Dans leurs éditions de mardi, les grands titres de la presse libanaise estiment de manière unanime que les réformes et les mesures économiques approuvées la veille par le gouvernement ne sont pas suffisantes pour mettre fin à la colère des centaines de milliers de Libanais rassemblés depuis six jours à Beyrouth et dans les autres régions du pays contre la classe politique.
Pour le quotidien libanais de référence an-Nahar, "les décisions salvatrices n'arrêtent pas l'intifada (révolte)". "La vague d'escalade des mouvements de protestation dans plusieurs régions libanaises n'a pas faibli après la première réponse concrète du pouvoir à cette intifada avec le plan de réformes", écrit le journal.
Interrogé par le quotidien, le président du Parlement, Nabih Berry, a qualifié de "bon" le plan annoncé par le Premier ministre, Saad Hariri. Selon M. Berry, "ce plan doit être mis en œuvre le plus rapidement possible". "Il aurait été mieux que ce plan soit accompagné de réformes politiques, comme la formation de la Commission nationale pour l'abolition du confessionnalisme politique en vue d'un Etat civil, la dernière planche de salut pour le Liban", a-t-il ajouté.
An-Nahar consacre également un article au soulèvement de la rue chiite intitulé "Les chiites libanais d'abord. Nasrallah devant deux choix : Moqtada Sadr ou Souleimani ?", en référence à l'influent leader chiite irakien qui soutient un mouvement contre le gouvernement et la corruption et au commandant de la force d’élite al-Qods, en Iran.
(Lire aussi : Jour VI : la rue libanaise ne décolère pas)
"Le pouvoir s'obstine", titrait de son côté le journal al-Ahkbar, proche du Hezbollah, en publiant à la Une la photo d'une manifestante masquée d'un drapeau libanais, faisant le V de la victoire. "Le pouvoir opiniâtre se prépare à plus de répression et de vol", tranche le directeur de la rédaction du quotidien, Ibrahim el-Amine, dans un article très critique envers le gouvernement. "La question que tout le monde fuit, particulièrement au pouvoir, est de savoir comment élaborer des outils de gouvernement qui puissent convaincre les gens en leur donnant de nouvelles opportunités. Cela requiert un changement dans les mécanismes de travail et des personnes également", écrit M. el-Amine.
Dans un article sur les annonces faites par le gouvernement de Saad Hariri, Mohammad Zbib écrit : "En résumé, et sans prêter attention à l'importance de certaines mesures populaires ou symboliques à l'impact limité, voire insignifiantes, comme la baisse de 50% des salaires des présidents, ministres et députés, anciens et actuels, le plan du gouvernement lui permet d'acheter du temps".
Pour le quotidien al-Joumhouria, "le pouvoir n'obtient pas la confiance". "Pourquoi le pouvoir a-t-il attendu jusqu'à aujourd'hui pour aboutir à cette feuille de route, alors qu'il aurait pu le faire bien avant ?", s'interroge le journal, qui remet en cause la capacité du pouvoir à mettre en œuvre cette feuille de route.
De son côté, le quotidien Nidaa el-Watan revient sur le défilé de motards brandissant des drapeaux du Hezbollah et du mouvement Amal, empêché lundi soir par l'armée d'atteindre le centre-ville de Beyrouth. "Cela dessine une nouvelle image du pays, établissant un nouveau triptyque armée-peuple-révolution", en référence au triptyque "peuple-armée-résistance" que prône le Hezbollah.
Dans un éditorial intitulé "72 heures, et des miracles", la rédactrice en chef du mensuel économique francophone Le Commerce du Levant, Sahar el-Attar, jette un regard ironique sur le plan de réformes annoncé lundi par le gouvernement de Saad Hariri. "La classe politique a passé des mois à expliquer (au citoyen) qu’il devait absolument faire des sacrifices, et que sans nouvelles taxes point de salut…Il faut croire que lorsqu’ils sont menacés, ils sont capables d’une imagination débordante. Ou de mensonges éhontés (...) Mais cette fois, c’est promis, les partis ne vont plus utiliser l’argent de l’Etat pour s’acheter la loyauté de leur communauté", écrit Mme el-Attar.
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Certains devraient relire leurs histoire du liban depuis le 19eme siecle jusqu'a maintenant pour comprendre les fondements inegalitaire de la societé. ainsi il pourront comprendre les commentaires. Ce qui se passe fait chaud au coeur, car meme si les precheurs de haines et de divisions sont toujours present a essayer de nous diviser en sectes et en communautés, ce qui se passe de Tripoli jusqu'a Sour est tout de meme fantastique. Des manifestant se retrouvant dans leurs point communs, leurs amours de la patrie et leurs desirs de se debarrasser du joug de leurs chef de clan respectif, est du jamais vu au Liban. Il y a peux etre 18 communautés mais il n y a qu'un seul peuple. Certains veulent toujours s'attarder sur le mot communautés, les manifestants et le liban nouveau veulent evoluer et se definissent maintenant comme un seul peuple. KELLON YAANE KELLON
15 h 57, le 22 octobre 2019