Plusieurs dignitaires religieux ont joint dimanche leurs voix à celles des contestataires, mobilisés par milliers pour le 25e jour de la révolte populaire contre la classe dirigeante, pour exhorter les autorités à former le plus rapidement possible un gouvernement "qui réponde aux attentes et espoirs" du peuple. La crise gouvernementale pèse toujours sur la situation économique et financière du pays.
"Aujourd'hui, au Liban, nous nous trouvons devant une opération de renouvellement du pouvoir et des administrations", a déclaré le patriarche maronite Béchara Raï lors de son homélie hebdomadaire, appelant notamment au "renouvellement des institutions constitutionnelles et de l'administration publique". Cette opération est, selon lui, nécessaire en raison de la corruption profonde des administrations du pays, qui a "mené le pays au bord de l'effondrement". "Nous appelons dans ce cadre le président Aoun à lancer les consultations parlementaires et à nommer le plus rapidement possible un Premier ministre, qui devra, lui, se dépêcher de former le cabinet que réclament notre peuple et notre jeunesse", a souligné le dignitaire maronite. "Le pays ne peut plus supporter un seul jour de retard supplémentaire", a-t-il insisté. Le patriarche maronite a estimé que le mouvement de contestation, entré dimanche dans sa 25e journée, "est une révolution civilisée et constructive qui ne réclame que l'établissement d'un Etat libanais qui oeuvre pour le peuple". Il a encore reproché à certains partis et responsables "de ne pas écouter la jeunesse et de ne se préoccuper que de leurs propres intérêts financiers et politiques".
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De son côté, le président du Conseil supérieur chiite, le cheikh Abdel Amir Kabalan, a estimé que "le régime confessionnel basé sur les privilèges et le clientélisme politique a largement contribué à affaiblir et faire échouer l’État de droit et des institutions". Ce système a "mis fin aux ambitions des Libanais et les a affamés", a-t-il accusé. Il a dans ce contexte souligné son appui aux "revendications du mouvement populaire à vivre dignement et nettoyer l’État de tous les voleurs de fonds publics". Le cheikh chiite a encore appelé à la formation "d'un gouvernement de salut national, capable de répondre aux espoirs et attentes des Libanais". Il a exprimé l'espoir que le futur cabinet "aura la confiance" du peuple et pourra mettre rapidement en œuvre des réformes radicales, comme celles prévues dans la feuille de route du gouvernement précédent. "Nous réclamons du Parlement qu'il adopte une nouvelle loi électorale proportionnelle, selon laquelle le Liban ne serait qu'une circonscription administrative unique", a-t-il ajouté.
Le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Elias Audi, a reproché aux responsables de ne pas "écouter le peuple qui crie". "Le peuple crie, est-ce que quelqu'un l'entend", s'est-il interrogé. "Les rêves des Libanais ont été volés", a-t-il déclaré, estimant que l'autorité du peuple devrait être plus forte que n'importe quelle autre autorité et zaîm. "Les responsables ne peuvent plus ignorer les citoyens", a encore insisté Mgr Audi.
Samedi, le mufti de la République libanaise, Abdel Latif Deriane, proche du Premier ministre sortant Saad Hariri, avait plaidé en faveur d'un gouvernement de "spécialistes" alors que les tractations politiques sont en cours pour définir les contours du prochain cabinet. "Les Libanais se mobilisent pour leur droit à la dignité, et les jeunes ont exprimé leur attachement à la justice, l'équité, la coexistence, la fraternité, la modération, le dialogue et la solidarité", a déclaré le mufti Deriane dans une allocution à l'occasion de la fête de la Naissance du prophète, insistant sur l'importance de bâtir un Etat. "Il est grand temps de répondre aux revendications du peuple, d'entamer le travail de réformes et de former un gouvernement de salut sans tarder, formé de spécialistes, et de mettre en œuvre la feuille de route économique du Premier ministre Saad Hariri", a-t-il conclu.
Le mouvement de contestation, qui a débuté le 17 octobre, a mobilisé des centaines de milliers de Libanais toutes communautés confondues au cours des dernières semaines et a réussi à pousser le cabinet de Saad Hariri à démissionner. La formation d’un nouveau gouvernement se fait toutefois attendre.
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Pitié épargnez-nous vos commentaires qui arrivent toujours trop tard. Occupez-vous plutôt des gens qui n’ont plus à manger et qui n’arrivent pas à payer leur mariage ni leur divorce ni la scolarité de leurs enfants. Restez en dehors de la politique et tout ira pour le mieux. À force de culpabiliser vos Zouaves de ne pas suffisamment aimer leur dieu que vous en avez fait des brebis parfois galeuses et des moutons de pâturage pour vous engrosser avec une fois sacrifier. A voir vos agissements depuis des siècles on en arrive à être agnostique. Les milliards que vous recevez vont où? Aux pauvres, au nécessiteux ou aussi dans vos poches et celles de vos proches?
16 h 33, le 11 novembre 2019