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À La Une - Liban

Hariri : Détruire Beyrouth et ses souks, "un acte condamnable et suspect"

"Il est "trop tôt pour lancer des jugements" à l'encontre du gouvernement de Hassane Diab, affirme son prédécesseur.

L'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri, le 7 novembre 2019 au palais de Baabda. Photo REUTERS/Mohamed Azakir

L'ancien Premier ministre Saad Hariri a condamné jeudi les violences qui ont eu lieu la veille dans le centre-ville de Beyrouth, entre manifestants hostiles au gouvernement du nouveau Premier ministre Hassane Diab, et forces de l'ordre qui ont empêché les protestataires d'accéder au siège du Parlement.

Le gouvernement Diab, dont la formation officielle a été annoncée mardi peu avant 22h, succède au cabinet Hariri, qui a démissionné le 29 octobre sous la pression de la rue qui se révolte depuis le 17 octobre. La formation de ce cabinet a attisé la colère des protestataires qui estiment que les nouveaux ministres sont des personnalités affiliées à la classe politique qu'ils accusent de corruption et d'incompétence.

"Se permettre de détruire Beyrouth, ses souks et ses commerces constitue un acte condamnable et suspect, quelle que soit la partie qui se cache derrière ces actes ou qui les soutient", a écrit M. Hariri sur Twitter. "Les places de Beyrouth sont ouvertes à la liberté d'expression, à la contestation, à la colère, et aux manifestations pacifiques des Libanais. Mais il est inacceptable qu'elles se transforment en théâtre d'affrontements et de vandalisme contre les propriétés publiques et privées", a affirmé le leader sunnite.



(Lire aussi : Un gouvernement, quelques bonnes têtes, et après... ? Le commentaire d'Elie Fayad)



"Excès de violence"
"Lorsque les efforts convergent afin de protéger Beyrouth contre le chaos et les actes de violence, nous couperons court aux plans qui visent à exploiter la colère des gens au service de la sédition", a encore estimé M. Hariri. "Les expériences dans l'entourage du Liban nous ont appris que l'excès de violence est le chemin le plus court vers la confessionnalisation des révolutions en vue de les tuer".
Saluant "les jeunes Libanais et Libanaises qui ont dépassé les allégeances communautaires pour consacrer l'allégeance au Liban", Saad Hariri a estimé que "cet exploit a mis tous les partis dos au mur". "Il faut défendre cet acquis et le renforcer afin de lui éviter le piège de la confessionnalisation", a-t-il plaidé.

De nouvelles violences ont éclaté hier en fin d’après-midi entre manifestants en colère et forces de l’ordre à l’entrée du Parlement au niveau de la rue Weygand à Beyrouth, au lendemain de la formation du gouvernement de Hassane Diab qui avait tenu plus tôt dans la journée son premier Conseil des ministres. Des dizaines de jeunes, certains cagoulés, lançaient des pierres et différents objets en direction des forces de l’ordre, ces dernières ripostant à l’aide de canons à eau et de grenades lacrymogènes pour tenter de disperser les contestataires, dans des scènes qui s’apparentaient à une véritable guérilla urbaine.

Jeudi, la Croix-rouge libanaise a annoncé que 86 personnes ont été blessées lors de ces affrontements. "Quatorze personnes ont été hospitalisées, et 72 autres ont été traitées sur place", indique la CRL sur Twitter.

Dans ce contexte, le bureau de presse de la nouvelle ministre de la Justice, Marie-Claude Najm, a annoncé que celle-ci a contacté le procureur général près la cour de Cassation, le juge Ghassan Oueidate, qui l'a informée des événements de la nuit dernière et du cours de l'enquête. Mme Najm lui a demandé de poursuivre cette enquête afin de déterminer les responsabilités et prendre les sanctions nécessaires contre les agresseurs. Marie-Claude Najm a "insisté sur la liberté de manifestation et d'expression, garantis par la Constitution et les lois, tout en condamnant les actes de vandalisme et les agressions contre les citoyens, les journalistes et les forces de l'ordre, ainsi que les propriétés publiques et privées".



(Lire aussi : Le ciel et le fromage, le billet de Fifi Abou Dib)



"Lancer des jugements"
Commentant en outre la formation du gouvernement de Hassane Diab, Saad Hariri a estimé qu'il est "trop tôt pour lancer des jugements à son encontre", tout en soulignant que "la formation de ce cabinet était requise et nous avions insisté sur cela pour des raisons constitutionnelle et pratiques". "Il est normal que nous suivions son travail et que nous scrutions ses politiques (...)", a ajouté Saad Hariri. Il a prévenu qu'il y avait "une vraie colère qui nécessite de la vigilance face aux défis de la situation actuelle et ses dangers économiques, sociaux et sécuritaires. Les leçons seront à tirer dans les jours à venir".

Pour sa part, le mufti de la République, le cheikh Abdel Latif Deriane, a estimé que "ce que certains éléments infiltrés ont fait et font dans le centre-ville de Beyrouth et ses souks, notamment les actes de vandalisme contre les commerces, les arbres et les biens publics et privés, est contraire à la morale". "Ce qui se passe dans les rues de Beyrouth (...) fait d tort à la contestation populaire et ses justes demandes", a-t-il également estimé, appelant à "préserver la sécurité du pays et celle de ses biens". Le mufti a enfin appelé les forces de l'ordre à "intensifier leurs efforts afin de préserver la sécurité de l'Etat et des citoyens".

Le mufti de la République n'a toujours pas reçu à Dar el-Fatwa le nouveau Premier ministre, ni durant la phase de sa désignation. Ce geste a été interprété par certains observateurs comme un signe de rejet de la légitimité de Hassane Diab sur le plan sunnite.

A l'issue de la première réunion de son gouvernement, le nouveau Premier ministre a averti que le Liban faisait face à une "catastrophe" économique, soulignant les "défis immenses" qui attendent son équipe.



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commentaires (5)

Assez polémiquer sur les souks. Quels souk? Ce pays est devenu un grand souk où chacun vient se servir comme il veut sans qu'on puisse mettre une identité dessus. Concentrons-nous sur l'essentiel. Les pierres ça va ça vient on détruit et on reconstruit des souks des villes des villages mais lorsqu'on détruit un pays et sa constitution et qu'on instaure une dictature étrangère à la place d'une démocratie et qu'on massacre son peuple à coup de coupures d'électricité, en lui servant de l'eau au compte goutte polluée on retient son argent et sa liberté aux mains des voleurs et des frittes tout en le menaçant à tout bout de champs de guerre de tout genre. LÀ C'EST LE SOUK. Et c'est de celui-là dont on doit se soucier.

Sissi zayyat

19 h 31, le 23 janvier 2020

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Commentaires (5)

  • Assez polémiquer sur les souks. Quels souk? Ce pays est devenu un grand souk où chacun vient se servir comme il veut sans qu'on puisse mettre une identité dessus. Concentrons-nous sur l'essentiel. Les pierres ça va ça vient on détruit et on reconstruit des souks des villes des villages mais lorsqu'on détruit un pays et sa constitution et qu'on instaure une dictature étrangère à la place d'une démocratie et qu'on massacre son peuple à coup de coupures d'électricité, en lui servant de l'eau au compte goutte polluée on retient son argent et sa liberté aux mains des voleurs et des frittes tout en le menaçant à tout bout de champs de guerre de tout genre. LÀ C'EST LE SOUK. Et c'est de celui-là dont on doit se soucier.

    Sissi zayyat

    19 h 31, le 23 janvier 2020

  • C'est quand même assez drôle d'entendre le fils Hariri condamner la destruction de Beyrouth et de ses commerces et souks lorsque l'on mesure à quel point son père et ses associés saoudiens et émiratis se sont livrés à un véritable urbanocide dans les temps dits de la reconstruction... Bien entendu, les deux pratiques diffèrent, mais laquelle est la plus condamnable ?

    CURMI ANDRE

    17 h 49, le 23 janvier 2020

  • PAS DE SOUKS OU LES MIETTES QUI EN RESTENT. MAIS DETRUIRE BEYROUTH, PAR QUI QU,IL SOIT, EST UN ACTE CRIMINEL.

    LA LIBRE EXPRESSION

    16 h 40, le 23 janvier 2020

  • la violence et la peur ,les deux armes des pouvoirs ;on sait bien que c'est toujours le peuple qui sort perdant des affrontements;DONC ,trouver les armes démocratiques pour faire plier tous ceux qui ne veulent pas entendre la société civile!elles existent!j;p

    Petmezakis Jacqueline

    15 h 57, le 23 janvier 2020

  • Les "souks" de Beyrouth? Quels souks? Il en a été fait table rase par Solidere, qui a reconstruit un centre ville émiratisé, tournant le dos à l'histoire de Beyrouth, sa mémoire, son essence même. On a ainsi tué ce qu'il restait de la part orientale, levantine et cosmopolite de la ville, au bénéfice d'un centre lieu de non vie où l'on ne croise que des ombres. Je trouve indécent de la part de M. Hariri de parler de "souks" ou alors il n'a jamais mis les pieds dans les souks, les vrais, ceux d'avant cette guerre sauvagement incivile (il était peut-être trop jeune...).

    otayek rene

    15 h 26, le 23 janvier 2020

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