Le gouvernement libanais a approuvé, lors d’une séance tenue lundi, une série de réformes économiques exigées par la communauté internationale. Les ministres du Parti socialiste progressiste du leader druze Walid Joumblatt s'étaient néanmoins retirés de la réunion, en signe de protestation contre la non adoption de certaines réformes proposées par la formation.
C’est par son timing que ce retrait est important dans la mesure où il a suscité des interrogations autour d’une possible démission du PSP du cabinet dirigé par Saad Hariri, allié traditionnel de Walid Joumblatt.
Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Joumblatt a mis les points sur les i : « Pour le moment, je ne quitte pas le gouvernement. Je continuerai à mener la bataille des réformes de l’intérieur du cabinet ». « Les réformes approuvées par le gouvernement ne sont pas radicales », regrette toutefois le leader druze. Et de souligner que « le seul moyen de répondre aux demandes populaires, c’est d’opter pour des législatives anticipées conformément à une loi électorale non confessionnelle ».
Vendredi, Walid Joumblatt avait appelé à la démission du cabinet. Tout comme Samir Geagea, chef des Forces libanaises dont les ministres ont démissionné du gouvernement.
Plus tôt dans la journée, le ministre libanais de l'Industrie, Waël Bou Faour, affilié à la formation du leader druze, avait déclaré que sa formation est insatisfaite des réformes et des mesures approuvées en Conseil des ministres. "Ce qui s'est passé aujourd'hui en Conseil des ministres, c'est la confrontation entre deux logiques de réformes", avait déclaré M. Bou Faour dans une conférence de presse. Il avait précisé que les ministres affiliés au PSP "ont quitté la séance du Conseil des ministres, mais pas le gouvernement". "Nous somme sortis car certaines de nos remarques n'ont pas été prises en considération", a souligné le ministre de l'industrie.
Les réformes approuvées prévoient notamment de réduire de moitié les salaires des présidents, des ministres et des parlementaires, en exercice ou honoraires, et de baisser divers avantages accordés aux hauts fonctionnaires. Le ministère de l'Information et d'autres institutions publiques seront purement et simplement supprimés et certaines seront fusionnées, a ajouté le Premier ministre. Le gouvernement va aussi accélérer la délivrance de licences pour construire de nouvelles centrales électriques, un moyen de répondre à la crise de ce secteur coûteux et défaillant qui pèse particulièrement sur les finances publiques. Les banques privées vont parallèlement contribuer à la réduction du déficit budgétaire à hauteur de 5.100 milliards de livres libanaises (3,03 milliards d'euros), par le biais notamment d'une taxe sur les bénéfices. Le projet de budget adopté en Conseil des ministres prévoit un déficit de 0,6% en 2020, a précisé Saad Hariri.
Par ailleurs, le Premier ministre a annoncé un budget 2020 avec un déficit de seulement 0,6%, sans mise en place de nouveaux impôts. M. Hariri a également annoncé le début d'un travail sur une loi sur le recouvrement de l'argent volé, précisant que des avocats indépendants pourraient y contribuer, la création d'un comité nationale de lutte contre la corruption et la mise en place de scanners sur les points de passage frontaliers, ajoutant qu'un "conseiller financier" sera missionné pour examiner le secteur des télécoms.
Cette réunion gouvernementale a été organisée alors que le délai accordé par M. Hariri à la coalition gouvernementale pour se mettre d'accord sur ces "réformes radicales" était arrivé à son terme et alors que des centaines de milliers de Libanais ne décolèrent pas contre la classe politique jugée corrompue et incapable de trouver des solutions à la grave crise économique et sociale qui perdure. Après le discours de M. Hariri, les manifestants affluant dans tout le Liban depuis jeudi soir ont continué de crier leur colère face à une classe politique accusée d'avoir laissé couler le pays. Vendredi, le Premier ministre avait laissé entendre qu'en l'absence de compromis sur un plan de sauvetage, le cabinet pourrait démissionner, répondant à une des revendications lancées par les manifestants.
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commentaires (3)
LA OU EN SONT LES CHOSES LE CAMELEONISME NE SAUVE PAS. IL FAUT CHOISIR LE PEUPLE OU L,ABRUTISSEMENT DES CORROMPUS INCOMPETENTS DONT VOUS FAITES PARTIE.
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 55, le 22 octobre 2019