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Liban - Gouvernement

Rien n’est joué... en attendant lundi

« Samir Khatib n’est pas la bonne personne pour gérer la phase actuelle », affirme Mikati.


Saad Hariri et Samir Khatib. Photo d’archives Dalati et Nohra

À trois jours des consultations parlementaires contraignantes prévues lundi à Baabda, rien n’est encore joué pour le futur Premier ministre, la priorité étant accordée aux contacts politiques qui se poursuivent dans les coulisses, afin de paver la voie à un accord élargi qui lui faciliterait la tâche.

Rien n’est moins sûr pour le vice-président de la compagnie Khatib & Alami, Sami Khatib, dont le nom a émergé la semaine dernière pour former la future équipe ministérielle. Même si la convocation aux consultations parlementaires a été interprétée comme étant le signe d’un accord politique, mais aussi de la forme et la composition de la future équipe.

Parallèlement aux contacts en cours, des milieux politiques évoquent déjà certains scénarios articulés autour des consultations parlementaires prévues lundi. À en croire ces milieux, et en dépit de l’appui exprimé par le Premier ministre sortant Saad Hariri à M. Khatib, l’éventualité d’une reconduction du leader du courant du Futur à son poste n’est pas à exclure. On rappelle d’ailleurs dans ce cadre que le chef du gouvernement démissionnaire sera le premier à s’entretenir avec le chef de l’État Michel Aoun, contrairement aux usages qui veulent que le président de la Chambre ouvre le bal des consultations. Et le groupe parlementaire du Futur sera le premier à s’entretenir avec le président. Son choix pourrait donc donner le ton des autres protagonistes, notamment le Courant patriotique libre. Celui-ci avait d’ailleurs fait savoir qu’il nommerait M. Khatib si le Futur faisait de même.

Les milieux politiques cités plus haut évoquent donc une possible reconduction de M. Hariri à la présidence du Conseil, fort de (l’éventuel) appui de plusieurs partis, notamment le CPL et le tandem Amal-Hezbollah. D’autant que les deux formations chiites n’ont jamais caché leur attachement à Saad Hariri à la présidence du Conseil, à condition qu’il dirige une équipe techno-politique. Une option qui semble toujours se heurter au refus de la Maison du Centre qui plaide pour un cabinet de spécialistes.

Quant au second scénario, il prévoirait, selon les mêmes sources politiques, la tenue des consultations parlementaires sans aucune entente préalable. Il reviendrait ainsi au chef de l’État et aux députés de décider du sort des candidatures tant de Saad Hariri que de Samir Khatib.

Quant à la troisième éventualité, elle serait principalement axée sur un probable report des consultations parlementaires, sous prétexte de sécurité, dans la mesure où les manifestants pourraient bien bloquer les routes menant au palais présidentiel, pour empêcher la tenue de ces consultations, tout comme ils avaient entravé la séance parlementaire qui était prévue le 19 novembre dernier. Il s’agirait là pour les protestataires (qui s’apprêtent à se mobiliser demain sur les routes menant vers le palais de Baabda) de manifester leur opposition à l’entente politique autour du prochain gouvernement.

À tous ces scénarios s’ajoute un dernier, celui prévoyant la nomination de Samir Khatib à la tête d’un gouvernement monochrome (en faveur du 8 Mars). Sauf qu’aussi bien le CPL que le tandem Amal-Hezbollah semblent écarter cette option, dans la mesure où il s’agirait d’un premier pas sur la voie d’une confrontation inopportune avec le Futur et, par la même occasion, la communauté sunnite.


(Lire aussi : Le sort des consultations parlementaires tributaire de Hariri... et de la rue, le décryptage de Scarlett HADDAD)


Le silence…

Quoi qu’il en soit, l’écrasante majorité des protagonistes semblent observer le silence en attendant l’issue des contacts politiques en cours avant lundi. Le Parti socialiste progressiste devrait se réunir dans les prochains jours pour trancher la question. Quant aux Kataëb, ils ne nommeront « aucune personnalité » qui a déjà été proposée, comme le confie Élias Hankache, député du Metn, à L’Orient-Le Jour, affirmant que le bureau politique du parti garde ses réunions ouvertes pour suivre les développements.

Si le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a créé la surprise en évitant d’évoquer la question de la nomination du futur Premier ministre, lors d’un point de presse à l’issue d’une réunion de son groupe parlementaire, ce dernier a annoncé plus tard en soirée qu'il ne nommera aucune personnalité à ce poste. Le leader des FL a en revanche réitéré son opposition catégorique à la mise sur pied d’un cabinet techno-politique, et appelé à la mise sur pied d’une équipe de spécialistes indépendants. « Ils (les protagonistes au pouvoir) évoquent un cabinet techno-politique qui inclurait des représentants du mouvement de contestation, comme si le problème des manifestants réside dans les quotes-parts ou dans la représentation ministérielle », a-t-il lancé, déplorant le fait qu’« à l’heure où le pays s’effondre, les gens au pouvoir qui ont la majorité sur le papier croient pouvoir la transposer au niveau de l’exécutif ». « Il nous faut un gouvernement totalement indépendant des partis politiques, et dont les membres n’agiront qu’avec des backgrounds scientifiques et objectifs (...) », a encore dit le chef des FL.

Même son de cloche du côté de la Maison du Centre. À l’heure où le groupe parlementaire haririen ne s’est toujours pas prononcé officiellement au sujet du futur Premier ministre, de même que le Parti socialiste progressiste dont le groupe devrait se réunir dans les prochains jours pour trancher la question. Moustapha Allouche, membre du bureau politique du courant du Futur, confie à L’Orient-Le Jour que les tractations se poursuivent et que « Saad Hariri, toujours disposé à former un cabinet de spécialistes, a déclaré son soutien à Samir Khatib dans la mesure où aucun des protagonistes ne désignera des figures jugées “provocatrices” au sein du prochain gouvernement ».

Sauf que l’option Khatib peine à obtenir l’aval de la rue sunnite. Au lendemain du communiqué conjoint des trois anciens chefs de gouvernement Fouad Siniora, Tammam Salam et Nagib Mikati refusant cette candidature, ce dernier a estimé que « Samir Khatib n’est pas la bonne personne pour (gérer) la phase actuelle ». Dans une déclaration à la chaîne al-Hadath, il a même été jusqu’à déclarer que « quand un Premier ministre présente ses lettres de créance à un parti politique, cela est une insulte faite à tous les Libanais ». Une claire allusion à la rencontre mardi dernier entre le chef du CPL, Gebran Bassil, et Samir Khatib.

Concernant son candidat à la présidence du Conseil, M. Mikati a déclaré que son groupe parlementaire nommera Saad Hariri, pour qu’il poursuive son chemin. Il a toutefois indiqué que « des noms politiques pourraient bien faire leur apparition d’ici à lundi ».



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commentaires (7)

Quand les 3 anciens premiers ministres disent d'une seule voix préférer le Président hariri - cela veut dire que le signal du royaume est venu clair et fort.

Shou fi

23 h 40, le 06 décembre 2019

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Quand les 3 anciens premiers ministres disent d'une seule voix préférer le Président hariri - cela veut dire que le signal du royaume est venu clair et fort.

    Shou fi

    23 h 40, le 06 décembre 2019

  • Ancien ou nouveau, de confiance ou pas, politiques ou pas, cela n'est plus la question. C'est la feuille de route et sa mise en oeuvre qui compte et puis les résultats; et puis les Libanais jugerons. Stopper les pratiques frauduleuses maintenant. C'est ce qui compte. La justice fera son travail en parallèle. Et si elle ne le fait pas, les Libanais jugerons aussi.

    PPZZ58

    21 h 56, le 06 décembre 2019

  • Le 8 mars refusera en tant qu’exécutif monochrome, puisque le robinet internationale de financement se fermera et il fera faillite : « Échec et mat », fin de la partie. L’exécutif aura besoin des grandes puissances pour survivre donc il faudra éviter le monopole de l'axe Irano-Syrien. Mais l'axe libano-occidentale ne veut plus être l'otage, il refusera de collaborer. La seule solution : c'est un exécutif indépendant. Mais les ex-bailleurs des fonds de l'axe 8 mars refuseront de perdre la partie, La question: ordonneront-ils aux vassaux de renverser la table et de livrer le pays à la misère voir la guerre.

    DAMMOUS Hanna

    19 h 51, le 06 décembre 2019

  • Pourquoi lundi? Pourquoi pas tout de suite une fois la décision prise?

    Wlek Sanferlou

    13 h 59, le 06 décembre 2019

  • Ce que personne ne peut comprendre c'est pourquoi on ne laisse pas faire une petite equipe de specialists non nommes par les partis pour 6 a 8 mois avec plein pouvoir economique mais pas politique pour essayer de sortir le pays de cette crise De toute facon les deputes peuvent toujours a n'importe quel moment enlever la confiance a ce gouvernement et le faire tomber On a perdu deja 2 mois en parole et aucune action et on perdra encore 6 mois au moins a essaye de concocter un gouvernement accepte par le peuple car sans cela la paralysie restera dans le pays 6 mois pour faire un test positif, est ce trop demander a ces politiciens et au president de la republique? Ils ont eu 3 ans et ils ont failli a leur minimum de devoir envers le peuple comme on peut le voir tous sur les ecrans de television y inclu sur OTV S'il vous plait , si vous aimez le Liban autant que vous le disez ACCEPTER CE TEST et cessez de dire que les dernieres elections ont donne un resultat qu'on ne peut pas ignorer. Ce qu'on ne peut pas ignorer aujourdh'ui c'est la detresse du peuple et la faillitte programmee des banques Libanaise et du Liban en entier

    LA VERITE

    10 h 59, le 06 décembre 2019

  • CE PAYS A VRAIMENT BESOIN D'UNE BONNE VIEILLE DICTATURE . LA LIBERTÉ ET LA DÉMOCRATIE NE LE FONT QUE RECULER ! NOUS SOMMES TOUS DES ENFANTS GÂTÉS VRAIMENT , NOUS AVONS TOUS DES CAPRICES QUI ONT RUINÉ LA RÉPUBLIQUE .

    Chucri Abboud

    09 h 41, le 06 décembre 2019

  • IL N,Y AURA RIEN LUNDI. REPORT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 31, le 06 décembre 2019

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