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À La Une - diplomatie

Le GIS exhorte le gouvernement Diab à lancer des réformes

Diab reçoit les ambassadeurs de France, de Suisse et de l'UE.

Le Premier ministre libanais Hassane Diab recevant l'ambassadeur de France au Liban Bruno Foucher, le 23 janvier 2020 au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra

Le Groupe international de soutien au Liban a exhorté jeudi soir le nouveau gouvernement libanais, du Premier ministre Hassane Diab, à mettre en œuvre des réformes "qui répondent aux revendications du peuple" et permettraient "d'inverser les crises" auxquelles doit faire face le pays, conditionnant tout soutien international à l'application de ces mesures. Dans un communiqué publié par les pays et organisations membres du GIS, ces derniers appellent notamment à lutter contre la corruption, respecter la politique de distanciation des conflits régionaux et désarmer tous les groupes armés. 

Après plusieurs semaines de crise politique, le Liban s'est finalement doté mardi d'un nouveau gouvernement qui a la lourde tâche de relancer une économie en chute libre et de convaincre des manifestants hostiles à la classe politique. Mais pour les manifestants mobilisés depuis le 17 octobre, les nouveaux ministres sont des personnalités affiliées à cette classe politique qu'ils accusent de corruption et d'incompétence. Des heurts avec la police antiémeute ont fait 22 blessés mercredi à Beyrouth.

"Suite à l'annonce de la formation du nouveau gouvernement, le GIS exhorte le cabinet à adopter rapidement la déclaration ministérielle, dans laquelle doivent se trouver des mesures substantielles, crédibles et complètes et des réformes qui peuvent répondre aux demandes du peuple libanais", a indiqué le groupe dans un communiqué. "La mise en œuvre rapide de ces réformes est essentielle pour mettre un terme et inverser les crises auxquelles doivent faire face le pays et ses citoyens", ajoute le texte. 

"En l'absence de réformes, l'économie et la population du Liban restent dépendants de financements extérieurs et sont vulnérables à des crises qui ne feront que s'aggraver", met en garde la communauté internationale. Dans ce cadre, elle "encourage les autorités libanaises à adopter immédiatement un budget 2020 fiable, à mettre en place le plan de réforme de l'électricité, réformer les entreprises publiques et adopter des lois régulant de manière effective les marchés publics". Les pays du GIS soulignent encore la nécessité de "restaurer la confiance des investisseurs en luttant contre la corruption et l'évasion fiscale, au moyen de l'adoption d'une stratégie nationale, d'une réforme assurant l'indépendance de la justice et d'autres mesures garantissant la transparence et la bonne gouvernance". 

"Le GIS réaffirme l'importance du droit à manifester pacifiquement sous la protection des autorités", ajoute le communiqué, en référence à la répression violente des sit-in des derniers jours par les forces de l'ordre. 
Par ailleurs, la communauté internationale a appelé "toutes les formations politiques libanaises à appliquer concrètement une politique de distanciation de tous les conflits externes" et rappelé l'engagement du Liban, notamment via des résolutions de l'ONU, à "désarmer tous les groupes armés afin qu'il n'y ait plus d'armes ni d'autorité au Liban qui se trouvent hors du cadre de l’État". 

"Le GIS réaffirme sa volonté de soutenir un Liban qui s'engage à mettre en place des réformes. Une fois installées, toutes ces réformes vont permettre de rétablir la confiance, aussi bien parmi les Libanais qu'au sein de la communauté internationale, et aider à obtenir un soutien international continu", conclut le texte.


(Lire aussi : Diab : Je représente la contestation)



Mesures d'urgence
Le communiqué du GIS a été publié alors que Paris avait déjà exhorté jeudi le nouveau Premier ministre libanais à prendre "les mesures d'urgence à même de rétablir la confiance" au Liban. "La situation difficile que connaît le Liban exige que son nouveau gouvernement prenne en priorité les mesures d'urgence à même de rétablir la confiance", a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. "Le temps est venu pour l'ensemble des responsables libanais d'agir de manière collective et dans l'intérêt général de tous les Libanais", a souligné Agnès von der Mühll.

Le président Emmanuel Macron a déclaré mercredi que la France ferait "tout" pour "aider" le Liban. Il a aussi souligné qu'il resterait "vigilant" sur des "activités terroristes" à partir de ce pays qui menaceraient non seulement les Libanais, mais Israël, pays voisin en conflit avec le Hezbollah.

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a aussi exhorté mercredi le nouveau gouvernement à réaliser des réformes "tangibles" pour "rétablir la confiance des investisseurs et débloquer l'aide internationale au Liban".

Au cours d'une réunion en décembre à Paris, les principaux soutiens internationaux du Liban ont lié toute aide financière à ce pays à la mise en place d'un gouvernement "efficace et crédible", qui engage rapidement des réformes "d'urgence". "Comme l'ont souligné les partenaires du Liban lors de la réunion du Groupe international de soutien (GIS) à Paris le 11 décembre 2019, des réformes profondes et ambitieuses seront nécessaires, notamment en matière de transparence de l'économie, de soutenabilité économique et financière, de lutte contre la corruption et d'indépendance de la justice", a rappelé la porte-parole de la diplomatie française.




(Lire aussi : Un gouvernement, quelques bonnes têtes, et après... ?, le commentaire d'Élie Fayad)



Réunions diplomatiques au Sérail
Toujours sur le plan diplomatique, le nouveau Premier ministre a reçu au Grand Sérail jeudi les ambassadeurs de France, Bruno Foucher, de l'Union européenne, Ralph Tarraf, de Suisse, Monika Schmutz Kirgöz, et de Grande-Bretagne, Chris Rampling, avec qui il a évoqué la crise économique et financière qui touche le pays.

"Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que le gouvernement doit se concentrer sur les dossiers économiques et la solution à la crise, tout en mettant en place les réformes structurelles", a dit M. Tarraf à l'issue de la réunion. "Nous nous engageons, en tant qu'Union européenne, à apporter notre aide, si ces réformes sont appliquées, a-t-il ajouté. Nous attendons que le gouvernement maintienne sa politique de distanciation et son positionnement politique", a encore souligné Ralph Tarraf. L'ambassadeur a toutefois refusé de dire s'il considérait le gouvernement Diab comme celui du Hezbollah ou comme un cabinet monochrome.



Le Premier ministre libanais, Hassane Diab, s'entretenant avec l'ambassadeur de l'UE au Liban, Ralph Tarraf, le 23 janvier 2020 au Grand Sérail. Photo Dalati et Nohra



L'ambassadrice de Suisse a pour sa part indiqué que Hassane Diab et son gouvernement "font face à une tâche difficile, et que son pays est prêt à les aider". La diplomate a en outre fait état de "rumeurs sur des opérations de fuite de capitaux, notamment vers la Suisse". "Nous sommes prêts à coopérer, à la demande du nouveau gouvernement libanais, afin de faire la lumière sur ces rumeurs", a-t-elle ajouté.

Il y a quelques semaines, une polémique avait éclaté autour d'informations non vérifiées sur des transferts présumés de milliards de dollars vers des banques suisses, en décembre, par neuf hommes politiques libanais. Le Gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, avait affirmé que seulement 2,6 milliards de dollars ont été transférés à l’étranger à partir du Liban depuis fin septembre, précisant que la BDL allait envoyer des enquêteurs auprès des banques pour établir un rapport détaillé sur ces transferts, qui sera ensuite transmis à la justice.

Pour sa part, l'ambassadeur de la Grande-Bretagne à Beyrouth, Chris Rampling, a souligné que son pays, "comme les autres membres du GIS (Groupe international de soutien au Liban, ndlr) est prêt à soutenir le Liban, mais nous attendons de voir si le nouveau gouvernement s'engage à mener les réformes dont le Liban a grandement besoin". "La formation d'un nouveau cabinet est une étape importante" pour le pays du Cèdre, a-t-il ajouté.

Le gouvernement de Hassane Diab, dont la formation officielle a été annoncée mardi soir, succède au cabinet Hariri, qui a démissionné le 29 octobre sous la pression de la rue. A l'issue de la première réunion de son gouvernement, le nouveau Premier ministre a averti que le Liban faisait face à une "catastrophe" économique, soulignant les "défis immenses" qui attendent son équipe.


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Le Groupe international de soutien au Liban a exhorté jeudi soir le nouveau gouvernement libanais, du Premier ministre Hassane Diab, à mettre en œuvre des réformes "qui répondent aux revendications du peuple" et permettraient "d'inverser les crises" auxquelles doit faire face le pays, conditionnant tout soutien international à l'application de ces mesures. Dans un communiqué publié par...

commentaires (2)

DES MESURES URGENTES MAIS CALCULEES, VIABLES ET CONCRETES EN REPONSE AUX REVENDICATIONS POPULAIRES POUT ESSAYER DE REMETTRE A LA SURFACE LE PAQUEBOT LIBAN EN DETRESSE.

LA LIBRE EXPRESSION

16 h 35, le 23 janvier 2020

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Commentaires (2)

  • DES MESURES URGENTES MAIS CALCULEES, VIABLES ET CONCRETES EN REPONSE AUX REVENDICATIONS POPULAIRES POUT ESSAYER DE REMETTRE A LA SURFACE LE PAQUEBOT LIBAN EN DETRESSE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 35, le 23 janvier 2020

  • Exhorter ne sert à rien. Ça ne coute rien, donne bonne mine, Le problème il est ailleurs. Le système est pourri, et il faut donner un bon coup de pied dans la Termitière pour sortir toutes ces fourmis qui stockent des deniers volés ici et là dans leur repaire depuis des decennies!

    LeRougeEtLeNoir

    16 h 28, le 23 janvier 2020

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