de trouver un accord avec Ashmore s’étiolant, le gouvernement Diab est contraint d’aller de l’avant. Problème : le 17 février, des médias rapportent que le gouvernement a fait appel aux services de Camille Abousleiman. Si la nouvelle rassure certains observateurs, en raison du pedigree de M. Abousleiman, elle en agace d’autres.
Dans le contexte de la révolte populaire qui traverse le Liban, la transparence est plus que jamais une revendication de la rue. Elle est également portée par l’organisation Kulluna Irada, un lobby de plus en plus influent en affaires publiques, qui prône une restructuration immédiate de la dette publique et appelle au lancement d’un appel d’offres transparent pour la sélection d’un cabinet d’avocats international et d’un cabinet de conseil financier international.
C’est dans ce contexte que le ministère des Finances lance, le 19 février, deux appels à propositions, l’un pour le volet légal et l’autre pour le volet financier. Trois cabinets, dont celui auquel appartient Abousleiman, sont sur les rangs pour le volet légal, et douze pour le volet financier. Ils ont deux jours pour soumettre leurs offres.
(Repère : II. Qu’est-ce qu’une restructuration de la dette ?)
L’appel à propositions (RFP) pour le volet légal a été préparé entre autres par Lazard, celui pour le volet financier par Camille Abousleiman. Il s’agit là d’une pratique habituelle, et ces RFP sont en général des formats types légèrement adaptés à chaque cas. L’ensemble des candidats interrogés par L’Orient-Le Jour les qualifient d’ailleurs d’« extrêmement bien écrits ».
La mission requise se limite aux eurobonds détenus par des créanciers externes, précisent plusieurs d’entre eux. Là encore, « rien de surprenant », selon les cabinets. « Il s’agit d’une première étape. La plus urgente sans doute. » L’on précise également que quelle que soit la décision prise sur l’échéance de mars, elle ne sera annoncée qu’un à deux jours avant la date fatidique.
Acte IV : « Camille est OUT »
Le lendemain du lancement des appels à propositions, l’offensive anti-Abousleiman débute avec un article incendiaire publié dans les colonnes du quotidien al-Akhbar. L’homme qui a travaillé sur les émissions des obligations internationales libanaises depuis 1995 est entre autres accusé d’avoir rédigé des contrats d’eurobonds largement en faveur des créanciers, puisque ces derniers ne prévoient pas de « Collective Clause Action » qui permettrait à l’État de négocier en une seule fois les termes de la restructuration de la dette, mais nécessitent un vote de ces termes série par série (d’eurobonds) avec 75 % de consentement au lieu d’une majorité simple. Quelques heures après la publication de l’article, le journaliste Marcel Ghanem enfonce le clou lors de son émission Sar el-wakt sur la MTV, à une heure de grande écoute. « C’est un scandale. Il y a conflit d’intérêts. Une enquête doit être ouverte », dénonce l’animateur-vedette.
Marcel Ghanem ayant refusé toute intervention de M. Abousleiman lors de son émission, c’est sur Twitter que ce dernier se défend le lendemain matin. « Les conflits d’intérêts sont soumis à des règles strictes s’appliquant aux cabinets internationaux d’avocats et mon cabinet les respecte parfaitement », écrit-il notamment. À L’Orient-Le Jour, l’ancien ministre assure que si son cabinet n’est pas sélectionné par le gouvernement, il ne candidatera pas pour représenter les créanciers. La ligne de défense est claire, mais le mal est fait.
« Camille Abousleiman s’est fait beaucoup d’ennemis. Toutes les raisons évoquées pour l’écarter ne sont pas forcément correctes, car sa compétence ne fait pas débat. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il vaut mieux ne pas avoir une personne étiquetée politiquement aux commandes d’une telle mission », confie l’une des sources interrogées par L’Orient-Le Jour.
De fait, le gouvernement Diab informe Camille Abousleiman qu’il est désormais hors-jeu. Dans un Liban bouillonnant, mieux vaut éviter les polémiques.
Acte V : le week-end de toutes les manœuvres
Vendredi 21 février. Le ministère des Finances reçoit les offres. Alors qu’il avait été annoncé qu’il les ouvrirait le jour même, la réunion du comité de sélection est repoussée au lendemain. Si ce report n’est pas suspect en soi, la plupart des candidats s’inquiètent, en revanche, qu’on ne leur ait pas transmis la grille de notation des offres, contrairement à ce qui se fait généralement dans d’autres pays. « La pratique veut que l’expérience de l’équipe mobilisée, les CV de chacun de ses membres, la réputation du cabinet et son offre technique soient dans un premier temps évalués par un comité. C’est sur ces critères-là qu’une première pré-sélection est opérée. Les candidats shortlistés sont annoncés, et ce n’est qu’ensuite que le comité se réunit une seconde fois pour ouvrir les offres financières et procéder à la sélection finale », explique un des candidats malheureux, qui précise que rien de tout cela n’a été fait à Beyrouth.
(Lire aussi : Pour un ajustement structurel équitable, par Samir el-Daher)
Samedi, peu après 17h, une source proche du dossier affirme à L’Orient-Le Jour que la réunion du comité est sur le point de débuter et « qu’en principe, ce sera Lazard et Cleary ». Pourquoi tant de certitude ? On l’ignore encore.
Le comité est présidé par la ministre de la Défense, Zeina Acar, en sa qualité de vice-présidente du Conseil des ministres. Autour de la table, on retrouve le ministre des Finances, Ghazi Wazni, le ministre de l’Économie, Raoul Nehmé, et la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm. Les conseillers du Premier ministre, Georges Chalhoub et Ahmad Jishi, et le conseiller du ministre des Finances, Talal Salman, sont aussi présents. D’autres noms ont été évoqués par une de nos sources, mais nous n’avons pas pu croiser cette information.
Le comité commence par consulter les offres soumises par les conseillers financiers. Sur le papier, le favori, Lazard, est comme souvent en compétition avec Rothschild. Ce dernier a réussi à débaucher de chez Lazard, il y a plus d’un an, leur plus grand spécialiste de la restructuration de la dette : Eric Lalo. Et c’est ce dernier que Rothschild a choisi pour mener l’équipe Liban, aux côtés notamment de Georges Amatoury. Les deux cabinets se partagent équitablement, à eux seuls, la majeure partie des parts du marché international de la restructuration de la dette.
Lazard part toutefois avec un avantage majeur : selon trois sources différentes, le ministre des Finances a mis son veto contre Rothschild : « Leur nom est trop lourd », a-t-il confié à plusieurs de ses interlocuteurs. Le gouvernement libanais leur a donc conseillé de maintenir leur candidature, mais de nouer un pacte tacite avec un autre candidat pour conserver leurs chances. Ce que Rothschild fera avec Citibank.
Quand le comité ouvre les offres financières, il tombe sur une surprise de taille : le coût de celle de Lazard est très largement supérieur à celles de ses concurrents. Le comité appelle Lazard et l’invite à revoir son prix à la baisse. Lazard accepte mais ne comprend pas, dans un premier temps, qu’il devra baisser son offre de 50 % pour devenir compétitif. Le principal challenger à ce moment-là est Citibank. Le comité s’oriente tout de même vers une sélection non définitive de Lazard, indiquent néanmoins plusieurs sources samedi soir.
Le comité s’attaque ensuite aux offres des cabinets d’avocats. Dechert ne sait pas encore qu’il est définitivement hors-jeu, il tente le tout pour le tout : les services de Camille Abousleiman ne sont pas facturés. L’offre est très compétitive, mais pour les raisons évoquées plus haut, elle ne sera à aucun moment sérieusement considérée.
L’affaire se joue donc entre Cleary Gottlieb et White & Case. L’équipe de White & Case est menée par Ian Clark, un poids-lourd du monde de la restructuration de la dette. Il est accompagné de Charbel Abou Charaf. Quant à Cleary Gottlieb – qui a perdu récemment son propre poids-lourd, Lee Buchheit, parti à la retraite – elle présente également une très bonne équipe, menée par Andres de La Cruz et Richard Cooper, qui sont secondés par Lynn Ammar.
L’offre initiale de Cleary Gottlieb est de 66 % supérieure à celle de White & Case. Suite aux négociations téléphoniques avec le comité, les deux acceptent de baisser leurs offres. Résultat : Cleary Gottlieb est toujours 60 % plus cher que White & Case. Samedi soir, des sources indiquent à L’Orient-Le Jour que le comité s’oriente vers une sélection non définitive de White & Case.
Dimanche, quelques heures avant une nouvelle réunion du comité qui doit trancher l’affaire, ce dernier reçoit une nouvelle offre non sollicitée de Cleary Gottlieb. Cette fois-ci, le cabinet propose un prix légèrement supérieur (de 7,5 %) à celui de son concurrent. Il baisse surtout le coût (facturé à l’heure) de ses avocats en cas de contentieux, alors que cette phase potentielle n’est pas prévue dans le détail par l’appel d’offres. Celui de White & Case, n’ayant pas anticipé le coup, est de 25 % supérieur à celui de Cleary Gottlieb, qui sera finalement sélectionné.
Comment et pourquoi l’équipe de Cleary Gottlieb a-t-elle décidé de remettre une nouvelle offre dimanche, si proche de celle de White & Case ? Plusieurs sources soupçonnent l'équipe de Cleary Gottlieb d'avoir eu accès aux détails des informations sur les offres financières de ses concurrents. Ce qui est néanmoins formellement démenti par une source proche de Cleary Gottlieb.
Lors de la réunion de dimanche, en ce qui concerne le volet financier, Lazard, sur une deuxième sollicitation du comité, met sur la table une nouvelle offre, encore revue à la baisse. L’attitude pro-active du comité vis-à-vis de Lazard serait, selon plusieurs sources, liées au pedigree du cabinet. Le travail de lobbying lancé bien en amont par le cabinet aurait également joué en sa faveur. Au terme de cette deuxième réunion du comité, la décision finale tombe : ce sera effectivement Lazard et Cleary Gottlieb. De l’avis de tous les interlocuteurs sollicités, le comité a remarquablement bien négocié à la baisse les offres financières. Mais beaucoup d’entre eux rappellent, sans forcément contester la compétence des cabinets sélectionnés, que pour ce type d’appels d’offres, la pondération de l’offre financière est minime par rapport à l’offre technique dans la notation finale. « Dans tous les grands appels d’offres, il y a souvent une petite cuisine interne qui se met en place pour favoriser des candidats par rapport à d’autres. Ça fait partie du jeu et ce n’est pas propre au Liban. Mais dans ce cas précis, les irrégularités et incohérences sont flagrantes pour des marchés de quelques millions de dollars. Ce n’est pas rassurant pour la suite », résume une source proche du dossier.
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Mise au point
L’ancien ministre et spécialiste du marché de la dette, Camille Abousleiman, dont le cabinet Dechert LLP faisait partie des trois candidats au volet légal de l’appel d’offres lancé le 19 février par le ministère des Finances et finalement remporté par Cleary Gottlieb Steen & Hamilton LLP (pour le volet légal) et Lazard (pour le volet financier), a souhaité répondre à deux points soulevés dans l’article ci dessus.
Le premier point concerne des éléments initialement soulevés la semaine dernière dans un article du quotidien al-Akhbar et repris par L’Orient-Le Jour. Nous écrivions que dans l’article d’al-Akhbar, M. Abousleiman est « accusé d’avoir rédigé des contrats d’eurobonds largement en faveur des créanciers, puisque ces derniers ne prévoient pas de “Collective Action Clause” (la dénomination avait été mal retranscrite) qui permettrait à l’État de négocier en une seule fois les termes de la restructuration de la dette, mais nécessitent un vote de ces termes série par série (d’eurobonds) avec 75 % de consentement au lieu d’une majorité simple ».
Voici la clarification apportée par M. Abousleiman à L’Orient-Le Jour sur ce premier point :
« Les Collective Action Clauses (CAC) sont entrées en vigueur en 2015. Immédiatement, par courrier en date du 1er juillet 2015, j’ai recommandé au ministre des Finances de les adopter et d’établir un nouveau programme d’eurobonds, régi par la loi britannique qui présente moins de risques légaux pour l’État libanais en tant qu’émetteur. Travaillant avec l’équipe du ministère des Finances et les arrangeurs du programme, nous avions finalisé un nouveau programme, contenant les CAC, mais le ministre des Finances de l’époque n’a pas transmis cette proposition au Conseil des ministres, pour des raisons que j’ignore, malgré mon insistance et celle des arrangeurs programme. Depuis l’entrée en vigueur des CAC, Dechert les a toujours inclus dans les programmes d’eurobonds des autres pays qu’il représente, dont l’Égypte, la Tunisie et le Maroc. Il convient de noter que la commission gouvernementale libanaise n’a pas soulevé la question des CAC lors de nos discussions.
Étant donné qu’une grande partie de nos eurobonds ont été émis avant 2015 et que les CAC ne sont pas applicables rétroactivement, ces clauses auraient été d’une utilité limitée pour le Liban, car inapplicables aux séries existantes. Il ne faut donc pas exagérer l’importance de leur absence. Pour preuve, l’Ukraine a complété la restructuration de ses eurobonds de manière favorable à l’État malgré l’absence des CAC. »
M. Abousleiman a également démenti le fait que le gouvernement Diab l’ait informé qu’il était « hors-jeu », suite à une campagne médiatique le visant personnellement :
« Ce n’est pas le cas. Je n’ai pas été informé par le gouvernement Diab que Dechert était hors-jeu. L’offre de Dechert était sans aucun doute la plus compétitive, car mes services légaux étaient offerts à titre gracieux. Je respecte le choix fait par le gouvernement des cabinets de conseil financiers et légaux et je leur souhaite de réussir dans leur mission. »
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commentaires (11)
Article intéressant et bourré d'infos de première main. Mais alors, je ne vois ni "irrégularités" ni "incohérences" hormis le soupçon de favoritisme qui est suffisamment grave pour mériter vérification. A priori et de l'avis de la source citée dans le papier, le gouvernement a bien négocié et a obtenu des baisses substantielles des devis. C'est un bon début.
Marionet
00 h 15, le 28 février 2020