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Politique - Reportage

« Quand Soleimani est mort, j’ai senti que c’est mon propre père qui est parti »

Des centaines de partisans du Hezbollah se sont rassemblés hier dans la banlieue sud de Beyrouth pour exprimer leur colère et rendre hommage au général iranien tué par une frappe américaine.

Des partisans du Hezbollah acclamant le secrétaire général du Hezbollah lors de son discours. Photo Anwar Amro/AFP

« Le général Soleimani, je le considérais comme mon père. Quand il est mort, j’ai senti que c’est mon propre père qui est parti. J’ai des photos de lui partout chez moi », confie Sajida, 20 ans, les larmes aux yeux et la voix tremblante. Cette jeune femme est venue hier avec des centaines d’autres personnes pour participer à la cérémonie organisée par le Hezbollah en hommage à Kassem Soleimani, commandant de la force d’élite al-Qods, tué dans la nuit de jeudi à vendredi dans un bombardement près de l’aéroport de Bagdad sur ordre du président américain Donald Trump au milieu de mesures de sécurité drastiques. « En le tuant, les États-Unis pensaient nous avoir affaiblis, mais nous avons des milliers d’autres Soleimani, poursuit Sajida. Il est vrai que nous avons perdu cet homme qui nous était cher, mais c’est un début de victoire pour nous car nous savons que l’Iran va riposter et que son sang n’aura pas été versé en vain. Les États-Unis courent à leur perte », ajoute la jeune femme. Autour d’elle, dans le complexe Sayyed el-Chouhada’ (seigneur des martyrs) en pleine banlieue sud de Beyrouth, d’autres femmes drapées de noir arborent des photos de Soleimani et d’Abou Mahdi al-Mohandis, chef des Kata’ib Hezbollah, une des milices pro-iraniennes les plus actives en Irak, qui a également perdu la vie lors de l’attaque américaine. « En route pour Jérusalem », peut-on lire sur les photos.

La cérémonie s’est tenue au milieu de mesures de sécurité drastiques imposées par des militants du Hezbollah, vêtus de noir, qui contrôlaient les accès du complexe. Après des prières et des versets du Coran, le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, a prononcé un discours retransmis sur écran géant et dans lequel il a promis une « juste punition » aux assassins de Soleimani.



(Lire aussi : Nasrallah veut venger Soleimani, mais sans impliquer le Liban)

Le « Hussein des temps modernes »

« Il représentait l’homme juste et honnête qui aime la paix et qui lutte contre l’injustice », affirme à L’Orient-Le Jour Hassan, la cinquantaine, portrait de Soleimani en main. Comme beaucoup d’autres partisans du Hezbollah, il considère que le commandant de la force al-Qods était le symbole absolu de la résistance antiaméricaine dans le monde. « Il se rendait partout où il y avait de l’injustice, que ce soit au Liban, en Syrie, au Yémen ou en Irak. C’est le Hussein des temps modernes », ajoute-t-il, en référence au petit-fils du prophète Mahomet, martyr vénéré par l’islam chiite. « L’Iran répondra à cet attentat, mais pas besoin de s’en prendre à des citoyens (américains), c’est la politique des États-Unis et d’Israël que l’on visera », affirme Hassan, sur fond de slogans antiaméricains et anti-israéliens qui retentissent dans la salle.

Des personnes de tous les âges, mais surtout des adolescents et des jeunes âgés d’une vingtaine sont venus assister à la cérémonie. Ils brandissent en grande majorité des drapeaux du Hezbollah, et quelques drapeaux libanais et iraniens. Certains portent sur le front des bandeaux jaunes sur lesquels on peut lire, en rouge, « Mort à l’Amérique ».


(Lire aussi : Les invités du soir, l'édito de Issa GORAIEB)



Haïdar, 19 ans, est très affecté par l’assassinat du général Soleimani et rêve d’une vengeance au plus vite. « Ce n’est pas l’Iran qui va nous mener à la guerre, mais les États-Unis. Ils ont assassiné un de nos leaders, et nous avons le droit de riposter. Nous n’allons pas nous taire juste parce qu’il faut ménager la région », lance-t-il. « Donald Trump pense qu’il défend les États-Unis, mais il est en train de détruire son pays et ses armées déployées dans la région. Le drapeau américain va brûler », prévient le jeune homme. L’Irak, l’Iran, la Syrie et le Yémen gravitent dans la même orbite et notre but est de reprendre Jérusalem. La mort de Soleimani et d’Abou Mahdi al-Mohandis pave le chemin pour que nous puissions le faire.

Mohammad, 18 ans, étudiant en 2e année d’ingénierie et fervent partisan du Hezbollah, se dit mû « avant tout par un désir de vengeance ». « On a perdu Hussein il y a 1 400 ans et Soleimani est mort aujourd’hui. Mais impossible d’être triste pour un martyr », explique-t-il. « Je suis là pour prouver aux résistants du monde entier, que ce soit en Palestine, au Liban ou en Afghanistan que hajj Kassem était un père pour nous tous. Nous sommes là pour montrer que nous allons prendre notre revanche. Kassem Soleimani, c’était la ligne rouge qu’il ne fallait pas franchir, estime le jeune homme. L’Iran a les moyens de toucher les États-Unis en plein cœur. Espérons que la riposte sera à la hauteur de la perte que nous venons de subir. »


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commentaires (5)

Quand Rafic Hariri est parti j’ai senti que c’était mon propre père qui partait!

PROFIL BAS

08 h 29, le 07 janvier 2020

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Commentaires (5)

  • Quand Rafic Hariri est parti j’ai senti que c’était mon propre père qui partait!

    PROFIL BAS

    08 h 29, le 07 janvier 2020

  • C'est bizarre comment les deux affiches qu'on voit portent la même calligraphie... Oserais-je avancer que c'est un exercice marketing préparé! LOL

    Bachir Karim

    17 h 49, le 06 janvier 2020

  • Ça va pétarder à l'audelà une fois slaymani est logé dans la même cellule que baghdadi, bush père, pinochet, caligula... et autres illustres fauteurs de troubles

    Wlek Sanferlou

    14 h 25, le 06 janvier 2020

  • ET QUAND BAGHDADI EST PARTI AVEC MOINS DE NOMBRE DE TUES SUR SON AGENDA EST-CE UN GRAND PERE QUI EST PARTI ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 37, le 06 janvier 2020

  • SOLEIMANI un homme de paix ....responsable de la mort de 500 000 innocents en Syrie,10 000 000 de deplaces,et 5 000 000 de refugies ....je ne suis pas sur qu il termine au paradis.....

    HABIBI FRANCAIS

    09 h 34, le 06 janvier 2020

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