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Liban - Éclairage

Le CPL et le tandem chiite n’arrivent pas à faire front commun face à Hariri

À moins d’une surprise de dernière minute, les consultations parlementaires contraignantes pour la désignation d’un nouveau Premier ministre auront lieu lundi à Baabda, suivant le programme qui avait déjà été annoncé par la présidence de la République. Normalement, plus rien ne justifie un report, d’autant qu’il est presque certain que c’est Saad Hariri qui sera reconduit à la tête de la nouvelle équipe ministérielle, en dépit de l’opposition exprimée hier par le chef du CPL Gebran Bassil à son retour au Sérail.

Au cours des dernières 48 heures, les tractations s’étaient intensifiées avec les tentatives du tandem chiite de réconcilier MM. Hariri et Bassil, et celles du chef du CPL de trouver une personnalité sunnite consensuelle qui corresponde au profil d’un chef du gouvernement technocrate et sous la houlette de laquelle les forces politiques en présence pourraient proposer la nomination de 24 ministres non affiliés à des partis et pouvant inspirer confiance à la rue. Le but est de créer un choc positif, notamment parmi les acteurs du soulèvement populaire qui continuent de réclamer un gouvernement de technocrates. Gebran Bassil s’est entretenu à cette fin avec le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ainsi qu’avec le président de la Chambre, Nabih Berry, sans parvenir à les convaincre d’une formule qui peut tenir Saad Hariri à l’écart du Sérail. Parallèlement, le tandem chiite n’a pas réussi à faire fléchir le chef du CPL qui avait averti ses deux interlocuteurs qu’il comptait basculer dans l’opposition si jamais Saad Hariri était désigné pour former la nouvelle équipe ministérielle et qu’il refusait de nommer des ministres spécialistes au sein du nouveau gouvernement.

L’option d’une personnalité sunnite consensuelle autre que Saad Hariri à la tête du cabinet est tombée à partir du moment où Samir Khatib, pressenti il y a quelques jours pour succéder à ce dernier, avait annoncé, au terme d’une visite au mufti de la République Abdellatif Deriane, qu’il se retirait de la course parce que Dar el-Fatwa et la rue sunnite soutenaient le chef du courant du Futur. Un argument que Gebran Bassil ne peut pas contester puisque c’est le même que le CPL avait avancé pour justifier le blocage de la présidentielle pendant plus de deux ans afin de hisser Michel Aoun à la tête de l’État. C’est aussi le même argument que les chiites avaient fait valoir après les élections législatives de 2009, remportées par le 14 Mars, pour obtenir le retour de Nabih Berry à la tête de l’Assemblée.



(Lire aussi : Gebran Bassil feint de tirer son épingle du jeu)



Le durcissement de Gebran Bassil indispose cependant Amal et le Hezbollah, dans la mesure où les deux ont besoin de leur allié maronite pour faire pression sur Hariri afin d’obtenir la mise en place d’un gouvernement techno-politique, alors que ce dernier reste intransigeant et continue d’insister pour former une équipe composée exclusivement d’experts. Le chef du courant du futur tient toujours à se faire entourer d’une équipe réduite de 14 ministres choisis sur base de leurs compétences, en coordination avec le président de la République seulement. Les forces politiques peuvent bien entendu proposer la candidature de spécialistes, mais le mot de la fin, estime-t-il, appartient au président et à lui-même.

C’est à ce niveau que la prochaine bataille sera engagée. Les deux formations chiites mettent en avant l’accord de Taëf pour faire prévaloir leur droit à nommer des ministres représentatifs et capables de gérer les dossiers brûlants. Or cet argument est rejeté par des sources parlementaires qui avaient pris part aux réunions de Taëf. Le document dit d’entente nationale qui en avait découlé ne dit nulle part que les composantes du gouvernement devraient être choisies parmi les figures politiques, selon les mêmes sources qui insistent sur le fait que rien n’empêche un gouvernement de technocrates d’adopter des décisions politiques, surtout en présence d’un Parlement au sein duquel toutes les forces politiques du pays sont représentées et qui contrôle pleinement l’action de l’exécutif. La Chambre a pleins pouvoirs pour empêcher toute dérive. Plus encore, on sait que les décisions importantes en Conseil des ministres font l’objet de concertations préalables entre le président de la République et le chef du gouvernement, et le plus souvent, de manière officieuse, avec les différentes forces politiques, observe-t-on de mêmes sources.

Aucun des arguments des opposants à un gouvernement de technocrates ne tient donc la route, de l’avis de ces sources. Ce genre de gouvernement fait peur aux forces politiques et aux responsables parce qu’il peut faire écho aux revendications de la rue et ouvrir les dossiers de la corruption.



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commentaires (6)

Les rôles sont bien distribués pour sauver la face avant l'annonce du gouvernement de spécialistes. C'est parce que le CPL n'y est pas que nous ne sommes pas nous (Hezb et Amal) dans le gouvernement et non pas parce que les dirigeants du monde n'acceptent pas d'aider le Liban si nous y sommes. Ça c'est la vision optimiste. La pessimiste dit que rien ne se fera, qu'on mettre des bâtons dans les roues d'Hariri et on attendra après l'éclatement de la crise économique. Ce qui est dommage, c'est qu'on n'arrive pas à trouver mieux que celui dont les politiques ultra-libérales ont conduit le pays là où il est actuellement. Mais il faut bien qu'il garantisse l'ouverture des marchés aux compagnies américaines et françaises.

Michael

15 h 04, le 13 décembre 2019

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Commentaires (6)

  • Les rôles sont bien distribués pour sauver la face avant l'annonce du gouvernement de spécialistes. C'est parce que le CPL n'y est pas que nous ne sommes pas nous (Hezb et Amal) dans le gouvernement et non pas parce que les dirigeants du monde n'acceptent pas d'aider le Liban si nous y sommes. Ça c'est la vision optimiste. La pessimiste dit que rien ne se fera, qu'on mettre des bâtons dans les roues d'Hariri et on attendra après l'éclatement de la crise économique. Ce qui est dommage, c'est qu'on n'arrive pas à trouver mieux que celui dont les politiques ultra-libérales ont conduit le pays là où il est actuellement. Mais il faut bien qu'il garantisse l'ouverture des marchés aux compagnies américaines et françaises.

    Michael

    15 h 04, le 13 décembre 2019

  • C'est la seule solution Salvatrice... Hariri + Technorates En plus c’est la première fois que le CPL prend la bonne décision !

    Jack Gardner

    11 h 14, le 13 décembre 2019

  • HARIRI S,EST AVERE ETRE UN FIN JOUEUR POLITIQUE. IL A COINCE TOUS SES ADVERSAIRES DANS UN COIN. IL RESTE QU,IL DEVRAIT ETRE ACCEPTE PAR LES CONTESTATAIRES POUR FORMER SON EQUIPE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 04, le 13 décembre 2019

  • les rôles du législatif et de l'executif sont limpides, il appartient au 4ème pouvoir, les journalistes, de veiller sur l'edifice, vivement le retour du jeu démocratique, n'en déplaise à certains.

    Desperados

    08 h 36, le 13 décembre 2019

  • DE l'espoir, donc????

    NAUFAL SORAYA

    07 h 18, le 13 décembre 2019

  • "Aucun des arguments des opposants à un gouvernement de technocrates ne tient donc la route, (...) Ce genre de gouvernement fait peur aux forces politiques et aux responsables parce qu’il peut (...)ouvrir les dossiers de la corruption." C'est bien là, en définitive, la raison de l'opposition du triptyque Amal-Hezbollah-CPL

    Yves Prevost

    07 h 09, le 13 décembre 2019

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