Le Premier ministre libanais Saad Hariri aurait finalisé dimanche soir son initiative comprenant une série de réformes économiques, après avoir lancé un ultimatum de 72h (expirant demain) aux membres de son gouvernement pour avaliser ces réformes, dans une tentative de réponse aux manifestations qui secouent tout le pays pour le quatrième jour consécutif.
Selon plusieurs médias locaux, un Conseil des ministres est prévu lundi.
Selon des sources officielles citées par l'agence Reuters, ce plan, dont l'objectif est d'élaborer un budget 2020 à l'équilibre comme le réclame la communauté internationale, comprend notamment une réduction de 50% des salaires des responsables officiels, actuels et anciens, une contribution de 3,3 milliards de dollars des banques, la privatisation du secteur des télécoms et une refonte du secteur de l'électricité. Enfin, la mise en place "rapidement" d'instances de régulation et de transparence pour superviser ces réformes. Selon ces sources, le budget 2020 ne prévoira pas de nouvelles taxes ou impositions.Dans l'après-midi, une réunion élargie s'était tenue à la Maison du Centre, rassemblant Saad Hariri, les ministres des différents partis de la coalition gouvernementale (mouvement Amal, Hezbollah, Marada et Courant patriotique libre) et des conseillers du Premier ministre, en l'absence notable des responsables du Parti socialiste progressiste. Le PSP du leader druze Walid Joumblatt a néanmoins transmis plusieurs remarques au Premier ministre au sujet de son initiative, et lui a envoyé sa propre feuille de route économique. Une délégation du PSP a ensuite présenté ses remarques au conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah, Hussein Khalil.
Les quatre ministres FL n'ont pas participé à ces concertations, Samir Geagea ayant annoncé leur démission samedi soir.
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Le PSP reste au gouvernement
Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Industrie, Waël Bou Faour, affilié au PSP, a indiqué que les ministres du parti joumblattiste resteront au gouvernement "temporairement et sous conditions". "Nous savons que nous allons faire face à des critiques de la part des manifestants, mais nous devons les endurer et nous soutenir les uns les autres dans cette situation exceptionnelle dans laquelle le dialogue est essentiel, quel qu’en soit le prix", a déclaré M. Joumblatt
La veille, Saad Hariri avait convoqué les chefs des groupes politiques faisant partie du gouvernement à se réunir pour des concertations au Grand Sérail autour d'une initiative comprenant une série de réformes. Mais la réponse du chef des Forces libanaises à cette initiative avait été annoncée peu avant minuit dans la nuit de samedi à dimanche : "Nous sommes convaincus que ce gouvernement est incapable de trouver des solutions". Samir Geagea avait alors annoncé que son groupe parlementaire "a décidé de demander à ses ministres de démissionner du gouvernement".
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"Assez de personnes compétentes pour cent gouvernement"
Dans ce contexte, M. Geagea a estimé dimanche, dans un entretien télévisé sur la télévision "Al-Jadeed", que "si le gouvernement ne démissionne pas, ce serait une grave erreur". Il a souligné "attendre que les ministres du Parti socialiste progressiste (du leader druze Walid Joumblatt) présente également leur démission". "Le gouvernement a entre les mains la meilleure feuille de route économique possible mais ils n'arriveront à rien", a-t-il déclaré, appelant à la formation d'un cabinet de technocrates "neutre" par rapport à la majorité ministérielle et législative actuelle.
Vendredi, le Premier ministre avait donné jusqu'à lundi à ses partenaires au gouvernement pour trouver une solution à cette crise, faute de quoi il "agirait différemment", en référence à une éventuelle démission de son cabinet. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait de son côté affirmé que le parti chiite n'était pas en faveur d'un départ du gouvernement.
Le Bloc national a, pour sa part estimé dans un communiqué publié dans la journée que "le Liban comprend assez d'experts et de personnes, hommes et femmes, qui ont les compétences et la patriotisme nécessaires, pour former cent gouvernements pouvant sauver le pays".
Des dizaines de milliers de Libanais manifestent depuis quatre jours à travers tout le pays contre les responsables politiques et la crise économique. Les manifestants ont envahi les rues du pays jeudi soir après la décision du gouvernement de taxer les appels effectués via les applications de messagerie instantanée comme WhatsApp. Une mesure aussitôt annulée sous la pression de la rue, mais les Libanais ont poursuivi leur mouvement. Alors que plus du quart de la population libanaise vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale, la classe politique, quasi inchangée depuis la guerre civile (1975-1990), est accusée d'affairisme dans un pays aux infrastructures en déliquescence - pénurie chronique d'électricité et d'eau potable - et où la vie est chère. Un pays dont la dette publique culmine en outre à plus de 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.
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commentaires (5)
Depuis cinquante ans la Syrie ne nous a fait que du mal Imaginez que le Syrien vient à Masnaa avec sa livre fatiguée,la convertit en livres Libanaises et achète tout ce que nous payons nous en devises Comment peut on tenir si nous payons pour deux peuples sans compter ceux qui maintenant sont nourris chez nous La corruption est à anéantir mais avec une condition la fermeture des frontières monétaires et même notre marchandise peut avec le patriotisme de Monsieur Saadé de CMA CGM être évacué vers les pays demandeurs de produits Libanais .Point Final
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21 h 34, le 20 octobre 2019