En ce "dimanche de la détermination", c’est une foule peut-être moins nombreuse mais plus déterminée qui a afflué vers le centre-ville de Beyrouth, exprimant son indignation face à la classe dirigeante et se disant décidée à barrer la route à la séance du Parlement prévue mardi pour voter la loi d’amnistie.
"C’est le dimanche de la détermination car nous sommes déterminés à réaliser nos revendications, à commencer par la récupération de l’argent volé", déclare Mona Saad, venue de Jezzine avec sa fille. Autour d’elle sur la place des Martyrs, les manifestants agitent une mer de drapeaux libanais en répétant « le peuple veut la chute du régime ».
« Mardi, nous devons bloquer les routes pour les empêcher d’accéder au Parlement. Cette loi d’amnistie qu’ils veulent voter est dangereuse. Ils veulent arranger leurs affaires, se couvrir pour l’avenir », ajoute cette mère de famille de 45 ans, accusant les dirigeants de tout accaparer dans le pays. « Pourquoi mes enfants n’ont aucun avenir dans ce pays, alors que leurs enfants ont tous les droits ? ».
La loi d’amnistie que le Parlement libanais a l’intention de voter mardi et qui englobe également les crimes d'abus de pouvoir et de détournement de fonds est sur toutes les lèvres.
« Nous ne les laisserons pas passer mardi. Ils nous dégoûtent. Il faut qu’ils partent tous et que de nouvelles figurent dirigent le pays ! », crie Nizar, un étudiant universitaire venu de Aley.
Déjà, des appels ont été lancés sur les réseaux sociaux pour bloquer l’entrée du Parlement tôt mardi matin, avant l’arrivée des députés.
Place Riad Solh, au pied du Grand Sérail, les manifestants sont regroupés autour d’un jeune homme juché sur un camion et répètent en chœur après lui : « Nous ne payerons pas, nous ne payerons pas vos impôts ». « Nous voulons accélérer la formation du gouvernement, c’est ce que le peuple réclame ! », « A bas le règne du dollar ! A bas la dette publique ! Riad Salamé est un voleur ! ».
« Nous devons empêcher la loi de passer »
Parmi les manifestants, Mayla brandit sa casserole sur laquelle elle tape en cadence avec une cuillère en bois. « La loi qu’ils veulent voter mardi est très dangereuse, elle peut détruire le pays », affirme cette jeune femme qui travaille dans le secteur hospitalier. « Nous devons hausser la voix et empêcher cette loi de passer. Ils (les députés) se cachent derrière une histoire d’amnistie pour dissimuler leurs autres abus », ajoute-t-elle.
Photo Acil Tabbara
Un peu plus loin, un cercle se forme autour d’une jeune femme qui lance, micro à la main : « Soulève-toi, mon peuple ! Révolution ! », avant de saluer une à une les différentes régions libanaises qui se rebellent.
Andrea, une étudiante de l’Université Saint-Joseph, affirme venir manifester tous les jours « depuis 24 jours ». « Mardi sera un jour très important. Mais pour mieux comprendre ce qu’ils préparent comme loi, je vais aller assister à un débat », dit-elle.
Car loin de l’atmosphère de kermesse, devenue habituelle tous les dimanches dans le centre-ville, avec la musique et les marchands ambulants, on discute ferme, et très sérieusement, sous les tentes plantées dans le parking des Lazaristes.
« La tenue de cette séance parlementaire mardi n’est pas innocente », affirme au micro Mohammad Kassem, un syndicaliste chevronné. « Pourquoi ont-ils décidé brusquement de voter cette loi d’amnistie ? Ils ont peur et veulent se protéger » par rapport aux malversations, soutient-il. De plus, voter l’amnistie pour « des islamistes pourrait être une tentative d’affaiblir la révolution en plaçant ces islamistes face au mouvement populaire », estime-t-il.
Malgré ces craintes et les inquiétudes face à la situation économique, Georges Sioufi, un agent immobilier, se veut optimiste. « J’ai déjà manifesté en 1989 et en 2005 (date de la "Révolution du Cèdre"). J'espère que cette fois, c'est la bonne", déclare-t-il. "En voyant cette génération des moins de 30 ans qui sait ce qu'elle veut, je sens qu'il y a une véritable prise de conscience. Je pense qu'on est sur le bon chemin pour arriver à édifier un véritable État".
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commentaires (9)
Les deputes vereux seront present pour passer la loi. Le people empechera les deputes d'arriver au parlement Pour sauver leur argent les deputes oseront demander a l'armee et a la police d'ouvrir les routes par la force et des morts en suivront cette fois ci Si c'est le prix a payer pour chasser ces voleurs, Le people est pret a le payer Pensez donc armee et force de l'ordre a vous attaquer aux milices qui seront probablement deployes pour faire arriver les deputes au parlement en s'attaquant au peuple ,plutot qu'a vous attaquer vous meme au peuple CAR VOUS RISQUEZ DE PERDRE LA CONFIANCE DE CE PEUPLE QUI A LES MEMES REVENDICATIONS QUE VOUS EN FAIT A HARRIRI et a la ministre de l'ionterieur donnez l'ordre clair a l'armee et aux forces de police d'empecher les milices de s'attaquer au peuple plutot que les laisser faire pour faire arriver les voleurs au parlement SI CETTE LOI EST VOTEE LA REVOLUTION DEVIENDRA UNE REVOLUTION type 1789 ET PERSONNE N'EN SORTIRA VIVANT
LA VERITE
13 h 57, le 11 novembre 2019