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Politique - Contestation

Ziad Assouad menace de mettre au pas « toute personne qui osera s’en prendre » à lui

Mardi soir, des affrontements ont eu lieu, sur le parking d’un restaurant d’Antélias, entre des contestataires et les hommes du député du CPL.

Les députés Élias Bou Saab, Eddy Maalouf et Ziad Assouad entourés des amis de ce dernier au restaurant Diwan Beirut à Antélias. Photo envoyée à L’OLJ par un activiste

Quand il s’est attablé, mardi soir, avec huit de ses amis, et entouré de ses gardes du corps, au restaurant Diwan Beirut à Antélias, le député aouniste Ziad Assouad pensait certainement s’offrir là une soirée tranquille. C’était sans compter le fait que la contestation, depuis plusieurs semaines déjà, semble avoir des yeux et des oreilles un peu partout. Il est 21h30 quand le député est repéré par des contestataires. Dans le contexte de la « chasse à l’homme politique » qui règne à travers le Liban, la nouvelle fait rapidement le tour des réseaux sociaux et groupes WhatsApp, mobilisant une quinzaine de protestataires qui déboulent sur les lieux.

Alors que souvent le face-à-face se limite au lancement d’accusations, mardi soir, l’affaire a pris un tour plus violent. En moins de quinze minutes, le parking du restaurant se transforme en un champ de bataille, notamment après que les gardes du corps de M. Assouad y ont fait irruption pour empêcher les contestataires d’entrer dans l’établissement. Sur les réseaux sociaux, des vidéos sont diffusées, qui montrent les contestataires huant, à travers la vitre du restaurant, les présents en leur criant : « Les gens n’ont plus de quoi manger ! » Visiblement décidé à ne pas se laisser faire, Ziad Assouad ameute ses hommes – une cinquantaine au départ – et sollicite le renfort d’une unité de la Sécurité de l’État et par la suite de l’armée. Selon le témoignage livré par l’un des activistes, Hicham Bou Ghanem, l’idée cette fois-ci n’était pas tant de pousser le député et ses amis hors du restaurant que de lui transmettre un message précis : celui de boycotter la séance parlementaire prévue en principe la semaine prochaine pour accorder la confiance à un gouvernement que les contestataires considèrent comme « non indépendant » et ne reflétant pas les aspirations du mouvement populaire.

Un autre activiste interrogé par L’Orient-Le Jour présente une version différente, affirmant que l’objectif était effectivement d’éjecter le parlementaire du restaurant.



(Lire aussi : Elie Ferzli se retire d'un restaurant beyrouthin sous les huées de manifestants)



Déluge d’injures
Quoi qu’il en soit, la situation dégénère rapidement. « Un type habillé en rouge s’est jeté sur la jeune fille qui filmait l’altercation et l’a agressée en essayant de lui arracher son portable », témoigne Hicham Bou Ghanem. La tension monte et les injures fusent. C’est alors qu’intervient le propriétaire du restaurant pour tenter de calmer les uns et les autres et mettre un terme à la bagarre. Les jeunes discutent avec lui et insistent pour entrer, « juste le temps de faire parvenir au député (leur) message de manière pacifique ». « Le propriétaire a accepté, de même qu’un officier de la Sûreté générale que l’on connaissait bien, le colonel Safi », poursuit Hicham Bou Ghanem.

Les gardes du corps, eux, ne l’entendent pas de cette oreille. C’est alors que surgit un certain Albert Sylva, l’un des responsables présumés du groupe de sécurité dit « des faucons » du Courant patriotique libre (fondé par Michel Aoun et aujourd’hui présidé par Gebran Bassil), un personnage réputé pour avoir déjà été au cœur de frictions avec les protestataires. Toujours selon la version de M. Bou Ghanem, Albert Sylva passe devant les protestataires et entre rejoindre Ziad Assouad. « En moins d’une minute, une cinquantaine de personnes dont plusieurs armées de bâtons, d’autres de revolvers, envahissent le parking et nous lancent un déluge d’injures avant de commencer à nous tabasser », raconte l’activiste. Une jeune fille, Najat, est violemment agressée. Elle est transportée à l’hôpital où on lui diagnostique une côte brisée. Les éléments de la Sûreté de l’État tentent de calmer les uns et les autres, sans trop y parvenir.



(Lire aussi : Harcèlement des politiciens dans les lieux publics au Liban : un phénomène nouveau et incontrôlable)



L’armée tampon
Il faudra attendre que l’armée soit dépêchée sur place, une vingtaine de minutes plus tard, pour séparer les deux camps. « La troupe a tenté de nous repousser et a fait la sourde oreille lorsque nous avons essayé de l’alerter sur la présence d’armes aux mains des hommes qui nous agressaient », assure Hicham Bou Ghanem. Les militaires finissent par repousser les contestataires qui se replient à 150 mètres, près de la place où est érigé le poing de la révolution. C’est alors que Ziad Assouad sort du restaurant pour accorder une entrevue aux médias déjà sur place.

Le message du député est musclé et clair : on ne se laissera plus faire. « Ils nous ont ciblés par des accusations. Ce n’est pas à nous, qui avons dénoncé le phénomène depuis des années, qu’il faut imputer la responsabilité de la corruption », affirme M. Assouad. Sur un ton ferme et presque menaçant, le député affirme : « Nous n’accepterons plus que l’on porte atteinte à notre dignité », laissant entendre qu’une armée de sympathisants sont venus aujourd’hui le défendre et qu’à l’avenir le chiffre doublera. « Dorénavant, ils vont voir de quel bois on se chauffe », lance encore M. Assouad en défiant ce qu’il a appelé « ce modèle de contestation que nous allons bientôt saper ».

Entre-temps, le député reçoit des renforts supplémentaires, d’autres sympathisants et des politiques, les députés Eddy Maalouf et Élias Bou Saab (également affiliés au CPL) l’ayant rejoint sur le parking du restaurant en signe de solidarité. C’était toutefois sans tenir compte de la détermination des contestataires qui, ayant appris que d’autres groupes de supporters continuaient d’affluer pour soutenir le député, décident de revenir sur les lieux. Les échauffourées reprennent alors de plus belle, près du parking du restaurant adjacent, Mehanna, cette fois-ci. Un jet de pierre en provenance des contestataires atterrit sur un des véhicules des officiels et près des médias. C’est de nouveau la grande empoignade, jusqu’à ce que l’armée parvienne à repousser les protestataires. Les députés ont, entre-temps, quitté les lieux, laissant leurs hommes faire le ménage après eux. Contacté hier par L’Orient-Le Jour, Ziad Assouad ne mâche pas ses mots et menace de mettre au pas « toute personne qui osera à l’avenir s’en prendre à moi ». « Cela n’est pas une révolution, mais des actes commis par des voyous, des gens qui ne sont ni éduqués ni civilisés », martèle le député qui accuse les protestataires d’être sous l’effet de la drogue. À la question de savoir si les sympathisants du CPL sont venus armés comme l’assurent les contestataires, il répond : « À supposer que cela soit vrai, où est le problème ? Moi-même je porte une arme et j’ai le droit de l’utiliser si ma dignité et ma sécurité personnelle sont en jeu. C’est un cas d’autodéfense et je suis couvert par la loi. Si l’État ne veut pas faire son devoir, c’est moi qui m’en chargerai. »



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commentaires (14)

A entendre M. Assouad, j'ai la nausée.

Jacqueline Abou Rajel

12 h 53, le 06 février 2020

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Commentaires (14)

  • A entendre M. Assouad, j'ai la nausée.

    Jacqueline Abou Rajel

    12 h 53, le 06 février 2020

  • Quelle honte! Ce malotru a l'âme aussi noire que le verbe.

    GAF

    10 h 49, le 06 février 2020

  • C’est des suiveurs d’une clique qui a propulsé le Liban dans un gouffre depuis le retour de leur chef de France…qui a juste réussi à semer la haine, le racisme et la division, avec arrogance en plus!

    Jack Gardner

    10 h 36, le 06 février 2020

  • E t voilà. A trop fréquenter les voyous et les milices on finit par adapter leur comportement. Celui qui un jour avait promis de réintégrer par le dialogue le Hezbollah dans le giron de l’Etat et ses armes au service de toute la patrie s’est lui-même transformé en chantre de cet état de non droit. Lorsque nous voyons sous nos yeux des Etats comme le Soudan, l’Éthiopie ou l’Arabie saoudite s’ouvrir peu au peu au monde il y a vraiment de quoi pleurer alors que nos dirigeants ont ruiné le pays et continuent à vivre comme des caïds mafieux en nous sortant de la propagande à 2 sous. La lutte sera longue mais grâce à l’éveil de nos jeunes, la responsabilité de fonctionnaires comme le chef de l’armée de la banque centrale ou des FSI et à la détermination de la communauté internationale de cesser de nourrir la pieuvre j’ai espoir qu’un jour ils finiront comme les Honecker, Cuacescu, Kadhafi, Marcos ou Baby Doc qui se sont crus plus importants que leur peuple.

    Liban Libre

    09 h 52, le 06 février 2020

  • Quel bel exemple de civilisation des supposés élus de la Nation. Si M. Assouad n’a pas compris que le langage des armes est destructeur, alors je lui suggère de lire quelques livres d’éducation civique.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 45, le 06 février 2020

  • QU'ON NE VIENNE SURTOUT PAS DIRE QUE LA LIBERTE DE.... BLA BLA BLA EST A RESPECTER, QUE LES POLITIQUES & AUTRES SUSPECTES DE CORRUPTION ET/OU DE CONNIVENCE/COUVERTURE DES CORROMPUS NE DOIVENT PAS ETRE DERANGES PAR LES PROTESTATAIRES DANS LES LIEUX PUBLIQUES ! C EST AUSSI INSENSE-ET LA PREUVE- QUE D'INTERDIRE LA FERMETURE DES ROUTES !

    Gaby SIOUFI

    09 h 45, le 06 février 2020

  • ca va mal finir ! un jour cet herleberlu ou un de ses sbires va tuer un mafestant ou une manifetsante et la spirale va s'engranger.

    Lebinlon

    09 h 39, le 06 février 2020

  • Il es est bôooo mon pays !

    Cadige William

    08 h 24, le 06 février 2020

  • UN DARTA-GNAN DE LA MAUVAISE HEURE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 22, le 06 février 2020

  • Très mauvaise prestation de ce député. Au lieu de calmer le jeu, il n'a fait qu'aggraver l'affaire. Quant au port d'arme, si lui a un permis, ce n'est certainement pas le cas des barbouzes du CPL. Comment les forces de l';ordre ne sont-elles pas intervenues pour les désarmer et les arrêter?

    Yves Prevost

    07 h 44, le 06 février 2020

  • la menace est l'arme des faibles

    Nadine Naccache

    07 h 29, le 06 février 2020

  • Ils n’ont rien compris, hélas... Soupirs

    Gros Gnon

    06 h 40, le 06 février 2020

  • IL A MILLE FOIS RAISON ZIAD ! C'EST PUREMENT ET SIMPLEMENT DES VOYOUS QUI S'ATTAQUENT À TOUS CEUX QUI NE LEUR PLAISENT PAS . L'ANARCHIE A PRIS LE LIBAN DE SURPRISE AVEC CETTE RÉVOLUTION . LES RESTAURANTS , PAUVRES INVESTISSEURS , SONT EN TRAIN DE FERMER PORTES ET FENÊTRES L'UN APRÈS L'AUTRE . C'EST AINSI QUE LE TOURISME EST ENCOURAGÉ

    Chucri Abboud

    03 h 14, le 06 février 2020

  • "Moi-même je porte une arme et j’ai le droit de l’utiliser si ma dignité et ma sécurité personnelle sont en jeu." Effectivement, Noir a sûrement besoin d'une arme étant donné que sa dignité est en danger et il lui manque le caractère et l'intellect pour la defendre ce qui ne lui laisse que l'arme! Au fait tout ceci rappelle bien l'intervention des chabihas de berri On se demmande qui apprend qui a faire quoi...

    Wlek Sanferlou

    01 h 52, le 06 février 2020

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