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À La Une - Etats-Unis

Le Parlement irakien réclame l'expulsion des forces américaines

Roquettes abattues près de l'ambassade américaine à Bagdad.

Vue du Parlement irakien, le 5 janvier 2020. Iraqi parliament media office/Handout via REUTERS

Des roquettes se sont abattues dimanche soir près de l'ambassade américaine à Bagdad, peu après un vote du Parlement réclamant l'expulsion des troupes américaines du pays, encore sous le choc de l'assassinat du puissant général iranien Kassem Soleimani.

Depuis la mort dans un raid américain vendredi en Irak du général Soleimani et d'Abou Mehdi al-Mouhandis, l'homme de l'Iran en Irak et numéro deux du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires pro-Iran intégrés aux forces de sécurité, le monde entier redoute une déflagration.

D'un côté, Téhéran crie "vengeance" et promet une riposte "militaire", de l'autre, le président américain Donald Trump menace de détruire 52 sites "de très haut niveau et très importants pour l'Iran et la culture iranienne".

Dimanche soir, comme la veille, des roquettes se sont abattues près de l'ambassade américaine dans la Zone verte de Bagdad, sans faire de victimes, selon des témoins. Depuis plus de deux mois, des dizaines de roquettes ont frappé des zones où se trouvent diplomates et militaires américains en Irak, tuant un sous-traitant américain fin décembre.

Les assassinats de Soleimani et de Mouhandis ont créé un consensus rare contre les Etats-Unis en Irak, secoué depuis des mois par une révolte notamment contre la mainmise de l'Iran. Au Parlement, en l'absence des députés kurdes et de la plupart des députés sunnites, de nombreux élus ont scandé "Non à l'Amérique!".



(Lire aussi : Pour répondre à l’assassinat de Soleimani, le casse-tête de Téhéran)



"Décision adoptée !"
Le chef du Parlement Mohammed al-Halboussi a ensuite lu une décision qui "contraint le gouvernement à préserver la souveraineté du pays en retirant sa demande d'aide" au Conseil de sécurité de l'ONU pour combattre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) --et donc à retirer son invitation à la coalition internationale. Cette dernière a déjà dit avoir "suspendu" le combat contre l'EI, car elle se consacre désormais "totalement" à la protection de ses troupes. Dans le brouhaha, alors que parmi les 168 députés présents --sur 329-- certains réclamaient un vote, M. Halboussi a annoncé: "décision adoptée!" avant de se retirer. Un vote salué par l'Iran qui a estimé qu'"avec l'adoption de cette loi, le maintien de la présence américaine en Irak équivaut à une occupation".

Les Brigades du Hezbollah, la faction la plus radicale du Hachd, avaient appelé samedi les soldats irakiens à s'éloigner "d'au moins 1.000 mètres" des sites où sont présents des soldats américains à partir de dimanche soir, sous-entendant que ces sites pourraient être la cible d'attaques.

Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, dont le pays compte 5.200 soldats en Irak, a estimé qu'il y avait de "grandes chances" que l'Iran s'en prenne aux forces américaines en Irak ou en Syrie.

Le Hezbollah, dont les hommes sont engagés en Syrie auprès du régime de Bachar el-Assad et de son allié iranien, a affirmé de son côté que l'armée américaine "paierait le prix de l'assassinat" de Soleimani. Face à la montée des tensions, Washington avait annoncé récemment le déploiement de 3.000 à 3.500 soldats supplémentaires dans la région.

Dénonçant des "violations de la souveraineté de l'Irak", Bagdad a annoncé dimanche avoir convoqué l'ambassadeur américain et porté plainte auprès du Conseil de sécurité de l'ONU.



(Lire aussi : Avec Soleimani, Trump a pris les risques que ses prédécesseurs avaient évités)



Les "deux occupants"

Les morts de Soleimani et Mouhandis ont suscité une immense émotion en Irak et en Iran. Dimanche, une marée humaine d'hommes et de femmes en pleurs cirant "Mort à l'Amérique" a déferlé dans plusieurs villes d'Iran, notamment la cité sainte chiite de Machhad (nord-est) où le cercueil de Soleimani est arrivé.

Les tensions entre Washington et Téhéran n'ont cessé de croître depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis d'un accord conclu en 2015, assorti du retour de lourdes sanctions américaines contre Téhéran. Un an après ce retrait, l'Iran a commencé à s'affranchir de certains des engagements pris dans le cadre de l'accord destiné limiter son programme nucléaire.

L'Iran a annoncé dimanche la "cinquième et dernière phase" de ce plan de réduction de ses engagements, affirmant qu'il ne se sentait désormais plus tenu par aucune limite "sur le nombre de ses centrifugeuses". Téhéran avait indiqué plus tôt que son annonce "tiendrait compte" de la "situation nouvelle" créée par l'assassinat du général. Le pays a cependant indiqué qu'il continuerait à se soumettre volontairement au programme d'inspection particulièrement draconien mis en place à la suite de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien.

Donald Trump a justifié l'assassinat de Soleimani en assurant qu'il préparait des attaques "imminentes" contre diplomates et militaires américains.

Après la mort du général iranien, "ce n'est plus une guerre par procuration, c'est une guerre directe", assure à l'AFP Erica Gaston, spécialiste de l'Iran à la New America Foundation.

Le président français Emmanuel Macron a assuré Donald Trump de "son entière solidarité avec les alliés" et appelé l'Iran à s'abstenir "de toute mesure d'escalade militaire susceptible d'aggraver encore l'instabilité régionale". Avec la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre britannique Boris Johnson, il a convenu de "travailler ensemble pour réduire les tensions dans la région", selon Berlin.

L'escalade en Irak a fait complètement passer au second plan la révolte contre les dirigeants, jugés corrompus et incompétents, et qui n'arrivent pas à s'entendre pour former un gouvernement. Les protestataires ont cependant encore défilé en nombre dimanche dans le Sud, pour dénoncer "les deux occupants: l'Iran et les Etats-Unis".



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commentaires (8)

Que les americains partent donc d Irak et ainsi sera encore plus visible que jamais la domination de l Iran sur cette terre arabe.

HABIBI FRANCAIS

07 h 01, le 06 janvier 2020

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Commentaires (8)

  • Que les americains partent donc d Irak et ainsi sera encore plus visible que jamais la domination de l Iran sur cette terre arabe.

    HABIBI FRANCAIS

    07 h 01, le 06 janvier 2020

  • Faut arrêter de fanfaronner la. Il y a des vies en jeux. L’Iran n’a pas pu venir à bout de l’Irak et à perdu des centaines de milliers d’hommes dans cette guerre alors que les USA ont envahi tout le pays en moins de deux semaines. Et maintenant ils veulent pulvériser Israël et les USA ensemble? Jusqu’où la folie des mollahs va mener notre région. À nous de dire STOP!

    Bachir Karim

    00 h 03, le 06 janvier 2020

  • Que les Américains partent et Daesh reprend ses activités , on va bien rigoler

    Eleni Caridopoulou

    21 h 13, le 05 janvier 2020

  • Go ahead Don. You're on the right track !

    Remy Martin

    14 h 15, le 05 janvier 2020

  • Le comportement des iraniens montre à quel point ces mollahs sont arrogants et imbus de leur personne mais dépourvu de tout bon sens. Ils parlent de violation de l'intégrité de l'Irak parce les États Unis ont préféré anticiper leurs attentats sur l'ambassade américaine pour tuer le plus grand nombre de leurs soldats lorsque que la présence de ces même iraniens militaires armés qui sont là pour empêcher des élections légales et imposer par leurs armes des hommes au pouvoir les représentant en tuant des irakiens ( mais là il ne s'agit pas de crime de guerre ) parcequ'ils refusent leur ingérence dans leur pays et leur demandent de partir. La présence et les crimes de guerre commises par les iraniens dans différents pays ne peuvent pas rester impunies et si leur sites culturels à leurs yeux ont plus de valeur que les vies humaines sacrifiées, cela veut dire que leur croyance et leurs valeurs ne sont pas les mêmes que les nôtres et c'est là que réside le problème. Sans parler de leur attaque de l'Arabie-Saoudite qui pour eux n'est pas un acte de guerre ni une violation de l'intégrité d'un pays. Ils ont l'art et la manière de détourner les choses en leur faveur mais l'œil de la plus grande puissance du monde n'est pas brouillé et attendait le moment opportun pour leur montrer qu'ils sont allés très loin et qu'ils doivent assumé leurs actes barbares. Maintenant la balle est dans leur camp. Trump ne fait pas de promesses en l'air.

    Sissi zayyat

    12 h 02, le 05 janvier 2020

  • Fini l’ère des parapluies ! Il va va falloir prendre la mousson si l’on se promène hors des frontières...!

    LeRougeEtLeNoir

    11 h 34, le 05 janvier 2020

  • L'Iran a grand intérêt à ne pas provoquer un Président américain déterminé et qui ne plaisante pas.

    Tony BASSILA

    11 h 23, le 05 janvier 2020

  • SI LES ORGANISATIONS PARAMILITAIRES CONTROLEES PAR L,IRAN ATTAQUENT LES AMERICAINS IL N,Y A PAS DE DOUTE QUE L,IRAN SERAIT ATTAQUE. TRUMP NE RIGOLE PAS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 10, le 05 janvier 2020

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