Le Premier ministre désigné, Hassane Diab. Photo d’archives
C’est lentement mais sûrement qu’avancent désormais les tractations en vue de la formation du prochain gouvernement dont la naissance, selon les plus optimistes dont le ministre sortant des Finances Ali Hassan Khalil, serait imminente, et pour les plus réalistes d’ici à une dizaine de jours, voire un peu plus.
Engagé dans une véritable course contre la montre dans le contexte d’une crise économique et financière aiguë, le Premier ministre désigné Hassane Diab aurait réussi à surmonter un certain nombre d’obstacles qui entravaient la mise sur pied du cabinet, si l’on en croit ses proches, au milieu d’un scepticisme général.
Alors que la discrétion autour de la répartition des portefeuilles et des noms des candidats était de rigueur depuis le début des négociations, ce n’est plus le cas aujourd’hui dans la mesure où plusieurs noms – notamment ceux qui ont été définitivement entérinés – commencent à être divulgués à la presse. Un moyen détourné pour démontrer que les efforts déployés ont commencé à donner leurs fruits.
Dans les milieux proches du Premier ministre, on insiste à dire qu’aucune figure politique ne fera partie du cabinet. Selon ces sources, les obstacles ont été levés dans leur grande majorité, et il ne reste quasiment plus qu’à trancher entre des listes comprenant deux ou trois noms pour certains portefeuilles non encore pourvus. D’autres sources affirment toutefois que le nœud gordien de l’attribution du ministère des Affaires étrangères notamment n’a toujours pas été résolu.
M. Diab insiste sur la candidature de l’ancien ministre des Finances, Damien Kattar, un choix que continue de refuser le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil. Selon une source proche du dossier, M. Diab aurait cependant tranché cette question « en optant pour un ministre proche de lui » à ce poste. « Certes, des pressions ont été exercées par M. Bassil qui a exprimé des objections, mais celles-ci n’ont pas été prises en compte », poursuit la source.
Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chedid, M. Bassil n’aurait toujours pas proposé un substitut à M. Kattar même si dans les milieux proches du CPL on laisse entendre que la préférence irait à Nassif Hitti, ancien ambassadeur de la Ligue arabe à Paris.
Du côté du Premier ministre désigné, on indique que la mouture est quasiment prête, les obstacles arménien, sunnite et druze ayant été surmontés. Idem pour les postes ministériels brigués par les grecs-orthodoxes (trois portefeuilles) et les grecs-catholiques (un portefeuille).
Pour ce qui est de la quote-part chiite (quatre ministères), elle serait en voie de règlement sachant que seul un ministre chiite, Ghazi Wazni, proche du président du Parlement Nabih Berry, a été agréé pour l’heure aux Finances. Pour le second ministère, qui revient aux chiites, deux noms sont en lice, assure-t-on dans les milieux de M. Diab. Les troisième et quatrième portefeuilles restants devraient être pourvus une fois le choix tranché pour le second. « La difficulté n’est pas seulement de trouver le profil adéquat, mais également de répartir les candidats selon les régions, notamment entre la Békaa et le Sud, afin de respecter les équilibres, sachant par exemple que Ghazi Wazni est originaire de la Békaa », souligne une source proche du dossier. Cette source, qui réfute en bloc les reproches faits au Premier ministre désigné, qui est accusé de se laisser guider par les partis politiques pour ce qui est du choix de son équipe, reconnaît toutefois que M. Diab a accepté que les différents protagonistes lui suggèrent des noms, « pour les comparer avec la liste qu’il a lui-même concoctée et voir s’il y a des noms semblables ».
« Est-ce qu’on aurait jamais pu imaginer que des noms tels que Jamil Jabak (proche du Hezbollah), Hassan Lakkis (proche de M. Berry) et Nada Boustany (proche du CPL) auraient pu être écartés de la sorte ? » s’interroge la source.
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Le ministère de l’Énergie
La marge de manœuvre semble notamment avoir été respectée pour les portefeuilles non régaliens, et dont l’attribution aurait été largement facilitée.
Les ministères de l’Information et de la Culture, qui ont été combinés, échoiront ainsi au parti Tachnag qui a suggéré trois noms parmi lesquels M. Diab aurait déjà fait son choix. De même pour l’Économie et le Travail, qui pourraient être octroyés à Amal Haddad (ancienne bâtonnière), et Petra Khoury, responsable de la section de pharmacie à l’AUH.
La quote-part druze sera représentée par un médecin, Ramzi Moucharrafié, qui dirigera les portefeuilles cumulés des Affaires sociales, des Déplacés et des Réfugiés.
Si la désignation du ministre de la Défense ne semble pas poser problème – il reste en principe un choix à faire entre deux candidats, le général Michel Menassa, un haut fonctionnaire du ministère de la Défense, et Zeina Adra, l’épouse de Jawad Adra – le propriétaire d’une société de statistiques, al-Douwaliya lil Maaloumat – ce n’est pas le cas semble-t-il pour le ministère de l’Énergie.
Selon les sources proches du Premier ministre, trois candidats étaient en lice, dont Philippe Ziadé, un homme d’affaires vivant aux États-Unis et proche de Gebran Bassil. Ce dernier vient toutefois d’être éliminé après la circulation d’une vidéo compromettante à son sujet, assure-t-on de même source. Deux noms sont toujours retenus, selon la source proche de M. Diab, qui ne précise pas s’ils ont été proposés par le chef du CPL.
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Quant au ministère de la Justice, « un portefeuille qui sera attribué sur avis du chef de l’État comme le veut la tradition », souligne-t-on dans les milieux proches de M. Diab, il n’a toujours pas été pourvu pour l’heure. Le président aurait déjà un favori à ce poste : l’ancien président du Conseil d’État, Henri Khoury.
Les portefeuilles attribués aux sunnites auraient été également tranchés, assure-t-on de source informée. L’Intérieur irait à un ancien officier de l’armée, le général Talal Ladki, un nom qui ferait toutefois l’objet d’un veto selon Hoda Chedid ; les Télécoms, à Talal Hawat, un spécialiste de ce secteur originaire de Tripoli, dont le nom aurait été approuvé par la « Rencontre démocratique » (les sunnites comptés sur le 8 Mars) ; et enfin, l’Éducation ainsi que la Jeunesse et les Sports qui iraient à Tarek Majzoub, un ancien magistrat.
Trois noms sont par ailleurs proposés pour le ministère des Travaux publics : Karam Doumit, Sylvia Yammine et Ziad Makari. Ce dernier aurait été proposé par le chef des Marada Sleiman Frangié.
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Que M Bassil nous laisse en paix !!!! Ce n est pas a lui de s occuper du choix des ministres du cabinet. Basta,C A SUFFIT
11 h 32, le 07 janvier 2020