Face aux injustifiables atermoiements qui entachent le processus de formation du prochain gouvernement, mais aussi et surtout à « l’irresponsabilité » des protagonistes en présence, la communauté internationale ne mâche plus ses mots, même si elle poursuit son forcing dans le sens de la mise sur pied d’une nouvelle équipe dans les plus brefs délais. C’est ainsi dans des termes très peu diplomatiques que Jan Kubis, coordinateur spécial des Nations unies au Liban, a adressé un message particulièrement musclé aux responsables libanais. « Compte tenu de la situation et des développements dans la région et au niveau du pays, il est de plus en plus irresponsable de garder le Liban sans un gouvernement crédible et effectif », a écrit le diplomate sur son compte Twitter, exhortant « les leaders (politiques) à aller de l’avant sans plus tarder ».
Cette violente critique de la part du représentant onusien, certains médias officiels ont tenté misérablement d’en minimiser sciemment l’ampleur en préférant mettre l’accent sur l’appel de M. Kubis à la formation du gouvernement le plus rapidement possible. Sa prise de position n’est pas à isoler du contexte dans lequel elle intervient. Elle s’inscrit dans la continuité de l’appel lancé par le Groupe international de soutien au Liban, dont fait partie intégrante l’ONU, le 11 décembre dernier, pour que voie le jour un « gouvernement crédible ». D’autre part, elle rejoint les demandes du mouvement de contestation qui secoue le pays depuis le 17 octobre, pressant pour la formation d’une équipe de spécialistes indépendants des formations politiques.
Et contrairement à ce qu’auraient espéré aussi bien M. Kubis que les protestataires, les protagonistes impliqués dans les tractations semblent complètement déconnectés de la réalité. Ils continuent de faire la sourde oreille tant au mouvement de contestation qu’à la communauté internationale, en évoquant un possible retour à une mouture gouvernementale à caractère politique, au vu des derniers développements régionaux à la suite de l’assassinat, vendredi dernier, de l’ex-chef de la brigade al-Qods au sein des pasdaran, Kassem Soleimani.
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C’est dans ce cadre qu’il conviendrait d’inscrire des propos tenus hier par le président de la Chambre, Nabih Berry, lors des audiences du mercredi. Cité par Ali Bazzi, député Amal de Bint-Jbeil, le chef du législatif est revenu à la charge en soulignant que « la phase actuelle exige la formation d’un gouvernement rassembleur » (une allusion à une participation des principales formations politiques). Et M. Berry de noter que « l’heure n’est pas au débat autour de la forme du cabinet, aux dépens de son programme ». Le président de la Chambre a, par ailleurs, réitéré son appel à ce que le gouvernement d’expédition des affaires courantes se réunisse, tout en faisant savoir qu’il convoquera les députés à une séance consacrée à l’examen du projet de budget 2020, avant la fin du mois. À cet effet, il a présidé hier une réunion du bureau de la Chambre.
Ce n’est pas la première fois que Nabih Berry se prononce ouvertement en faveur d’un cabinet politique. Mais il reste que ses propos pourraient être interprétés comme pavant la voie à un retour du Premier ministre sortant, Saad Hariri, à son poste, à l’heure où Hassane Diab peine toujours à former un cabinet totalement épuré des figures politiques. Pour le moment, Élie Ferzli, vice-président de la Chambre, préfère rester loin de ce genre de spéculations. Dans une déclaration à L’Orient-Le Jour, il se contente de souligner que M. Berry « a exprimé son propre point de vue ». « Mais cela ne signifie pas qu’il s’opposera à un cabinet de spécialistes que dirigerait M. Diab », nuance-t-il.
En face, le Parti socialiste progressiste et le courant du Futur persistent et signent : il n’est pas question d’intégrer une équipe ministérielle à l’heure actuelle, confient les milieux des deux partis à L’OLJ. Des proches de la Maison du Centre assurent que toute équipe à dominante politique ne serait autre qu’un cabinet de confrontation, auquel les haririens n’entendent pas participer, dans la mesure où ils sont convaincus que le pays a besoin d’une équipe qui serait à même d’opérer les réformes et de redresser l’économie moribonde.
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Le timing
C’est surtout le timing des déclarations de Nabih Berry qui est notable, dans la mesure où elles sont intervenues au lendemain d’un entretien salué comme « positif » entre le chef de l’État, Michel Aoun, et le Premier ministre désigné, mardi à Baabda. Les deux hommes en avaient profité pour surmonter quelques obstacles qui entravaient la genèse d’une équipe de 18 ministres spécialistes. Il s’agissait surtout du bras de fer opposant M. Diab au leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, autour du ministère des Affaires étrangères. Il aurait été décidé de confier ce poste à Nassif Hitti, ancien ambassadeur de la Ligue arabe en Italie, à l’heure où Damien Kattar, ancien ministre des Finances, devrait être nommé à l’Économie. Mais hier, le nom de M. Kattar semblait exclu. Et pour cause : une entente aurait été conclue pour écarter tous les anciens ministres de la nouvelle équipe. Selon notre correspondante Hoda Chédid, MM. Aoun et Diab auraient également réglé la question du partage des ministères régaliens. Il s’agissait, outre M. Hitti aux AE, de Michel Menassa, officier à la retraite (grec-orthodoxe) à la Défense, et de Ghazi Wazni, expert économique proche de Nabih Berry, pour les Finances. Quant à Talal Ladki, ancien officier, il devait être nommé au ministère de l’Intérieur. De même Marie-Claude Najm, professeure à l’Université Saint-Joseph, qui devrait se voir confier le ministère de la Justice.
Toujours selon Hoda Chédid, le dernier obstacle à franchir était le nom du futur ministre de l’Énergie. Cette question aurait été au centre d’un entretien entre Gebran Bassil et Chadi Massaad, un proche du chef du gouvernement désigné. Mais la prise de position de Nabih Berry semble avoir relancé le débat autour d’un cabinet (politique) élargi de 24 ministres. Des informations que les milieux de Hassane Diab démentent, assurant qu’aucun changement n’a été apporté à la mouture de 18 présentée à M. Aoun, mardi dernier.
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La communauté internationale dénonce « l’irresponsabilité » des dirigeants libanais vous auriez du dire : L'ATTITUDE CRIMINELLE ENVERS LE PAYS DE CES DIRIGEANTS DIT LIBANAIS Franchement , c'est a en pleurer de rage d'avoir a faire a des individus aussi peu scrupuleux de l'avenir du pays et qui se cramponnent qui au ministere de l'electricite ou ils ont fait faillitte pendant 10 ans, qui a celui des affaires etrangeres pour se proteger contre les soit disant ennemis du Liban ( LES USA QUI AIDE L'ARMEE lIBANAISE ) qui au ministere des finances pour mieux controler ( a son avantage ) l'argent du peuple etc..... malheureusement la revolution n'achevera rien si l'armee ne se mele pas de prendre enfin le pouvoir au lieu de se limiter a degager les routes . Elle empechera ces criminels de continuer a nier le peuple Libanais et fera de nouvelles elections ou le peuple aura a dire son mot
15 h 47, le 09 janvier 2020