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Liban - En toute liberté

Même les peuples ont besoin de rêver !

Les protestataires à Jal el-Dib. Photo Ahmad Azakir

Les soifs de citoyenneté et de justice sont certaines des marques les plus profondes du soulèvement auquel nous assistons. De toutes les réflexions qu’il suscite, celle qui lui affecte pour fonction principale d’être la fin symbolique de la guerre civile est la plus émouvante, la plus vraie, la plus inespérée.

Voilà le peuple libanais, toutes communautés confondues, toutes classes mélangées, faisant l’expérience d’une immense catharsis qui le révèle à lui-même et le libère de la camisole de force qu’on lui avait passée, et qui lui a coûté près de 200 000 morts et disparus, et Dieu sait combien de blessés, de handicapés et de traumatisés à vie, car l’esprit peut l’être autant que le corps, et d’exilés.

Aucun pardon véritable n’a été demandé, aucun accordé, pour cette furie qui a dévasté un Liban pris au piège du jeu des nations. Qu’une génération neuve se secoue et décide de transcender ce traumatisme, dans l’euphorie d’une appartenance nationale transcommunautaire retrouvée, voilà de quoi il s’agit; et il serait impardonnable de s’aveugler sur cet enjeu, au nom de l’économie ou de la sécurité, et de suspendre ce brassage inouï des membres d’un même peuple qui, de défaitiste et prostré, prend ou reprend goût au débat public et se sent pour la première fois maître de son histoire. Il y a là un rêve infiniment précieux qu’il ne faut surtout pas briser. Même les peuples ont besoin de rêver.

Avec le soulèvement du 17 octobre, nous sommes devant le moment fondateur d’une nouvelle prise de conscience citoyenne dans laquelle les Libanais transcendent le mal qu’ils se sont fait, malgré les discours populistes qui voulaient les en empêcher. Une formidable et immense leçon de civisme est en cours, au son des orchestres et au chant de l’hymne national.

« C’est un moment heureux qu’un soulèvement où la souffrance des hommes et des femmes de Tripoli trouve écho chez les fils et filles de Jounieh, Beyrouth, Tyr et d’autres régions. Et réciproquement. La diversité se transforme en fragmentation, quand elle ne se marie pas à la solidarité sociale, quand elle n’a pas comme horizon la dignité de tout être humain, une justice sociale universelle et un développement durable », écrit la Fondation Adyan sur son site.

Citoyenneté et justice

La demande de justice sociale du soulèvement ne peut pas non plus être ignorée, ou même minimisée. Les inégalités ont éclaté au grand jour, sur fond de corruption et d’argent public volé ou dilapidé. Nous sommes en présence d’un sursaut pour une vie plus digne, et les plaintes contre un chômage endémique s’en élèvent régulièrement. Du reste, si les hommes au pouvoir n’étaient pas si myopes, la première chose à faire, la plus frappante, aurait été de titulariser immédiatement les gardes forestiers et autres volontaires de la Défense civile privés de leurs droits par le despotisme d’un groupe qui se croit investi de la mission de « défendre les droits des chrétiens » . Les incendies du début du mois sont encore dans toutes les mémoires ; ils avaient souligné de façon exemplaire la précarité des conditions de vie de certaines catégories sociales. C’est chaque fois elles qu’il faut voir quand des hommes et des femmes édentées s’approchent du micro. L’absence de soins dentaires est emblématique de l’extrême pauvreté. Et si l’on en croit les statistiques, près de 50 000 familles vivraient en dessous du seuil de l’extrême pauvreté, soit de quelques dollars par jour. Certains de leurs visages émaciés et mal rasés sont apparus sur le petit écran. Peut-on oublier aussi la catégorie si vulnérable des handicapés physiques et surtout mentaux, qu’on a réduit à la mendicité en cherchant à réduire leur budget, qui est déjà un budget de misère ? Peut-on oublier la suspension des crédits-logements qui a réduit au désespoir des milliers de jeunes couples sans ressources ? Peut-on oublier la honte de nos prisons où chante le sang de tant de jeunes qui se meurent ?

« Ce qui se passe depuis jeudi dernier 17 octobre au Liban est un des épisodes d’une révolution citoyenne mondiale contre les abus d’un libéralisme sauvage mondialisé, indifférent face aux difficultés quotidiennes et les souffrances des gens », écrit Luc Balbont, un blogueur de L’Œuvre d’Orient.

« C’est aussi ce qui se passe en France avec le mouvement des gilets jaunes qui a éclaté en novembre 2018, mais aussi en Algérie depuis février, et à Bagdad depuis le début du mois d’octobre. Que veulent ces milliers de Libanais, chrétiens, musulmans, druzes ou agnostiques, qui envahissent les rues des villes, du Nord au Sud ? Tout simplement un État de droit, un État citoyen avec des services publics décents : eau, électricité, transports en commun, hôpitaux, routes en bon état, justice sociale, parité, etc. Et qu’est-ce qu’ils ne veulent plus ? Un pays dirigé depuis l’indépendance de 1943 de père en fils par les mêmes familles, qui privilégient leurs intérêts au détriment de ceux de la communauté, en le « confessionnalisant » pour mieux le soumettre. Ils ne veulent plus vivre sous la coupe de petits dictateurs moyenâgeux et cupides.

Comment finir cet article sans rendre hommage aux infatigables porteurs de micro qui sillonnent depuis le 17 octobre le pays pour couvrir ce soulèvement sans précédent dans notre histoire. Il faudrait les nommer un à un et leur remettre des médailles, toutes tendances confondues. Dans leur rôle de miroir et d’amplificateur du soulèvement de la dignité, ils ont fait merveille et sans eux, ce sursaut national se serait peut-être essoufflé. Ils nous réconcilient avec un paysage médiatique chaotique qui, trop longtemps, a fragmenté les Libanais au lieu de les rassembler. En participant aujourd’hui à la prise de parole nationale, ils se rachètent et réparent ce qu’ils contribuaient à détruire : notre unité.

Les soifs de citoyenneté et de justice sont certaines des marques les plus profondes du soulèvement auquel nous assistons. De toutes les réflexions qu’il suscite, celle qui lui affecte pour fonction principale d’être la fin symbolique de la guerre civile est la plus émouvante, la plus vraie, la plus inespérée.Voilà le peuple libanais, toutes communautés confondues, toutes classes...

commentaires (4)

de titulariser immédiatement les gardes forestiers et autres volontaires de la Défense civile privés de leurs droits par le despotisme d’un groupe qui se croit investi de la mission de « défendre les droits des chrétiens » . CHER MR NOUN BEL ARTICLE QUI AURAIT ETE ENCORE PLUS BEAU SI VOUS AVIEZ ENFIN COMPRIS QU'ON PEUT APPELLER LES CHOSES PAR LEUR NOM SANS CRAINTE AUJOURDH'UI ET SANS TABOU Ce n'est pas le depotisme d'un groupe C'EST LE CPL( OSER ENFIN APPELER LES CHOSES PAR LEUR NOM ) CAR LA PAROLE S'EST LIBEREE ET LE TEMPS OU UN BLOGUEUR QUI CRITIQUE CE PARTI ( AVEC A SA TETE UN PYROMANNE AVIDE DE DEVENIR PRESIDENT APRES SON BEAU PERE QUI A PRIVE TOUS LES CANDIDATS QUI ONT REUSSI A LEURS EXAMENS DE DEVENIR FONTIONNAIRE MEME AU PLUS BAS NIVEAU DE L'EMPLOI A CAUSE D'UNE IDEOLOGIE RELIGIEUSE DEPASSEE) SE RETROUVE DEVANT LA SURETE DE L'ETAT. ALORS QUE 10000 NOUVEAUX FONCTIONNAIRES NOMMES POUR DES RAISON ELECTORALES BIEN QUE CONTRE LA LOI RESTENT A LEUR POSTE ET VOUS VOULEZ QUE NOUS CROYONS UN SEUL INSTANT QU'ILS FERONT CETTE FOIS CI CE QU'ILS PROMETTENT POUR TENIR A LEUR CHAISE NON NON NON DANS UN PREMIER TEMPS TOUS DEHORS PUIS APRES ENQUETE ( ET NETTOYAGE DES JUGES AUSSI A LEUR SOLDE ) LES INNOCENTS POURRONT SE REPRESENTER DEVANT LA POPULATION C'EST LA SEULE FACON DE DIRE QUE LE PAYS CHANGERA

LA VERITE

13 h 15, le 25 octobre 2019

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Commentaires (4)

  • de titulariser immédiatement les gardes forestiers et autres volontaires de la Défense civile privés de leurs droits par le despotisme d’un groupe qui se croit investi de la mission de « défendre les droits des chrétiens » . CHER MR NOUN BEL ARTICLE QUI AURAIT ETE ENCORE PLUS BEAU SI VOUS AVIEZ ENFIN COMPRIS QU'ON PEUT APPELLER LES CHOSES PAR LEUR NOM SANS CRAINTE AUJOURDH'UI ET SANS TABOU Ce n'est pas le depotisme d'un groupe C'EST LE CPL( OSER ENFIN APPELER LES CHOSES PAR LEUR NOM ) CAR LA PAROLE S'EST LIBEREE ET LE TEMPS OU UN BLOGUEUR QUI CRITIQUE CE PARTI ( AVEC A SA TETE UN PYROMANNE AVIDE DE DEVENIR PRESIDENT APRES SON BEAU PERE QUI A PRIVE TOUS LES CANDIDATS QUI ONT REUSSI A LEURS EXAMENS DE DEVENIR FONTIONNAIRE MEME AU PLUS BAS NIVEAU DE L'EMPLOI A CAUSE D'UNE IDEOLOGIE RELIGIEUSE DEPASSEE) SE RETROUVE DEVANT LA SURETE DE L'ETAT. ALORS QUE 10000 NOUVEAUX FONCTIONNAIRES NOMMES POUR DES RAISON ELECTORALES BIEN QUE CONTRE LA LOI RESTENT A LEUR POSTE ET VOUS VOULEZ QUE NOUS CROYONS UN SEUL INSTANT QU'ILS FERONT CETTE FOIS CI CE QU'ILS PROMETTENT POUR TENIR A LEUR CHAISE NON NON NON DANS UN PREMIER TEMPS TOUS DEHORS PUIS APRES ENQUETE ( ET NETTOYAGE DES JUGES AUSSI A LEUR SOLDE ) LES INNOCENTS POURRONT SE REPRESENTER DEVANT LA POPULATION C'EST LA SEULE FACON DE DIRE QUE LE PAYS CHANGERA

    LA VERITE

    13 h 15, le 25 octobre 2019

  • LE TEMPS DES REVES EST PASSE. C,EST L,AMERE VERITE QUI SE DEBAT AUJOURD,HUI ET QUI DECIDERA DU FUTUR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 48, le 25 octobre 2019

  • Rêvons , rêvons , mais ne cassons pas les meubles ... Il y a danger . Ça me rappelle une chanson de Jean Sablon : Il ne faut pas briser un rêve , même s'il vous semble un peu fou ! Attention à l'hystérie

    Chucri Abboud

    09 h 47, le 25 octobre 2019

  • Que c’est bien dit, Mr Noun.. Oui, c’est un moment heureux et fondateur d’une nouvelle prise de conscience citoyenne, avec une immense leçon de civisme... Oui, même les peuples ont le droit de rêver... Et c’est là où le bat blesse! Au réveil, la réalité sera bien différente, et quand les nuages de poussière de ce carnaval populaire vont se dissiper, on réalisera que rien n’est encore fait et que la route est encore très longue, semée de beaucoup d'embûches, de déceptions et de souffrances et que ce sera le début du combat de toute une nouvelle génération et qui demandera beaucoup de sacrifices... Au moins, quelque chose d’irréversible est enclenché et aucun retour en arrière à envisager!

    Saliba Nouhad

    03 h 41, le 25 octobre 2019

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