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Politique - Gouvernement

Bassil met de l’eau dans son vin, la mission de Diab semble facilitée

À l’issue de son entretien avec Nabih Berry, le chef du CPL plaide pour un cabinet de spécialistes.

Gebran Bassil et Nabih Berry lors de leur entretien hier à Aïn el-Tiné. Photo ANI

Plus de 90 jours après son début, le mouvement de contestation a repris avec force, hier, à travers tout le Liban. En face, au plan politique, les tractations gouvernementales se poursuivaient, dans une tentative de surmonter les obstacles entravant encore la genèse du prochain cabinet. Hier, il semblait néanmoins que les parrains de Hassane Diab, désigné le 19 décembre dernier, aient enfin décidé de lui faciliter la tâche.

Les regards étaient braqués hier sur le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, dont les rapports avec le Premier ministre désigné Hassane Diab sont en dents de scie. Contrairement aux attentes, le leader du CPL n’a pas fait d’annonce forte au sujet des tractations gouvernementales, lors d’une conférence de presse organisée au siège du CPL à l’issue de la réunion hebdomadaire du groupe parlementaire du « Liban fort », dont le courant fondé par le chef de l’État Michel Aoun est la principale composante. Il ne s’est pas non plus rangé parmi les opposants.

Au contraire, il a mis de l’eau dans son vin et s’est contenté de réitérer son appel à ce que voie le jour un cabinet de spécialistes, tel que demandé par le mouvement de contestation. « Nous devions faire une annonce forte, mais nous nous limitons à rappeler que n’avons jamais formulé aucune demande, exception faite de la formation d’un gouvernement capable de sauver le pays de la crise économique et financière », a déclaré M. Bassil lors de son point de presse. « Les développements survenus aujourd’hui (hier) nous poussent à assumer nos responsabilités », a-t-il poursuivi, dans une tentative claire de ne pas attiser la colère des manifestants. Et le chef du CPL de rappeler que sa formation a exercé un forcing pour la mise sur pied d’une équipe apolitique, formée de spécialistes non affiliés à des partis politiques. « Nous n’avons choisi aucun nom ni aucune personnalité affiliée au CPL ou proche du parti, ce qui nous importe étant de nommer des gens capables de servir au mieux le pays », a-t-il encore dit.

Évoquant la question de la forme de la future équipe qui a longtemps oscillé entre gouvernement de technocrates ou cabinet techno-politique, M. Bassil a assuré que son parti est toujours en faveur d’un gouvernement de spécialistes. « Nous n’avons pas changé d’avis à la suite de l’assassinat (début janvier, par les Américains à Bagdad) de Kassem Soleimani (ancien chef de la brigade al-Qods au sein des pasdaran). Et nous avons dit que la guerre (régionale) n’a pas éclaté au Liban et que nous voulons mettre en place une politique visant à le garder à l’abri de cette confrontation », a souligné le chef du CPL, dans ce qui sonne comme une réponse à ceux qui l’accusent de presser pour un cabinet à dominante politique, contrairement à la volonté de M. Diab.

« Il faut que soit formé un gouvernement capable de gagner la confiance des gens, du Parlement et de la communauté internationale, pour briser le blocus financier imposé au pays », a ajouté Gebran Bassil avant de décocher ses flèches en direction de Hassane Diab et du Premier ministre sortant Saad Hariri, appelant le premier à accomplir sa tâche et à mettre sur pied une équipe ministérielle, et le second à expédier les affaires courantes en attendant la genèse du futur cabinet.

Le timing

En dépit du fait qu’il a réitéré son traditionnel appel à la formation d’un cabinet de spécialistes, c’est surtout par leur timing que les déclarations de Gebran Bassil sont à analyser. Et pour cause : elles interviennent à la suite de propos particulièrement significatifs du président de la République Michel Aoun. Devant le corps diplomatique et consulaire, M. Aoun a confié hier que le gouvernement devait voir le jour la semaine dernière, mais que « certains obstacles ont entravé ce processus ».

Les propos de M. Bassil interviennent surtout quelques heures après son entretien avec le président de la Chambre Nabih Berry, qui avait lui aussi formulé des critiques face à la gestion du dossier gouvernemental par Hassane Diab, notamment pour ce qui est de son attachement à une mouture totalement épurée des figures politiques.

Une source au sein du CPL se contente de souligner à L’Orient-Le Jour que la rencontre Berry-Bassil qui a duré plus de deux heures « s’est déroulée dans une atmosphère particulièrement positive ». Mais dans certains milieux politiques, on estime que la rencontre entre les deux hommes visait à faciliter la tâche à Hassane Diab, tout comme les entretiens que le Premier ministre désigné auraient eus avec Ali Hassan Khalil, bras droit de Nabih Berry, et Hussein Khalil, conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

Sans vouloir se prononcer au sujet de ces deux rencontres, des milieux proches de M. Diab assurent à L’OLJ que ce dernier poursuit ses contacts pour que le cabinet soit mis en place dans les plus brefs délais, tout en se félicitant des propos de Gebran Bassil, dans la mesure où ils auraient pavé la voie à l’équipe Diab.

Selon notre correspondante Hoda Chedid, celle-ci serait quasiment prête et les tractations porteraient encore sur la vice-présidence du Conseil et les portefeuilles de l’Énergie et de la Défense. En revanche, une entente aurait d’ores et déjà été atteinte autour de la future déclaration ministérielle. La partie concernant le statut de la « résistance » serait identique à celle de la déclaration ministérielle du cabinet sortant.

Hariri sort de son silence

En attendant l’issue des contacts en cours, le Premier ministre sortant Saad Hariri, de retour à Beyrouth après un déplacement privé de trois semaines, est sorti de son silence à l’issue d’une réunion élargie du groupe parlementaire du Futur, en présence des anciens ministres et députés du parti.

Lors d’une conversation à bâtons rompus avec les journalistes, il a réagi à la polémique sur l’exercice de ses responsabilités dans la gestion des affaires courantes, appelant Hassane Diab et « ceux qui l’ont nommé » à former le prochain cabinet. « Depuis ma démission, j’expédie les affaires courantes. Je n’ai jamais arrêté de le faire, et nous ferons encore plus », a-t-il affirmé, soulignant que « certaines choses ne peuvent pas être décidées en période de gestion des affaires courantes », et insistant sur le fait que « des questions doivent être réglées conformément à la Constitution ».

Pour ce qui est des tractations ministérielles, M. Hariri a déclaré : « L’essentiel est de former un gouvernement. Il y a un Premier ministre désigné, Hassane Diab, et sa tâche est de former un cabinet avec ceux qui l’ont nommé », a déclaré Saad Hariri. « Ils entravent et ils m’accusent d’entraver... Dans ce pays, où le peuple souffre beaucoup, il faut mettre les divergences de côté et nommer des ministres spécialistes de leur domaine à la bonne place », a-t-il ajouté.

Plus de 90 jours après son début, le mouvement de contestation a repris avec force, hier, à travers tout le Liban. En face, au plan politique, les tractations gouvernementales se poursuivaient, dans une tentative de surmonter les obstacles entravant encore la genèse du prochain cabinet. Hier, il semblait néanmoins que les parrains de Hassane Diab, désigné le 19 décembre dernier, aient...
commentaires (5)

Je reste toujours septique, a quoi bon de commenter et re.

Maurice Moubarak

13 h 49, le 16 janvier 2020

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Commentaires (5)

  • Je reste toujours septique, a quoi bon de commenter et re.

    Maurice Moubarak

    13 h 49, le 16 janvier 2020

  • IL MET UN PEU D,EAU DANS SON VIN ET DES FLOTS D,EAU DANS LE MOULIN CONTRAIRE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 17, le 15 janvier 2020

  • quelle analyse faut il croire , quelle conclusion ? celle de Jobran et Co ou bien celle de Hoda Chedid QUI PROUVE QUE RIEN N'A ENCORE EVOLUE. LES MEMES PROBLEMES ET COMPLICATIONS ""les tractations porteraient encore sur la vice-présidence du Conseil et les portefeuilles de l’Énergie et de la Défense. : ""

    Gaby SIOUFI

    10 h 08, le 15 janvier 2020

  • "n’avons jamais formulé aucune demande, exception faite de la formation d’un gouvernement capable de sauver le pays de la crise économique et financière ". Ce n'est pas tout à fait l'avis de Scarlett Haddad qui nous révèle (ce n'est pas ce qu'elle dit mais ce qui ressort implicitement de son article) qu'une bonne partie du blocage provient de l'insistance de Bassil à nommer un certain nombre de ministres, dont celui des AE. Comme celle-ci est généralement bien informée, l'un des deux ment.

    Yves Prevost

    08 h 55, le 15 janvier 2020

  • IL FAUT QUE LE GOUVERNEMENT SOIT CAPABLE DE GAGNER LA CONFIANCE DES GENS ET DU PARLEMENT...."PARLEMENT SOUS ENTENDU LUI "BASSIL" ET BERRI". ÇA VAUT DIRE SI JE REÇOIS PAS CE QUE JE VEUX, PAS DE CONFIANCE POUR LE GOUVERNEMENT. IL CONTINUE À CE MOQUER DES GENS. JE NE VOIS AUCUN CHANGEMENT DE SA PART. IL EMPLOIE DES NOUVEAUX MOTS, MAIS POUR DIRE LA MÊME CHOSE. IL A TOUJOURS PAS COMPRIS QUE ÇA NE MARCHERA PLUS CE DOUBLE JEU ENTRE LUI BERRI ET DIAB. ILS SONT D'ACCORD À NE PAS ÊTRE D'ACCORD DEVANT LES GENS. POUR CRÉDIBILISER DIAB. ET APRÈS HOP LA MAUVAISE SURPRISE. JE FAIS PAS CONFIANCE À CES GENS LÀ.

    Gebran Eid

    02 h 01, le 15 janvier 2020

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