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Liban - Éclairage

Pourquoi Aoun n’a-t-il pas convoqué rapidement les consultations parlementaires ? 3 lectures sont données


Le président Michel Aoun le 21 novembre 2019. Photo Dalati et Nohra

Quelle lecture donnent les différentes forces politiques de la décision du président Michel Aoun d’engager lundi les consultations parlementaires contraignantes pour la nomination d’un nouveau chef du gouvernement, alors qu’il aurait très bien pu les convoquer pour aujourd’hui, s’il est vrai qu’une unanimité s’est formée autour de la candidature de l’homme d’affaires Samir Khatib à la succession de Saad Hariri.

D’aucuns pensent que si le chef de l’État a différé la date des consultations, c’est pour donner la chance à des négociations supplémentaires devant déboucher sur la nomination de M. Hariri, mais sous les conditions du Courant patriotique libre et du tandem Amal-Hezbollah, qui veulent un gouvernement techno-politique alors que le chef du courant du Futur reste attaché à une équipe ministérielle composée exclusivement de spécialistes.

Dans les milieux de Baabda, on explique que l’initiative présidentielle s’est imposée à partir du moment où les contacts pour la désignation d’un nouveau chef du gouvernement ont sensiblement avancé. Le président qui, depuis la démission du gouvernement, était soucieux de ne pas commettre de faux pas, toujours selon les mêmes milieux, s’est alors empressé de fixer la date des consultations parlementaires afin de ne pas être accusé d’atermoiements et pour que le Premier ministre désigné assume lui-même la responsabilité de la mise en place de la nouvelle équipe. Il a voulu ainsi jeter la balle dans le camp du successeur de Saad Hariri, d’autant qu’il a fait l’objet d’une attaque virulente, mercredi, des trois anciens chefs de gouvernement Fouad Siniora, Tammam Salam et Nagib Mikati qui l’avaient accusé de ne pas respecter les textes constitutionnels. Il appartiendra donc au nouveau Premier ministre de former son équipe, mais le chef de l’État aura quand même son mot à dire à ce niveau, puisqu’il peut en rejeter ou accepter la mouture, selon les mêmes milieux.


(Lire aussi : Le sort des consultations parlementaires tributaire de Hariri... et de la rue, le décryptage de Scarlett HADDAD)


De sources loyalistes, on complète ce raisonnement en précisant que la période de cinq jours est nécessaire pour la poursuite de contacts devant permettre d’aplanir quelques obstacles qui persistent et de prendre en même temps le pouls de la rue, avant que le Liban ne soit doté d’un nouveau Premier ministre, d’autant que l’organisation des consultations parlementaires dans les délais les plus brefs était l’une des revendications de celle-ci. Parallèlement, ce délai est tout aussi important, ajoute-t-on de mêmes sources, pour sonder les positions des différents blocs et forces politiques et plus particulièrement pour voir la réaction de la rue sunnite face à la désignation de Samir Khatib ou de tout candidat sunnite autre que Saad Hariri.

La rue, elle, prend soin de ne pas réagir hâtivement. Elle a déjà exprimé son opposition à la façon dont le processus de désignation d’un nouveau Premier ministre est mené, en dehors des cadres constitutionnels contraignants. La décision de fixer les consultations à lundi, en laissant entendre qu’il y a eu également un accord sur la composition de la nouvelle équipe, au sein de laquelle la rue sera représentée par trois ministres, est perçue par les protestataires comme une manœuvre destinée à les faire réagir violemment pour pouvoir leur porter un coup et les diviser. Le pouvoir pourrait dans ce cas faire assumer à la rue la responsabilité de l’échec de la formation d’un nouveau gouvernement et lui reprocher de cibler le régime, en l’accusant, comme certains de ses représentants ne se gênent pas de le faire actuellement, d’être manipulée par les forces du 14 Mars et, à travers celles-ci, par des forces arabes et occidentales. La rue stigmatise un procédé identique à celui qui a de tout temps régi le processus de formation des gouvernements et qui repose strictement sur le partage des parts au mépris des compétences et des besoins du pays et de la population. Elle fait remarquer que ses revendications sont bien connues de tous. Il s’agit de la formation d’un gouvernement de spécialistes indépendants, de la mise en place d’un tribunal spécial pour juger les responsables accusés de corruption et récupérer les fonds publics détournés, de l’élaboration d’une nouvelle loi électorale et de l’organisation de législatives dans un délai ne dépassant pas les six mois. Les protestataires considèrent que les dirigeants ne sont pas conscients du changement intervenu depuis le 17 octobre ou même du poids de la rue, devenue une force politique transcommunautaire et transrégionale.

Quant à l’opposition, elle exprime la même méfiance et accuse le pouvoir de chercher à l’acculer au pied du mur en lui imposant un candidat à la tête d’un gouvernement dont la nature et la couleur ont été décidées à l’avance, en plus de la répartition des portefeuilles entre ses composantes. C’est cette procédure peu constitutionnelle, indique-t-on dans ces milieux, qui a irrité la rue, notamment sunnite au nom de laquelle les trois anciens Premiers ministres s’étaient exprimés dans leur virulent communiqué mercredi. L’opposition n’exclut pas des rebondissements d’ici à lundi, notamment au niveau de la rue qui peut recourir à l’escalade pour rejeter les gouvernements « préfabriqués » et réclamer la mise en place d’un cabinet de spécialistes. Des appels à des manifestations de protestation samedi commencent d’ailleurs à circuler sur les réseaux sociaux.



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Rien n’est joué... en attendant lundi

Pourquoi Aoun n’a-t-il pas convoqué rapidement les consultations parlementaires ? 3 lectures sont données


Quelle lecture donnent les différentes forces politiques de la décision du président Michel Aoun d’engager lundi les consultations parlementaires contraignantes pour la nomination d’un nouveau chef du gouvernement, alors qu’il aurait très bien pu les convoquer pour aujourd’hui, s’il est vrai qu’une unanimité s’est formée autour de la candidature de l’homme d’affaires Samir...

commentaires (12)

Bonne analyse. Cependant, une lecture différente est possible aussi; le jour où les responsables politiques et monétaires ont décidé de ne pas imposer "le contrôle de change", ni de légiférer, en laissant aux banques les mains libres pour déborder sans crainte du cadre légal, une décision stratégique semble avoir été prise: Statu quo et attentisme et pas d'urgence pour former un nouveau gouvernement. L'Etat profond partout dans le monde a tendance à craindre les nouveautés. D'ailleurs ils ne semblent pas avoir le choix, s'ils cachent beaucoup de choses inavouables. Je pense que le Président Hariri sera le prochain PM.

Shou fi

22 h 44, le 06 décembre 2019

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Commentaires (12)

  • Bonne analyse. Cependant, une lecture différente est possible aussi; le jour où les responsables politiques et monétaires ont décidé de ne pas imposer "le contrôle de change", ni de légiférer, en laissant aux banques les mains libres pour déborder sans crainte du cadre légal, une décision stratégique semble avoir été prise: Statu quo et attentisme et pas d'urgence pour former un nouveau gouvernement. L'Etat profond partout dans le monde a tendance à craindre les nouveautés. D'ailleurs ils ne semblent pas avoir le choix, s'ils cachent beaucoup de choses inavouables. Je pense que le Président Hariri sera le prochain PM.

    Shou fi

    22 h 44, le 06 décembre 2019

  • @ Dalati et Nohra....est ce vraiment nécessaire de livrer une photo retouchée du président ?

    Gebran Eid

    14 h 15, le 06 décembre 2019

  • QUAND ON A RIEN À DIRE, FRANCHEMENT PERDRE LE TEMPS À LIRE CE QUE TOUT LE MONDE LE SAIT !!!!

    Gebran Eid

    13 h 33, le 06 décembre 2019

  • Moi je pense que c'est le Hezbollah qui veut ce bordelle avec l'aide de L'Iran et la Syrie nazistes . L'Iran est pire on n'a mare de ces deux républiques totalitaire et criminels

    Eleni Caridopoulou

    13 h 20, le 06 décembre 2019

  • Svp , lisez Scarlett c'est beaucoup mieux expliqué. Surtout les révolutionnaires imperturbable .

    FRIK-A-FRAK

    12 h 04, le 06 décembre 2019

  • Le Liban est bel et bien sous dictature, puisque il existe des armes hors de l'état et 'un guide' non élu qui dicte ca loi. En plus de dictature, il est sous occupation, puisque l'Iran s'en vante à le dire. Tous ceci justifie largement une révolution, un changement de regime, et des procès populaires pour ceux qui on vendu notre patrie.

    Aboumatta

    11 h 58, le 06 décembre 2019

  • Depuis que la Syrie a foulé notre sol nous vivons sous une dictature. Rappelez-vous qui choisit et continue de le faire jusqu'à maintenant nos présidents respectifs, et qui écarte et supprime ceux qui ne sont pas à leur goût et n'exécuteront pas leur plan dont le partage des recettes de l'état libanais. Ils ont été contraints de quitter notre pays mais ils ont pris le soin de placer un délégué qui les représente ainsi que l'Iran. Ils continuent de faire la pluie et le beau temps sur notre territoire. En attendant le peuple paie cher ce pacte et n'en veulent plus. Est ce légitime? Alors si tout ça ne justifie pas une révolution car seule une dictature la justifie, je vous demande qu'est ce qu'une dictature si ce n'est de refuser tout ce dont le peuple réclame et qu'on lui refuse pour imposer le contraire? Alors vive la révolution.

    Sissi zayyat

    10 h 59, le 06 décembre 2019

  • Bizarre, certains oublient que les Hariri ont gouverne le Liban depuis 30 ans, et que notre faillite ne date pas de 3 ans. Aujourd'hui, Hariri devient le heros de la revolution legitime. Souvenez vous, le 17 Octobre, on s'est souleve contre Bassil et Hariri, car ils representent tous les 2, les symboles de la corruption. La seule facon pour ces deux la de se repentir, est de quitter la politique, et de nous rendre notre avenir que eux et leurs comperes nous ont spolies.

    Nader

    09 h 41, le 06 décembre 2019

  • La démission sauvage de Saad Hariri n'a été rien moins que contraire à la Constitution, car elle a été faite sans prévenir le chef de l'Etat, légitimement élu et alors que Saad Hariri a été désigné aussi conformément à la Constitution .La volonté révolutionnaire du peuple ne doit pas précéder la réforme de la Constitution. Le pouvoir révolutionnaire du peuple n'est pas un pouvoir légal ni légitime, mais une situation de violence, contraire à l'ordre des priorités constitutionnelles et des nécessaires compromis politiques, dont est garant le chef de l'Etat. La Révolution n'est légitimes que dans des situations de dictature extrême et manifeste. Ce n'est pas ce qui va soulager les souffrances du peuple.

    dintilhac bernard

    08 h 49, le 06 décembre 2019

  • Oui il y a de fortes chances que le délai entre l’annonce d’un accord autour de Samir Khatib et les consultations parlementaires soit un moyen pour le pouvoir de tester et d’éprouver la rue. Et que l’intention réelle du pouvoir soit de prolonger le vide avec gouvernement démissionnaire chargé de l’expédition des affaires courantes jusqu’en 2022. D’ici là le mouvement du 17 octobre aurait largement le temps de s’essouffler en perdant son objectif clé de gouvernement indépendant et en se dispersant dans une lutte de classe ou une lutte de clans. Pour éviter cela c’est au mouvement de contestation de prendre l’initiative et de fixer un ultimatum réaliste (1 mois ou 2) pour la tenue des consultations parlementaires et la nomination d’un gouvernement. A l’issue de l’ultimatum si rien n’est fait alors escalade et confrontation jusqu’à destitution du président Aoun qui aura prouvé son illégitimité totale, et que le mouvement se donne son propre gouvernement !

    Citoyen libanais

    06 h 55, le 06 décembre 2019

  • Un adage populaire dit: « mettez un clown au pouvoir, et vous obtiendrez un cirque » c’est finalement ce que nous avons actuellement, et les spectateurs dans les rues n’en reviennent pas! Des clowns même pas drôles, grotesques, des trapézistes qui chutent de leurs tremplins et des fauves qui attaquent leurs dresseurs, et le chef du cirque qui rassure les gens en leur disant, ne vous en faites pas, on va les remplacer et reprendre le même spectacle... Cette situation montre clairement l’immoralité, l’insensibilité, le manque total d’éducation et de respect de nos politiciens à qui que ce soit sauf leurs petits intérêts mesquins: en fait, des rustres, des brutes, aux mentalités médiévales qui feront de tout pour ne pas descendre de leur piédestal... En fait, ils auraient tout à perdre s’ils plient l’échine, et même risquent des poursuites judiciaires... Leur comportement suspect prouve leur culpabilité et pourquoi ils laisseraient le pays sombrer dans le chaos et même la violence plutôt que d’accepter les conditions de la rue... Malheureusement, on n’est pas sorti de l’auberge de sitôt!

    Saliba Nouhad

    02 h 53, le 06 décembre 2019

  • QUESTION A POSER AU GENDRE. ILS VEULENT REITERER LES COMBINES PASSES MAIS HARIRI S,EST REVEILLE ET NE MARCHE PAS. ILS SONT COMME PERDUS NE SACHANT QUELLE NOUVELLE COMBINE SUIVRE CAR IL Y A LA CONTESTATION QUI SURVEILLE ET REVENDIQUE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    00 h 36, le 06 décembre 2019

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