Il était quand même assez hallucinant de voir à quelle vitesse la quasi-totalité de la classe politique s’est déculottée dans un touchant mouvement d’ensemble. Certes, il y a bien eu quelques prouts rageurs lâchés çà et là par les ministres du parti barbu et leurs collègues du jurassique socialiste, mais le résultat était là, et le Premier des futuristes a pu ânonner toute honte bue son parchemin de réformes, le pantalon aux chevilles. C’est fou ce que la trouille peut rendre soudain poli !
Force est de reconnaître que face à l’épreuve, le Mollasson du Sérail tente de prendre quelque consistance. Mais il a affaire à rude partie, avec le Sayyed Barbu qui joue à qui Perse gagne, le Basileus en alibi chrétien, et le Derviche tourneur de Moukhtara qui s’est déjà essuyé les pieds sur le papyrus haririen. Il ne faut pas oublier non plus Istiz Nabeuh, duc de Berry, de Aïn el-Tiné et de leurs dépendances qui n’est pas n’importe qui ! Le fessier bien vissé au fauteuil depuis plus d’un quart de siècle, Bac -6 a déjà vu défiler cinq présidents américains, cinq français, trois chanceliers allemands, deux Dalaï Lama et se prépare à donner l’accolade au prochain roi d’Angleterre…
Autant de mécontents qui sont tous piliers de l’État-Providence, un vieux truc inventé au temps de l’Ancien Testament chéhabiste et consistant, à coups d’embauche et de débauche dans l’administration, à se coltiner des services publics branlants, véritables usines à gaz surchargées de fonctionnaires feignasses et planqués, que de nos impôts nous payons à pantoufler. Bref, fabriquer des culs-de-jatte pour consoler des unijambistes.
Et tout cela pour défendre quoi ? Une Constitution bâclée, probablement torchée au temps du mandat par un officier français de la coloniale complètement bourré, après une virée dans un bouge levantin, puis pétrie de sauce arabe à Taëf, avant d’être signée par les stylos les plus chers du monde aux mains des dirigeants les plus illettrés. Un parchemin vermoulu et en lambeaux, qui ne tient plus que par la ponctuation et devant lequel se prosternent encore les croûtons de cette République de poche.
Avec les heures qui filent et face à cette situation vermoulue allant de déconfiture en capilotade, le Futuroscope surchargé de son équipage de faux-témoins risque d’adopter très rapidement la position très peu sexuelle du démissionnaire.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (9)
Gaby Nasr est incontestablement le meilleur à être capable en si peu de lignes allier réalisme et humour. Vous êtes un artiste qui maitirise l’art de la plume afin de peindre chaque semaine un nouveau tableau sur une situation immutable sans pour autant nous lasser. Merci Gaby pour ces instants de pur bonheur.
Georges Breidy
13 h 44, le 28 octobre 2019